Vacances à Venise : la critique du film (1955)

Comédie dramatique, Romance | 1h39min
Note de la rédaction :
5.5/10
5.5
Affiche reprise 2020 de Vacances à Venise (Summertime)

  • Réalisateur : David Lean
  • Acteurs : Isa Miranda, Katharine Hepburn, Rossano Brazzi, Darren McGavin
  • Date de sortie: 28 Oct 1955
  • Nationalité : Américain, Britannique
  • Titre original : Summertime
  • Titres alternatifs : Summertime (Vacances à Venise), titre DVD Carlotta, en 2011
  • Année de production : 1954
  • Scénariste(s) : David Lean, H.E. Bates, Donald Ogden Stewart (non crédité), d’après la pièce de Arthur Laurents
  • Directeur de la photographie : Alessandro Cicognini
  • Compositeur : Jack Hildyard
  • Société(s) de production : Lopert Films, London Film Productions (non crédité)
  • Distributeur (1e sortie) Les Artistes Associés
  • Distributeur (reprise) : Les Acacias (2016, 2020)
  • Dates de reprise : 13 juillet 2016, 2 septembre 2020
  • Editeur(s) vidéo : Carlotta
  • Date de sortie vidéo : 6 juillet 2011
  • Box-office France / Paris Périphérie : 5 242 entrées (2016)
  • Box-office nord-américain :
  • Formats : 1.85 : 1 / Couleurs (Technicolor) / Mono (Western Electric Recording)
  • Illustrateur / Création graphique : Alain Baron
  • Classification : Tous publics
  • Festivals et récompenses : Oscars 1956, 2 nominations (Meilleure actrice, Meilleur réalisateur), BAFTA 1956 (Meilleur film, Meilleur actrice étrangère)
  • Crédits : Summertime (1955) Sous licence exclusive de Janus Films © Lopert Films Incorporated. Tous droits réservés
Note des spectateurs :

Le saviez-vous

Sorti le 26 octobre 1955 à Paris, Vacances à Venise était proposé pour sa première exclusivité parisienne dans trois cinémas, au Rex, au Normandie et au Moulin Rouge, soit un total de 6 624 places. Il réunit 63 585 entrées en première semaine, dont 22 238 entrées au Normandie, et 29 614 entrées au Rex. Il entre en 3e position de la semaine, derrière Chiens perdus sans collier (74 989 entrées), film de Jean Delannoy avec Jean Gabin, et Quatre jours à Paris (64 718 entrées), une comédie musicale avec Louis Mariano. Il connaîtra une deuxième exclusivité mi-décembre, au Miramar et au Mistral.

Vacances à Venise est un film carte postale qui se perd dans le pittoresque au lieu de sonder les blessures d’un personnage féminin rongé par les névroses de la solitude, magnifiquement interprété par Katharine Hepburn.

Synopsis : Jane Hudson, modeste secrétaire américaine, a choisi de passer ses premières vacances européennes à Venise. Célibataire d’âge mûr, cette vieille fille un peu guindée espère dans son for intérieur rencontrer l’amour au sein de cette ville de rêve. Elle s’installe dans une pension tenue par la signora Fiorini, et rencontre l’espiègle gamin Mauro qui lui fait découvrir la cité des Doges sous un jour un peu moins touristique. Mélancolique, la vision de multiples couples d’amoureux à tous les coins de rue la rend encore plus esseulée. A la terrasse d’un des cafés de la place Saint-Marc où elle s’est attablée, un bel Italien aux tempes argentées la remarque et commence à lui faire une cour assidue. Il s’agit d’un antiquaire du nom de Renato. D’abord réticente, Jane va finir par succomber à ses charmes et à s’éprendre de lui avec exaltation…

Rossano Brazzi et Katharine Hepburn dans Vacances à Venise (Summertime)

Summertime (1955) Sous licence exclusive de Janus Films © Lopert Films Incorporated. Tous droits réservés

Un David Lean méconnu à juste titre

Critique : Summertime n’est pas un incontournable dans la filmographie de David Lean. Si le cinéaste avoua un faible pour cette romance vénitienne et qu’elle ressort aujourd’hui en salle avec les allures de classique, on peut se montrer dubitatif quant à sa fascination fleur bleue pour la Cité des Doges, qu’il filme inlassablement, voire amoureusement, pour ne garder à l’écran qu’un aspect figé, embourbé dans une couleur trop appuyée de carte postale.

