Vice-versa 2 s’impose comme une suite très réussie, intelligente et sensible qui devrait plaire au plus grand nombre. Et pourquoi pas permettre aux parents de discuter de manière constructive de la puberté avec leur progéniture.
Synopsis : Fraichement diplômée, Riley est désormais une adolescente, ce qui n’est pas sans déclencher un chamboulement majeur au sein du quartier général qui doit faire face à quelque chose d’inattendu : l’arrivée de nouvelles émotions ! Joie, Tristesse, Colère, Peur et Dégoût – qui ont longtemps fonctionné avec succès – ne savent pas trop comment réagir lorsqu’Anxiété débarque. Et il semble qu’elle ne soit pas la seule…
Une suite directe du précédent volet
Critique : Cela fait maintenant presque dix ans que Vice-versa (Ronnie del Carmen et Pete Docter, 2015) a prouvé que Pixar avait encore de la ressource et ne se contentait pas seulement d’exploiter son vieux catalogue en multipliant les suites. Depuis, le studio nous as beaucoup déçu avec des films nettement moins réussis (En avant, Buzz l’éclair ou encore le plus récent Elémentaire), même si quelques œuvres ont pu faire le job (Soul, Luca).
Avec Vice-versa 2, le studio s’attaque donc à l’un de ses derniers chefs d’œuvre, avec le risque d’abîmer le métrage d’origine par une suite indigne de son prédécesseur. En faisant appel à Kelsey Mann pour écrire et diriger ce nouvel opus, les craintes étaient légitimes puisqu’il fut le scénariste principal du Voyage d’Arlo (Peter Sohn, 2015) qui demeure l’un des moins bons films de la firme. Pourtant, cette fois-ci, Kelsey Mann a su s’entourer de la scénariste Meg LeFauve qui était à l’origine du premier volet avec Pete Docter.
Comment faire face à la puberté et ses chamboulements ?
Ainsi, Vice-versa 2 reprend exactement où le film précédent s’est interrompu et développe cette fois-ci l’épisode très compliqué de la puberté chez la petite Riley. Dans le quartier cérébral où le bouton puberté apparaissait en toute fin du premier volet, c’est la catastrophe puisque les émotions primaires qui dictaient ses comportements à la petite Riley sont concurrencés par des nouveaux arrivants. Les auteurs nous invitent donc dans cette suite à faire la connaissance d’Envie, d’Ennui, d’Embarras et surtout d’Anxiété qui devient l’émotion la plus prégnante de ce second épisode.
Alors que Riley est invitée à une sélection importante lui permettant d’intégrer une grande équipe de hockey sur glace (qui lui donnerait ainsi une bourse d’études puisque nous sommes aux Etats-Unis), celle-ci est parcourue de sentiments contradictoires qui vont mettre sens dessus dessous le quartier cérébral où se tiennent les émotions. Riley se trouve à l’heure des grands choix : doit-elle sacrifier ses amies d’enfance afin de mieux s’intégrer à un nouveau groupe ? Doit-elle continuer à être elle-même ou abandonner définitivement sa naïveté d’enfant ? On notera au passage que le long métrage passe volontairement sous silence la naissance de la sexualité afin de pouvoir rester accessible aux plus petits.
Vice-versa 2 ou l’art d’expliquer la complexité de tout être humain aux enfants
Pour autant, si le très jeune public pourra toujours s’amuser des péripéties des petites émotions, souvent cocasses ou drolatiques, on peut douter de la compréhension globale d’une œuvre qui s’adresse avant tout aux adolescents et aux adultes. Ainsi, le métrage tente d’expliquer de manière poétique et sensible la naissance d’un individu complexe. Effectivement, l’apport considérable du film vient de sa capacité à ne pas résumer un être humain à un rapport binaire entre bien et mal. A l’intérieur de Riley, une bataille se livre entre forces positives et négatives, mais aucune ne peut vraiment l’emporter puisque chacun d’entre nous est un subtil cocktail de sentiments contradictoires.
De manière très fine, Vice-versa 2 entend donc complexifier la donne en démontrant que tout être humain est la somme de ses expériences, dans l’amitié comme dans la trahison, dans l’altruisme comme l’égoïsme et ainsi de suite. Parmi les nouveaux personnages, Anxiété est de loin le plus intéressant puisqu’il pense bien faire, mais finit par provoquer une crise interne destructrice pour la psyché de Riley. Si le long métrage est encore en capacité d’émouvoir, les gags ne sont pas absents, avec un goût certain pour l’absurde, notamment lorsque les émotions du premier film s’enfoncent assez loin dans la mémoire de Riley. Là, les auteurs reprennent des idées du premier film en mélangeant notamment les types d’animation ou en faisant intervenir des protagonistes originaux comme la banane-outil qui nous as bien fait rire.
Le succès assuré de l’été
Très efficace, Vice-versa 2 est donc plutôt une bonne surprise car respectueux du premier opus qu’il prolonge agréablement. Certes, la surprise n’est plus de la partie et certains éléments jouent clairement la redite, mais cela n’empêche nullement d’apprécier à sa juste valeur ce divertissement familial de bonne facture qui ne prend jamais le spectateur pour un imbécile. Son démarrage tonitruant au box-office, que ce soit aux Etats-Unis ou en France, pourrait en faire l’un des gros succès de l’été 2024, et pourquoi pas de l’année.
Critique de Virgile Dumez
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Les films Pixar, La puberté au cinéma, L’adolescence au cinéma, Les succès de 2024