Un meurtre est un meurtre : la critique du film (1972)

Policier | 1h45min
Note de la rédaction :
5/10
5
Un meurtre est un meurtre, l'affiche

  • Réalisateur : Etienne Périer
  • Acteurs : Michel Serrault, Jean-Claude Brialy, Stéphane Audran, Robert Hossein, Claude Chabrol, Catherine Spaak, Michel Creton, Olivier Hussenot
  • Date de sortie: 23 Août 1972
  • Nationalité : Français, Italien
  • Titre original : Un meurtre est un meurtre
  • Titres alternatifs : Murder Is a Murder (USA) / A Murder Is a Murder... Is a Murder (UK) / Mord bleibt Mord (Allemagne) / Ett mord är ett mord är ett mord (Suède) / Llega un desconocido (Espagne) / La sedia a rotelle (Italie) / Zbrodnia jest zbrodnią (Pologne)
  • Année de production : 1972
  • Scénariste(s) : Dominique Fabre, Étienne Périer d'après le roman éponyme de Dominique Fabre
  • Directeur de la photographie : Marcel Grignon
  • Compositeur : Paul Misraki
  • Société(s) de production : Les Films de l'Epée, Peel, Planfilm
  • Distributeur (1ère sortie) : Planfilm
  • Distributeur (reprise) : -
  • Date de reprise : -
  • Éditeur(s) vidéo : Proserpine (VHS, 1983)
  • Date de sortie vidéo : 1983 (VHS)
  • Box-office France / Paris-périphérie : 551 887 entrées / 164 416 entrées
  • Box-office nord-américain : -
  • Budget : -
  • Rentabilité : -
  • Classification : Tous publics
  • Formats : 1.66 : 1 / Couleurs / Son : Mono
  • Festivals et récompenses : -
  • Illustrateur / Création graphique : Michel Landi
  • Crédits : Les Films de l'Epée, Peel, Planfilm
Note des spectateurs :

Polar qui voudrait ressembler à du Chabrol sans en avoir la saveur, Un meurtre est un meurtre déçoit les attentes, même si les acteurs sauvent la mise à plusieurs reprises.

Synopsis : Paralysée, Marie, femme de Paul, a trouvé la mort dans un accident de voiture. A vrai dire, cette mort accidentelle fait bien l’affaire du nouveau veuf qui projetait de refaire sa vie avec Françoise. Mais, alors que tout est sur le point de s’arranger, voici que Anne, la soeur de la disparue à laquelle elle ressemble d’ailleurs étrangement, vient s’installer au foyer. Dans le même temps, Paul reçoit la visite d’un certain Carouse, venu lui demander s’il est satisfait de ses services.

Un faux-semblant est un faux-semblant

Critique : Collaborateur régulier du cinéaste Etienne Périer, le journaliste, romancier et scénariste Dominique Fabre écrit Un meurtre est un meurtre entre 1971 et 1972 dans la perspective d’être à la fois un roman et un scénario. Les deux compères se lancent immédiatement dans l’adaptation cinéma de cette étrange histoire de chantage, fondée en grande partie sur des faux-semblants et surtout un renversement de la logique narrative à l’œuvre dans le polar.

Ainsi, le long-métrage pose les bases d’un possible meurtre commis sur l’épouse de Jean-Claude Brialy, interprétée par l’excellente Stéphane Audran, alors même que nous ne voyons à l’écran qu’un accident. Toutefois, le montage suffisamment allusif peut dissimuler un meurtre et ce doute constitue le MacGuffin (prétexte au développement de l’intrigue) de l’intégralité du film. A partir de ce postulat, les auteurs s’ingénient à faire se croiser des personnages tous plus étranges les uns que les autres.

Des acteurs qui contribuent à épaissir leurs personnages

Si Jean-Claude Brialy incarne un bourgeois quelque peu dépassé par les événements, il est entouré d’une Stéphane Audran qui joue le rôle de la sœur jumelle de la victime sur un mode totalement excentrique et schizophrène. Mais les scénaristes développent également la personnalité trouble du maître-chanteur interprété avec finesse par un Robert Hossein à la douce perversité. Enfin, le commissaire joué par Michel Serrault fait preuve d’ambiguïté, comme le précise l’acteur dans son autobiographie Vous avez dit Serrault ? (Editions Florent Massot, 2001) :

Pour la première fois depuis très longtemps, j’abordais un rôle qui ne devait rien au comique ou à la fantaisie. Le personnage me plut par l’ambiguïté qu’il recelait, et que je m’efforçai de rendre toujours perceptible. […] Il était intéressant, je crois, que le type représentant la loi soit tout aussi inquiétant que les autres. A la sortie du film, un critique évoqua Jules Berry en voyant ma prestation. Ce qui me fit grand plaisir, on s’en doute.

Un polar chabrolien sans la touche du maître

Effectivement, la prestation de Serrault, ainsi que celle de ses partenaires, sont pour beaucoup dans le plaisir ressenti devant cette œuvre pourtant très inégale. On peut tout d’abord regretter la fadeur de certains personnages – Brialy est victime de ce manque de profondeur, mais aussi Stéphane Audran qui joue la folle avec l’excentricité qui la caractérise. De même, l’aspect très complexe du scénario n’est là que pour masquer un retournement de situation, certes original, mais qui ne pouvait offrir de structure ferme à un polar adroitement agencé.

En réalité, pour réussir pleinement le film, il fallait un cinéaste de la pointure d’un Claude Chabrol – qui fait d’ailleurs une apparition hautement symbolique en agent de la SNCF – afin d’en dégager toute la perversité. En lieu et place d’une analyse corrosive d’une certaine bourgeoisie, Etienne Périer se contente trop souvent d’en rester au stade illustratif. Sa mise en scène très classique s’avère trop télévisuelle pour emporter l’adhésion. S’effaçant derrière ses acteurs et son scénario, Périer ne propose aucune véritable idée de cinéma et livre donc une œuvre certes regardable, mais qui pâtit d’une absence totale d’audace sur le plan formel.

Un film moyen, reçu comme tel à l’époque de sa sortie

Il manque au film un ton, une folie qui pouvaient pourtant être en accord parfait avec un script plutôt malin et ludique. Dans Un meurtre est un meurtre, le spectateur ne trouvera rien de plus qu’une littéralité un peu frustrante, un rythme assez languissant et des acteurs qui font preuve d’un métier très sûr. Les critiques furent d’ailleurs partagées face à ce petit polar un peu déconcertant.

Quant au grand public, il ne s’est pas rué dans les salles. Si son investiture parisienne lui permet d’être deuxième de la semaine, ce n’est qu’avec 34 906 spectateurs contre les 83 738 entrées générées par la comédie Elle cause plus, elle flingue (Audiard), pourtant dans un parc de salles équivalent. Sur la France entière, le film entre à la 12ème place lors de sa première semaine d’exploitation et va ensuite chuter assez rapidement, se stabilisant suffisamment pour glaner en fin de parcours 551 887 entrées.

Il s’agit donc d’un résultat moyen pour un film qui ne restera assurément pas dans les mémoires des cinéphiles. Ce désintérêt se retrouve dans l’absence d’édition DVD, alors même que le métrage offre un casting alléchant. Désormais disponible sur des plateformes VOD, Un meurtre est un meurtre mérite tout de même un visionnage, même s’il ne laisse pas un souvenir impérissable.

Critique de Virgile Dumez

Les sorties de la semaine du 23 août 1972

Voir le film en VOD

Un meurtre est un meurtre, l'affiche

© 1972 Les Films de l’Epée – Peel – Planfilm / Affiche : Michel Landi. Tous droits réservés.

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