Deux Hepburn sur la même gondole

Après les délicieuses Vacances romaines en 1954, voici donc Les vacances à Venise (titre français d’origine). Le premier, signé par William Wyler, culminait à plus de 4 millions d’entrées quand le second plafonnait légèrement au-dessus du million. Un score décevant, donc. Pourtant, dans les deux films, on retrouvait en haut de l’affiche deux Hepburn, Audrey pour Rome, Katharine pour Venise… La comparaison s’arrête-là. La délicieuse romance de Wyler resplendissait de fraîcheur et de facétie, Summertime peine à trouver son rythme, traînant systématiquement derrière lui le poids des plans vénitiens souvent monumentaux. Comme si l’intérêt devait être touristique et non cinématographique.

Certes, David Lean était britannique, mais toute la cinégénie de Venise se retrouve atrophiée par une vision très américaine de la découverte de l’Europe, avec tous les poncifs qui accompagnent ce type de pérégrination (comme l’illustre l’insupportable couple d’Américains qu’Hepburn rencontre sur le chemin de son hôtel).

Katharine Hepburn dans Vacances à Venise (Summertime)

Summertime (1955) Sous licence exclusive de Janus Films © Lopert Films Incorporated. Tous droits réservés

Une psychologie peu approfondie

Pourtant, tout n’est pas condamnable dans cette romance datée. David Lean qui redécouvre les joies du filmage en couleurs fait montre d’un sens du cadrage remarquable et l’on est convaincu par le couple que forment Katharine Hepburn et Rossano Brazzi. L’actrice américaine, nommée à l’Oscar pour son rôle, incarne un personnage de femme vieillissante résignée à la solitude, mais dont la souffrance et les frustrations sont palpables. Face à un latin lover qui s’avoue marié, elle doit remettre en cause ses préjugés et son éducation puritaine pour laisser le bonheur s’éprendre d’elle. Il est toutefois dommage que cette orientation arrive tardivement dans le métrage, puisqu’il est à ce moment-là déjà temps de les quitter.

David Lean déjà trop académique

Après cette escale romantique qui lui vaut une nomination comme Meilleur réalisateur aux Oscars, en 1956, David Lean, actif depuis déjà treize ans derrière sa caméra, passa à la vitesse supérieure. Suivra le romanesque épique qui fit de lui l’une des figures commerciales les plus importantes des années 50-70, avec les triomphes de Lawrence d’Arabie, Le docteur Jivago et La fille de Ryan. Il n’en deviendra pas pour autant le plus aimé des auteurs du 20e siècle, du moins par la critique qui a toujours su remettre en cause son académisme ronflant. Avis ici partagé.

Sorties de la semaine du 2 Septembre 2020

Affiche reprise 2020 de Vacances à Venise (Summertime)

Summertime (1955) Sous licence exclusive de Janus Films © Lopert Films Incorporated. Tous droits réservés

LE DVD

Le DVD Carlotta de 2011 était de bonne facture, malgré un vide au niveau des suppléments.

Summertime DVD Carlotta

Summertime (1955) Sous licence exclusive de Janus Films © Lopert Films Incorporated. Tous droits réservés

Compléments : 0.5 / 5

Une préface de Pierre Berthomieu vient replacer Summertime dans la carrière du cinéaste. Même si cela dure 8mn, on n’apprend pas grand-chose.

L’image :  4 / 5

La copie est luxuriante, elle regorge de couleurs pour coller à la volonté très carte postale du réalisateur. Ce nouveau master restauré en HD est splendide !

Le son : 3/ 5

Très bon travail de restauration sonore. La VF (mono DD) jouit d’un doublage correct, mais subit à deux reprises des trous qui ont été comblés par de brefs instants en VO.
La piste en version originale est pour sa part nettement supérieure. Toujours proposé en Mono Dolby Digital, elle s’avère plus naturelle et ainsi plus proche des troubles vécus par Katharine Hepburn, dont l’élégante voix est un atout précieux.

Frédéric Mignard

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Affiche reprise 2020 de Vacances à Venise (Summertime)

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