WALL-E : la critique du film (2008)

Animation, Science-fiction | 1h38min
Note de la rédaction :
8/10
8
Wall-E affiche originale française

  • Réalisateur : Andrew Stanton
  • Date de sortie: 30 Juil 2008
  • Nationalité : Américain
  • Distributeur : Walt Disney Studio Motion Picture France
  • Éditeur vidéo : Disney - Pixar
  • Date de sortie vidéo : 30 janvier 2009
  • Box-office France / Paris-périphérie : 3 261 002 entrées / 704 107 entrées
  • Box-office USA : 223 800 000$
  • Récompenses : Oscar du Meilleur Film d'animation (2009), Golden Globe du Meilleur film d'animation (2009), BAFTA du Meilleur Film d'animation...
Note des spectateurs :

WALL-E est un Pixar déroutant, fascinant dans son style, mais souvent anti-commercial, considéré comme un OVNI au sein des blockbusters d’animation hollywoodiens.

Synopsis :  Faites la connaissance de WALL-E (prononcez “Walli”) : WALL-E est le dernier être sur Terre et s’avère être un… petit robot ! 700 ans plus tôt, l’humanité a déserté notre planète laissant à cette incroyable petite machine le soin de nettoyer la Terre. Mais au bout de ces longues années, WALL-E a développé un petit défaut technique : une forte personnalité. Extrêmement curieux, très indiscret, il est surtout un peu trop seul…

Cependant, sa vie s’apprête à être bouleversée avec l’arrivée d’une petite “robote”, bien carénée et prénommée EVE. Tombant instantanément et éperdument amoureux d’elle, WALL-E va tout mettre en œuvre pour la séduire. Et lorsqu’EVE est rappelée dans l’espace pour y terminer sa mission, WALL-E n’hésite pas un seul instant : il se lance à sa poursuite… Hors de question pour lui de laisser passer le seul amour de sa vie… Pour être à ses côtés, il est prêt à aller au bout de l’univers et vivre la plus fantastique des aventures !

WALL-E ou de l’art d’être un robot muet

Critique : Difficile de prendre la succession de Ratatouille, le plus gros succès de 2007 sur notre territoire (8 millions d’entrées), chef d’œuvre de subtilité graphique et comique qui avait enchanté la planète et même remporté l’Oscar du meilleur film d’animation. Surtout lorsqu’on est un petit robot rouillé, muet (ou presque), livré à lui-même, dans une solitude à peine masquée par la présence amicale d’un cafard coriace.

Ce robot, c’est WALL-E, une créature métallique insolite dans le panorama de l’animation qui a la lourde tâche de rassurer les actionnaires de Disney après le semi-échec de Narnia 2 (franchise dont le studio se débarrassera fissa), né de l’imaginaire du studio légendaire Pixar et en particulier de l’imagination de Pete Docter (Monstres et CieLà-haut et Vice-versa) et du réalisateur Andrew Stanton (Le monde de Nemo). Rassurer les pontes du studio avant la sortie mondiale du film n’a pas dû être aisé en raison du caractère anticonformiste de cette production qui s’est avérée être la plus risquée des 9 premiers longs produits par le société de John Lasseter, achetée trois ans auparavant par le géant américain.

Une dystopie écologique dans l’air du temps

WALL-E, réussite artistique indéniable, démarre de manière sombre, sur une Terre désolée, où l’humanité a disparu. En toile de fond, des paysages dévastés, aux réminiscences de Final Fantasy, avec des technologies plus pointues qui rendent l’expérience visuelle immense. Notre robot, cubique, et réellement craquant, erre et exécute le labeur pour lequel il a été programmé : se débarrasser des déchets qui ont envahi le monde et les recycler, à l’infini et au-delà. Pas une mince affaire au vu du caractère morne de l’environnement, victime de la surconsommation jusqu’à l’extinction de l’espèce humaine. Une variante écologique du mythe de Sisyphe, en quelque sorte, fascinante pour les adultes, mais sûrement déroutante pour les enfants, confronté au caractère mélancolique d’une première partie qui détonne dans l’univers toujours riche en gags du studio de John Lasseter.

