Considérée comme l’une des meilleures actrices du cinéma américain de l’âge d’or, sinon la meilleure, Katharine Hepburn est lauréate de quatre Oscars et a tourné avec les plus grands, de Cukor à Mankiewicz en passant par Hawks et Huston.
Katharine Hepburn, la grande dame de l’âge d’or hollywoodien
Katharine Hepburn débute au théâtre en 1928. Ses succès à Broadway la mènent à Hollywood, où elle devient très vite une star de la RKO. George Cukor lui donne ses premiers grands rôles dans Héritage (1932) et Les quatre filles du docteur March (1933), qui mettent en avant sa grâce androgyne. Son tempérament explose dans le drame romanesque Morning Glory (1935) de Lowell Sherman, qui lui vaut son premier Oscar de la meilleure actrice, avant qu’elle ne soit nommée dans la même catégorie pour Désirs secrets (1935) de George Stevens. Mais c’est dans la comédie que va régner Katharine Hepburn, imposant un jeu moderne et campant des personnages de jeunes filles ou jeunes femmes indépendantes et émancipées, y compris dans leur quête du grand amour.
Sobre et expressive à la fois, elle est travestie en jeune homme dans Sylvia Scarlett (1935) de Cukor, rêve à une carrière de comédienne dans Pension d’artistes (1937) de Gregory La Cava, décoince Cary Grant dans L’impossible Monsieur Bébé (1938) de Howard Hawks, et joue les héritières pimbêches dans Indiscrétions (1938) de Cukor, pour lequel elle est encore nommée à l’Oscar. Elle tient aussi d’autres registres, avec le rôle-titre de Marie Stuart (1936) pour John Ford, ou le mélodrame Le rebelle de Mark Sandrich, la même année. Mais c’est encore dans l’humour qu’elle se distingue avec Vacances (1938) de Cukor ou La femme de l’année (1942) de Stevens, dont elle partage l’affiche avec Spencer Tracy, l’homme de sa vie, et pour lequel elle est encore citée aux Oscars. Les deux monstres sacrés sont réunis à nouveau dans L’antifasciste La flamme sacrée (1942) de Cukor.
Une carrière partagée entre la comédie et le drame
Dès lors, Hebpurn, qui avait quitté la RKO pour la MGM en 1940, se partage entre le drame et la comédie sophistiquée. Elle s’intègre avec bonheur dans l’ambiance du film noir avec Lame de fond (1946) de Vincente Minnelli, retrouve Spencer Tracy dans L’enjeu (1948) de Frank Capra, et ces deux sommets de la comédie américaine que constituent Madame porte la culotte (1949) et Mademoiselle Gagne-Tout (1952) de Cukor, une autre nomination à l’Oscar la distinguant pour ce dernier film. L’actrice sera également nommée pour quatre autres longs métrages de ces années 50. Vieille fille aigrie confrontée à Bogart dans L’odyssée de l’African Queen (1951) de John Huston, elle défie une communauté patriarcale dans le western Le faiseur de pluie (1956) de Joseph Anthony, campe une épouse contrariée dans Vacances à Venise (1955) de David Lean, et cherche des proies pour son fils homosexuel dans Soudain l’été dernier (1959) de Joseph L. Mankiewicz.
À partir des années 60, Katharine Hepburn se consacre davantage à la scène, mais ses plus rares rôles au cinéma sont toujours remarqués. Elle gagne le prix d’interprétation féminine à Cannes en morphinomane dans Long voyage vers la nuit (1962) de Sidney Lumet, pour lequel elle est également nommée à l’Oscar de la meilleure actrice. Et la prestigieuse statuette hollywoodienne lui est encore octroyée pour trois autres interprétations : la bourgeoise progressiste découvrant que son futur gendre est noir dans Devine qui vient dîner (1967) de Stanley Kramer, Aliénor d’Aquitaine dans Le lion en hiver (1968) d’Anthony Harvey, et la vieille compagne de Henry Fonda dans l’académique La maison du lac (1982) de Mark Rydell. Katharine Hepbun, également active à la télévision, tourne son dernier film en 1994. Cette légende hollywoodienne s’éteint neuf ans plus tard.