Troll 2 : la critique du film (1990)

Epouvante-Horreur, Nanar | 1h35min
Note de la rédaction :
3,5/10
3,5
Affiche de Troll 2 par Justin Osbourn

  • Réalisateur : Claudio Fragasso
  • Acteurs : Michael Paul Stephenson, George Hardy, Margo Prey, Connie Young
  • Date de sortie: 12 Oct 1990
  • Nationalité : Italien
  • Titre original : Troll 2
  • Titres alternatifs : Troll II (graphie différente en fonction des visuels) / O Terror da Floresta (Portugal) / La leyenda de los duendes diabólicos (Mexique) /
  • Année de production : 1990
  • Scénariste(s) : Rossella Drudi, Claudio Fragasso (sous le pseudonyme de Drake Floyd)
  • Directeur de la photographie : Giancarlo Ferrando
  • Compositeur : Carlo Maria Cordio
  • Société(s) de production : Filmirage
  • Distributeur (1ère sortie) : Film inédit en France. La date de sortie indiquée ci-dessus est celle de la sortie américaine (limitée)
  • Distributeur (reprise) : -
  • Date de reprise : -
  • Éditeur(s) vidéo : Kara Films (VHS) / MGM (DVD, 2005)
  • Date de sortie vidéo : 5 janvier 2005 (DVD)
  • Box-office France / Paris-périphérie : -
  • Box-office nord-américain : -
  • Budget : 65 000 $ (soit 132 000 $ ajusté au cours du dollar de 2021)
  • Rentabilité : -
  • Classification : -
  • Formats : 1.85 : 1 / Couleurs / Son : Mono
  • Festivals et récompenses : -
  • Illustrateur / Création graphique : Justin Osbourn, Devon
  • Crédits : Producers International S.A
  • Franchise : Deuxième volet de la franchise Troll, même si le film n'entretient aucun rapport avec le premier volet. Il existe également un Troll 3 qui n'a aucun rapport avec les précédents.
Note des spectateurs :

Avec Troll 2, Claudio Fragasso atteint les cimes du nanar à cause d’une direction d’acteurs déplorable et d’idées saugrenues enfilées comme des perles. Très mauvais, certes, mais également fort sympathique.

Synopsis : Déguisés en paysans aimables, des trolls cannibales attirent les visiteurs vers leur village. Une famille de quatre personnes va découvrir que cet endroit est un véritable piège à touristes et qu’ils sont devenus des proies…

Une fausse suite du film Troll produit par Empire Pictures

Critique : Devenu un employé à part entière de la firme italienne Filmirage (dirigée par Joe D’Amato), le réalisateur Claudio Fragasso enchaîne les tournages aux Etats-Unis dans des productions toutes plus fauchées les unes que les autres. Il vient ainsi d’emballer Au-delà des ténèbres (1990) lorsqu’il se lance avec sa femme Rossella Drudi dans l’écriture de Troll 2. Il est toutefois important de préciser que le film n’entretient aucun rapport avec le Troll (Buechler, 1986) produit par la firme Empire Pictures de Charles et Albert Band. Ce pur produit d’exploitation cherchait à l’époque à surfer sur le succès de longs-métrages comme Gremlins (Dante, 1984) et Critters (Herek, 1986).

Troll 2, jaquette VHS française

© 1990 Producers International S.A. / Dessin jaquette française : Deshoux. Tous droits réservés.

D’ailleurs, Troll 2 est tellement indépendant de la franchise que les petits personnages démoniaques visibles sont des gobelins et non des trolls. Un détail qui ne semble pas avoir interpellé le brave Claudio Fragasso, trop content de tourner un film destiné à un jeune public. Spécialiste des productions horrifiques gratinées et souvent gore, le réalisateur met ici la pédale douce sur l’horreur graphique, remplaçant le sang par un liquide vert qui semble imprégner jusqu’à la pellicule. De même, la plupart des morts – assez peu nombreuses d’ailleurs – se déroulent hors-champ afin de ne pas choquer les petites têtes blondes.

Fragasso se met au vert

Malgré ses efforts notables pour lisser son propos, Fragasso tourne tout de même quelques scènes bien déviantes qui font vraiment douter quant au cœur de cible du film. Ainsi, le passage où un personnage est tronçonné après avoir été transformé en arbuste est assez pervers, de même que la fin peut apparaître comme traumatisante pour un jeune public. De leur côté, les adultes ne peuvent pas vraiment trouver leur compte dans ce cauchemar pour gamins.

Finalement, l’étrangeté de Troll 2 (1990) n’est pas si importante que cela puisque le long-métrage est ruiné par des décisions toutes plus hasardeuses les unes que les autres. Tout d’abord les costumes (de l’actrice Laura Gemser) et surtout les maquillages des trolls sont parfaitement risibles par leur statisme. Il s’agit clairement de personnes de petite taille que l’on a affublé de masques ridicules, par ailleurs recyclés du tournage de L’épée du Saint Graal (aka Ator l’invincible) de Joe D’Amato. Avec Filmirage, le moindre investissement est rentabilisé à plusieurs reprises.

