Rossano Brazzi est l’un des premiers latin lovers du cinéma italien. Une star des années 50 et 60 à la carrière internationale, bien avant la reconnaissance de Marcello Mastroianni, mais après Rudolph Valentino.
Le comte aux pieds nus
Si son plus grand rôle demeure celui du comte impuissant, époux du personnage d’Ava Gardner dans La comtesse aux pieds nus, chef-d’œuvre de Joseph L. Mankiewicz, avec également Humphrey Bogart, il a joué dans d’innombrables classiques comme L’aigle noir de Riccardo Freda, qui l’impose en 1947.
Plus de 70 films sortis en France
Issu du théâtre et du cinéma fasciste, Rossano Brazzi démarre sa carrière au cinéma pendant la guerre. De 1940 à sa mort en 1994, à l’âge de 77 ans, il est vu dans plus de 70 longs métrages sur le sol français.
Des succès en pagaille
Il multiplie très vite les succès, comme Le diable blanc de Nunzio Malasomma (1947), La grande Aurore de Giuseppe Maria Scotese (1949), Furia de Goffredo Alessandrini (1947) et Le rouge et le noir de Gennaro Righelli (1950). En 1950, on le voit également face à Anna Magnani dans Vulcano de William Dieterle.
Une carrière américaine et internationale
Aux USA, sa longue carrière est notamment marquée par le succès des Quatre filles du docteur March de Mervyn Leroy, avec Elizabeth Taylor et June Allyson (1949). Rossano Brazzi ne cessera d’alterner les rôles entre l’Italie et les Etats-Unis.
Il entre en contrat pour la Fox pour qui il tournera notamment La fontaine des amours (1954) et Un certain sourire de Jean Negulesco (1958), South Pacific de Joshua Logan (1958).
Pour Universal, il retrouve June Allyson dans Les amants de Salzbourg, de Douglas Sirk. Pour Les Artistes Associés, il joue face à Katherine Hepburn dans Vacances à Venise de David Lean, ou dans La cité disparue de Henry Hathaway, face à John Wayne et Sophia Loren.
Après Austerlitz, la carrière de Rossano Brazzi décline
Rossano Brazzi tourne également de très nombreux films en France, comme Austerlitz d’Abel Gance, une superproduction prestigieuse. Désormais âgé de plus 50 ans, il voit sa carrière décliner avec des rôles moins marquants. En 1968, il tourne le film catastrophe Krakatoa, à l’est de Java, puis tient un petit rôle dans L’or se barre (The Italian Job), avec Michael Caine, et Les derniers aventuriers de Lewis Gilbert où les vedettes sont Charles Aznavour, Bekim Fehmiu, Fernando Rey…
Il tournera quelques films d’horreur (Le château de l’horreur, un premier rôle, en 1973 ; La malédiction finale, en 1981) et, sans le savoir, connaitra l’honneur de jouer dans un Abel Ferrara alors en début de carrière, New York deux heures du matin, un thriller sombre et ultra violent où il interprète un rôle de parrain (1984).
Une fin indigne de son talent
Il s’essaiera à trois reprises à la réalisation, en 1966, 1968 et 1969, dont deux fois sous le pseudonyme de Edward Ross, notamment le thriller La scandaleuse. Les trois longs sont inédits dans nos salles.
Avec deux décennies de rôles souvent indignes de son rang, durant lesquelles Rossano Brazzi a dû cachetonner, l’Italien est malheureusement passé dans l’oubli d’une cinéphilie collective sélective, alors qu’il décède le jour de Noël 1994. Et pourtant, quelle carrière, quelle œuvre !