Dans les coulisses de la science-fiction, une romance

L’arrivée d’EVE, « robotte » salvatrice en mission sur Terre, descendue de l’au-delà céleste, déclenche un tourbillon d’émotions chez notre nouveau chouchou animé, soudainement amoureux du minois immaculé de cette technologie de pointe à caractère extra-terrestre. Tiraillé entre son désir de rompre avec sa condition de robot solitaire, sa timidité maladive d’amoureux transi et sa crainte face à la vivacité explosive, voire agressive, de la nouvelle Eve, il fond littéralement sous nos yeux, animé par une sensibilité à fleur de peau. Sa vieille carcasse devient ainsi le parangon d’une personnification réussie où chacune de ses expressions métalliques lui donne chair et l’humanise. WALL-E devient alors une romance, irréelle de par les traits de ses protagonistes, son cadre poussiéreux et l’absence de dialogues, qui la caractérise. Une sorte de passion contemplative naît sous nos yeux, alors que les références cinématographiques et musicales (notamment la version irrésistible de La vie en rose par Louis Armstrong) éloignent un peu plus cette production de son jeune public contemporain.

Humour et action, la deuxième partie essaie de ranimer le blockbuster expérimental

Dans la deuxième moitié du film, l’échappée spatiale sort néanmoins le spectateur de cette contemplation que certains pourraient qualifier, au choix, d’hypnotique ou d’ennuyeuse (une impression insolite chez Pixar qui ne nous avait jamais ennuyé jusqu’ici). WALL-E poursuit sa bien-aimée jusqu’à l’autre bout de l’univers où il va découvrir le secret de la désertion de l’humanité, loin de la Terre. Cette partie, plus chargée en gags, en dialogues, et surtout en personnages (humains comme robots), devient un grand espace foutraque, où Pixar récupère habilement les plus jeunes des spectateurs et les endormis du rythme, poursuivant son message écolo et les allusions à un 7ème art mythique (2001, l’odyssée de l’espace , Titanic). Evidemment, cette parade peut faire l’effet d’une gueule de bois, après l’ivresse poétique des premiers instants. Sa débauche d’éléments visuels, sa déferlante d’humour et l’intrusion grassouillette des humains rompent avec le bonheur éthylique dans une volonté plus consensuelle de plaire à tout le monde, ou presque. En effet, jamais (ou presque) un message anticonsumériste d’une telle envergure n’avait été déployé dans une œuvre de studio.

Forcément, une semi-déception au box-office

Avec 223M$ aux USA, WALL-E a su faire mieux que le rat de Ratouille (206M$), qui était peut-être trop français, mais beaucoup moins que le premiers Cars (244M$), et surtout moins que Le monde de Nemo (339M) et Les Indestructibles (261M$). L’audace a payé, mais pas de quoi réitérer par la suite pareille direction artistique. En effet, les recettes restent tout de même un peu basses pour un  blockbuster d’été estampiller Pixar  et le reste du monde saura le rappeler aux oreilles des patrons du studio, dont Lasseter qui ne réalisera plus que des Cars pour gonfler les ventes de jouets. C’est en France où la décroissance sera la plus spectaculaire, puisque, avec 3 261 000 boulons, le robot a perdu quatre millions d’enthousiastes depuis la sortie irrésistible de Ratatouille, qui avait atteint les 7 800 000 ratons. Comme quoi, entre art et divertissement, l’unanimité commerciale n’était pas possible.

Peu rancunier à l’égard du réalisateur Andrew Stanton, qui venait quand même de réaliser Le monde de Nemo, et qui avait co-écrit les Toy Story et Monstres et Cie, Disney et Lasseter le laissèrent partir vers sa seule incursion live sur le grand écran avec John Carter. Un échec épique qui est encore une autre histoire.

Critique : Frédéric Mignard

Les Films Pixar

 

Wall-E affiche originale française

Copyrights : Disney / Pixar

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