Des acteurs amateurs hilarants de médiocrité

Ensuite, la musique composée par Carlo Maria Cordio est proprement catastrophique, si l’on excepte un court thème gothique malheureusement peu exploité. Le reste tient de la bouillie synthétique. Mais bien entendu, ce qui a fini par faire entrer le film dans la catégorie des nanars d’anthologie vient de l’extrême médiocrité de l’interprétation. Certes, la plupart des artistes impliqués était amateurs, mais le résultat s’avère proprement hilarant. Le couple de parents (George Hardy et Margo Prey) nous propose un florilège de tout ce qu’il ne faut pas faire pour être crédible à l’écran. Mention spéciale pour le regard vide de la mère de famille.

Affiche de Troll 2 par Justin Osbourn

Artwork : Justin Osbourn

Michael Paul Stephenson qui interprète le jeune héros se donne à fond, mais démontre à lui tout seul que les enfants n’ont pas de don inné pour la comédie, contrairement à une croyance populaire. Mais celle qui nous donne le vertige est bien Deborah Reed qui est en mode pétage de plomb permanent en méchante largement inspirée par Morticia Addams (de La famille Addams). Il faudrait encore citer la fameuse réplique du garçon effrayé qui hurle en VO un interminable Oh ! My Goooooooood ! d’anthologie. En fait, dans Troll 2, seules les plantes vertes jouent juste.

De la chlorophylle, du sexe et du pop-corn

A cela, il faut ajouter un scénario globalement incompréhensible (les apparitions du fantôme du grand-père n’ont d’autre fonction que de faire avancer une intrigue au point mort) et constellé de séquences inénarrables. On se souvient ainsi de l’hallucinante séquence où le gamin monte sur une chaise pour uriner sur la nourriture proposée à sa famille (et le père de répliquer : « on ne pisse pas sur l’hospitalité »). Toutefois, le passage le plus Z intervient lors d’une scène de séduction à base de maïs et de pop-corn. On vous laisse découvrir ce moment proprement déjanté et hallucinant.

Troll 2, affiche

© 1990 Producers International S.A. Tous droits réservés.

Rendu à ce point de non-retour, le spectateur ne peut qu’abdiquer et considérer l’objet comme un morceau de choix dans le domaine du nanar. Effectivement, la particularité de Troll 2 est que son cinéaste est d’une parfaite bonne foi. Claudio Fragasso est encore persuadé aujourd’hui d’avoir tourné une œuvre importante évoquant des thèmes aussi sérieux que la famille, la mort et le rapport de chacun à la vie.

Retour sur le phénomène américain

Sorti en VHS aux Etats-Unis et en France, Troll 2 a fini par acquérir un statut de film culte auprès des amateurs de nanars. Il faut toutefois préciser que le phénomène est particulièrement massif aux Etats-Unis où le long-métrage est désormais programmé lors de séances spéciales qui sont autant de grandes messes à l’instar d’un film comme The Rocky Horror Picture Show. Le documentaire Best Worst Movie (2009) tourné par Michael Paul Stephenson (le gamin devenu grand), témoigne de cet engouement qui entoure le long-métrage. Désormais culte auprès de plusieurs générations de spectateurs, Troll 2 est parfois considéré abusivement comme le plus mauvais film du monde. Honnêtement, on a vu bien pire dans le genre.

Dans le documentaire, Claudio Fragasso se rend aux Etats-Unis pour présenter une séance, pensant que son long-métrage trouvait enfin son public. On peut lire sur son visage son désappointement lorsqu’il se rend compte que la salle entière rit de bon cœur face à une œuvre qu’il estimait sérieuse. Le réalisateur a bien du mal à dissimuler sa déception et on le sent particulièrement vexé de cet accueil, certes triomphal, mais moqueur. Il se trouve également lâché par ses acteurs qui expliquent tous à quel point ils sont mauvais dans le film. Un désaveu général qui n’a pas ravi le réalisateur, toujours persuadé d’avoir tourné une œuvre intéressante.

Troll 2 entre dans la catégorie des mauvais films sympathiques

Pour notre part, si nous ne pouvons bien évidemment pas mentir sur la piètre qualité du produit fini, il faut bien avouer que la projection d’un tel méfait est fort agréable. L’ambiance du long-métrage est plutôt sympathique et les quelques dérapages absurdes en font une vraie perle du nanar qu’on aura toujours plaisir à revoir, contrairement à bon nombre d’œuvres plus sérieuses et académiques.

Critique de Virgile Dumez

Les nanars sur CinéDweller

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Artwork : Devon / Copyrights Eureka – Coffret : l’intégrale de Troll, blu-ray britannique

La critique de Best Worst Movie, le documentaire sur le phénomène Troll 2

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Affiche de Troll 2 par Justin Osbourn

Bande-annonce de Troll 2 (VO)

Epouvante-Horreur, Nanar

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