Un prince à New York 2 (Coming 2 America) : la critique du film (2021)

Comédie inclusive | 1h50min
Note de la rédaction :
5/10
5
Un prince à new york 2

  • Réalisateur : Craig Brewer
  • Acteurs : Eddie Murphy, Morgan Freeman, Wesley Snipes, KiKi Layne, James Earl Jones, Arsenio Hall, Shari Headley, John Amos, Leslie Jones
  • Date de sortie: 05 Mar 2021
  • Date de diffusion sur Netflix : A partir du 5 mars 2021
  • Année de production : 2020
  • Nationalité : Américain
  • Autres acteurs : Jermaine Fowler, Teyana Taylor, Paul Bates, Garcelle Beauvais, Kevin T. DeWitt, Salt-N-Pepa, En Vogue, Rotimi
  • Titre original : Comin 2 America,
  • Titres alternatifs : Der Prinz aus Zamunda 2 (Allemagne), 2 Príncipes em Nova Iorque (Portugal), Il principe cerca figlio (Italie), El rey de Zamunda (Espagne), En prins i New York 2 (Suède), Um Príncipe em Nova York 2 (Brésil)...
  • Scénaristes : Barry W. Blaustein, David Sheffield, Kenya Barris, d'après une histoire de Barry W. Blaustein et Justin Kanew, et des personnages crées par Eddie Murphy
  • Compositeur : Niles Rodgers
  • Directeur de la photographie : Joe 'Jody' Williams
  • Société de production : Paramount Pictures, Eddie Murphy Production
  • Editeur vidéo : -
  • Date de sortie vidéo : -
  • Classifications : + 13 (auto-classification par Amazon, non soumise au CNC) / Tous publics (notre avis)
  • Formats : 2.00 : 1 / Couleurs / Son : ?
  • Franchise : Deuxième épisode du diptyque Un prince à New York
Note des spectateurs :

Un prince à New York 2 est une comédie de l’inclusivité qui ne cesse de marcher sur des œufs. Le résultat, fruit de son époque, est déconcertant.

Synopsis : Dans le luxuriant et pays royal du Zamunda, le nouveau roi Akeem et son fidèle confident Semmi se lancent dans une toute nouvelle aventure comique à travers le monde, en partant de leur grande nation africaine jusqu’au quartier du Queens, à New York – où tout a commencé.

Paramount et Un prince à New York 2 : l’avant-Covid

Critique : Mis en route par Paramount en 2019, durant l’ère trumpienne, Un prince à New York 2 sort avec beaucoup de retard en raison de la crise du coronavirus. Tellement tard que Trump a depuis basculé chez les has been et le Capitole a tranquillement été pris d’assaut sans que l’ancien président ne soit inquiété par le Sénat. C’est que la grande Histoire a beaucoup avancé depuis le printemps 2020 où la post-production du film a été bouclée. Le cinéma s’est dilué et les plateformes de streaming se sont multipliées, devenant la norme du moment.

Amazon ou Netflix ? Il faut choisir

Initialement, Paramount comptait sur le blockbuster Un prince à New York 2 pour devenir l’un de ses fers de lance de l’été 2020 ; le studio, pas forcément au mieux de ses finances, avait repoussé le sequel tardif à la fin de l’année, avant de prendre la décision difficile de léguer à Amazon le droit d’exploitation sur sa plateforme Prime Video.

Le choix d’Amazon fut surprenant puisque le studio, qui appartient au groupe Viacom, s’était surtout engagé jusqu’à présent à fournir des exclusivités à Netflix lorsqu’il ne voulait plus prendre le risque d’une sortie en salle (The Cloverfield Paradox, Annihilation). Même si la major a consenti quelques exceptions (Top Gun Maverick, le prochain Mission : Impossible et Sans un bruit 2), elle réduit finalement la portée du retour d’Eddie Murphy aux écrans de petite taille : poste du salon, ordinateur, téléphone… vous connaissez la chanson.

Eddie Murphy absent des écrans de cinéma depuis neuf ans

Absent du grand écran français depuis neuf ans, Eddie Murphy est un cas ; plus personne ne sait trop ce qu’il vaut en haut d’une affiche de cinéma, après quelques bides historiques qui ont tué sa carrière. Les spectateurs seraient-ils soudainement prêts à payer pour le revoir ou fait-il partie des vedettes que l’on est toujours heureux de retrouver… (presque) gratuitement, dans le cadre d’un abonnement de SVOD?

Eddie Murphy dans Un prince à New York 2

Eddie Murphy dans Un prince à New York 2 – Photo Courtesy of Amazon Studios

Ex-star de cinéma et désormais prince des plateformes, Eddie Murphy voit son destin se jouer lors du lancement mondial posé au 5 mars 2021 par Prime Video afin de répondre aux exigences d’un marketing total qui consistera notamment à restaurer l’image d’Eddie Murphy ou du moins de le faire connaître auprès des jeunes qui depuis ont eu pléthores d’ersatz eux-mêmes dépassés (Martin Lawrence, Chris Tucker…). Ironiquement, la veille, Paramount aura lancé sa propre plateforme de streaming, devenant un géant parmi les autres, mais Un prince à New York 2 ne fera pas partie de ce catalogue.

Revival d’Eddie Murphy et pari du choc générationnel

La star des années 80 avait d’ailleurs connu un revival académique dans Dolomite Is My Name, sur la plateforme rivale d’Amazon, Netflix, en 2019, ce qui a pu favoriser le travail du département communication. C’est d’ailleurs le même réalisateur, Craig Brewer qui est aux commandes des deux longs.

