Ce deuxième volet de la trilogie de l’Etranger prend le temps de caractériser un peu plus son personnage principal. Il propose une aventure agréable, qui n’est pas pour autant dépourvue de longueurs.
Scénario : Aidé par un prédicateur, l’Etranger se lance sur la trace d’une diligence faite en or, convoitée par une bande de bandits.
Critique : Suite au succès aux Etats-Unis d’Un dollar entre les dents (1967), les producteurs Massimo Gualdi et Roberto Infascelli décident seulement quelques mois plus tard de mettre en route une suite. L’acteur principal Tony Anthony s’implique davantage puisqu’il est à l’origine du canevas du scénario. De fait, le personnage de l’Etranger gagne en épaisseur dans cette suite. Anthony a ainsi créé une sorte d’hybride entre le cynisme de l’homme sans nom et la désinvolture de celui que l’on appellera Trinita trois ans plus tard. S’il demeure un as de la gâchette, le personnage parvient à viser dans les positions les plus improbables, alors qu’il est par ailleurs incapable de se rouler une cigarette. A la fois vénal et généreux, vif et indolent, taciturne et drôle, cet Etranger pétri de contradictions bénéficie d’un certain capital sympathie, bien qu’il demeure assez énigmatique.
Un homme, un cheval, un pistolet jouit d’une distribution convaincante…
Le reste du casting est tout à fait convaincant. A l’origine, Klaus Kinski aurait dû incarner l’antagoniste, mais il s’est blessé à cheval lors du tout premier jour de tournage. Dan Vadis, acteur culturiste vu dans de nombreux péplums, le remplace avec talent. Marco Guglielmi donne quant à lui vie à un prédicateur roublard de manière tout à fait convaincante. Malheureusement, on ne retrouve pas de personnage féminin aussi marquant que celui qu’incarnait Jolanda Modio dans le premier film. Ainsi, les actrices du film sont convaincantes, mais n’ont pas grand-chose à jouer. Enfin, on retrouve Raf Baldassare, collaborateur récurrent d’Anthony, toujours très convaincant dans un rôle d’homme de main.
…mais souffre d’un budget et d’un scénario un peu trop légers
Le principal écueil du film réside dans son scénario. Tout d’abord, on pourra lui reprocher le fait de suivre de manière trop prévisible le même schéma que celui d’Un dollar entre les dents. Ensuite, l’histoire peine à se mettre en route et le film souffre d’un rythme un peu trop lent. Il faut dire que le budget, bien que plus conséquent pour ce volet (car bénéficiant désormais de capitaux ouest-allemands) demeure limité. Si les décors sont plus variés, le film n’a pas pu être tourné en Espagne et les paysages ne sont à nouveau pas spectaculaires. Nonobstant, le scénario fourmille de trouvailles intéressantes et inattendues qui font la spécificité de cette saga.
Un homme, un cheval, un pistolet est un film inventif
Si le minimalisme maîtrisé du premier volet est toujours de mise, certaines idées délirantes préfigurent Pendez-le par les pieds. A titre d’exemple, l’Etranger fait une apparition fracassante dès l’ouverture, muni d’une ombrelle rose. On apprécie également l’idée de la diligence en or, mais il est difficile de savoir si elle provient de Joe l’implacable d’Antonio Margheriti, sorti la même année, où s’il s’agit d’une trouvaille inédite. Enfin, lors du massacre final, l’Etranger s’interrompt pour partager un repas avec un des bandits avant de l’éliminer froidement. A ce propos, les scènes d’action sont très efficaces. L’Etranger est désormais muni de son arme fétiche, un fusil à quatre canons dont la puissance de tir engendre une violence graphique particulièrement jouissive. La réalisation sobre mais efficace de Vanzi magnifie aussi bien ces scènes que celles où il utilise une machette pour se débarrasser de ses ennemis.
Une réalisation efficace et une partition magistrale
Le film bénéficie ainsi de cadrages efficaces. Vanzi sait où placer sa caméra et n’use pas d’artifices comme des zooms intempestifs ou de grands mouvements de caméra pour éblouir le spectateur. La photographie du film n’est pas en reste. En effet, Marcello Masciocchi nous propose de très beaux tableaux, à l’éclairage impeccable. Cela est particulièrement notable lors d’une scène au coucher du soleil. Les scènes nocturnes sont également réussies. Enfin, le film bénéficie d’une superbe musique de Stelvio Cipriani, qui contribue grandement à son appréciation. Tous les thèmes du métrage sont réussis, ce qui est une bonne chose, tant la musique est prépondérante, accompagnant les actions des personnages à la manière d’un opéra.
En définitive, Un homme, un cheval, un pistolet constitue une suite logique et intéressante à Un dollar entre les dents, qui prend le temps de développer le personnage de l’Etranger, avant son départ pour le Japon dans le film suivant.
Critique : Kevin Martinez