Malgré ce retour gagnant sur Netflix, il n’en reste pas moins que, pour Eddie Murphy, sortir en 2021 la suite d’un succès de 1988 est drôlement hardi. Il s’impose même un travail d’adaptation pour le spectateur qui n’a pas eu l’occasion de revoir tous ces visages très américains qui paraissent bien fatigués par l’âge.

Eddie Murphy grimace (trop)

La réalité de la gravité peut être un obstacle naturel au plaisir pendant quelques instants. Le casting originel s’est pris bien plus d’un quart de siècle et c’est redoutable. On ne se remettra pas du coup de vieux d’Arsenio Hall qui était l’un des éléments drôles de l’original, et manque de panache ici, sauf quand il revêt ses déguisements mythiques (pilier du salon de coiffure, révérend libidineux). Et Eddie Murphy, de son côté, dont tout le film reposait sur son charisme, affiche le pire de son jeu, c’est-à-dire l’outrance des sourires. Il n’est plus une machine à rire, mais une grimacerie ambulante digne de son personnage d’âne bâté dans Shrek.

Teyana Taylor et Wesley Snipes dans Un prince à New York 2

Teyana Taylor et Wesley Snipes dans Un prince à New York 2 – Photo Courtesy of Amazon Studios

Les enjeux inclusifs, une malédiction pour Eddie Murphy ?

La raison du jeu crispé d’Eddie Murphy, en nouveau patriarche qui cherche un successeur pour son royaume, est l’époque malade dans lequel l’ancien tombeur et dragueur en série a développé son film. Lui, le politiquement incorrect Flic de Beverly Hills, symbole d’une certaine virilité eighties, cool et fluette, se présente sous les yeux rarement amusés des représentants de la cancel culture, des mouvements #MeToo et Black Lives Matter. Ce dernier pourrait bien, après tout, lui reprocher de ne pas en faire assez pour sa cause, voire d’avoir utilisé des clichés racistes pour rire de ou au détriment des Noirs d’Afrique durant ses féroces stand-up. Pour ne pas être zappé par une Amérique inclusive devenue aussi intolérante qu’une grenouille de bénitier dans les années 60, Eddie Murphy doit faire attention à ne pas trop « choquer » la jeune génération que l’on reconnait à son tic de langage : « attends là, mais je suis trop choqué ! ».

Ok boomer, fais-moi rire !

Pas de bol pour Eddie Murphy, scruté par tous, son socle de fans ultimes, ceux qui l’ont vu briller au paroxysme de son charisme et de son humour, sont ceux qui finalement ont fait de lui la célébrité qu’il est en allant le célébrer massivement en salles à ses débuts. Les plus de quarante ans.

Pour l’ex-Alex Foley, il est forcément impossible, dans un film au ton disneyen qui ressemble à une version comique de Black Panther, de s’aliéner les boomers qui ont tant envie de le revoir, plus que n’importe quelle autre tranche d’âge d’ailleurs. N’a-t-il pas été dans 48 heures également, le film de Walter Hill, avec Nick Nolte, autre comédie qui choquerait le plus teigneux des adolescents contemporains ?

La rédemption par le travestissement

Alors oui, Eddie Murphy grimace, ou plutôt rit jaune. On sent, en bon paternel d’ado qu’il est dans le film (on lui a annoncé l’existence d’un « bâtard » royal caché), la tentation de ne pas être un représentant du monde d’hier, mais plutôt un progressiste contrit, sauf quand il se maquille et se travestit en vieillard rigolard.

Dans ces moments, Eddie le travesti retrouve toute l’assurance de ses numéros du Saturday Night Live, l’époque bénite où il vaquait à plier les salles de spectacle en dieux. Quelques acteurs jouent la carte de l’humour à fond. Leslie Jones est l’ouragan dont avait bien besoin cette suite et le formidable James Earl Jones dont cinq minutes de présence nous met à ses pieds, nous fait une fois plus une magnifique leçon de cinéma avec sa voix, son regard, sa présence… Quel acteur, quoi !

Un casting jeune unilatéralement insipide

A côté des grandes personnes, le casting jeune est insipide. La mauvaise écriture de leurs personnages les a abrutis de transparence. Jermaine Fowler s’en sort un peu mieux que le jeune casting féminin qui peine à décrocher un sourire sur tout le film, grâce à une scène d’entretien d’embauche face à un fils à papa blanc. A plus de trente ans, Fowler a peut-être passé l’âge de ce type de rôle, et c’est logiquement dans Sorry to Bother You qu’on préfèrera largement le revoir ; mais pour sûr, l’acteur n’a pas l’étoffe de Daniel Kaluuya.

Les autres actrices de son âge ou plus jeunes que lui sont trop lisses dans leurs personnages, trop éduquées dans leur interprétation ; elles ressemblent davantage à des figures de sitcom. On leur souhaite donc plus de bonheur dans leur filmographie que ce que Shari Headley (l’épouse d’Akeem-Eddie Murphy dans Un prince à New York 2) a bien pu récolter. Celle qui rimait déjà avec transparence en 1988, n’a pas fait une grande carrière.

Reste maintenant à savoir ce que sera la carrière de ce sequel dans ce mode de consommation de l’image en perpétuelle évolution. Sera-t-il une référence dans trente ans ? On en doute un peu.

Critique de Frédéric Mignard

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Un prince à new york 2

© 2019 Paramount Pictures © 2021 Amazon Studios

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