The Lodge est un film terrifiant qui s’inscrit dans la lignée de Midsommar et Hérédité. Du grand art horrifique par les auteurs européens radicaux de Goodbye Mommy.
Synopsis : Peu avant Noël, un frère et sa sœur sont envoyés dans un chalet isolé en montagne avec leur nouvelle belle-mère au passé inquiétant. Entre les enfants et la jeune femme s’installe un climat de suspicion réciproque. Un matin, tous trois découvrent le chalet totalement vidé : plus de nourriture, de téléphone, de vêtements. Bloqués par la neige au milieu de nulle part, ils vont être le jouet de forces obscures.
Le rejeton européen d’Ari Aster
Avec Severin Fiala et Veronika Franz à la réalisation, les deux auteurs autrichiens du radical et étrange Goodbye Mommy, on pouvait s’attendre à un cinéma élaboré et tordu. The Lodge ne déçoit pas. Franz, qui a travaillé toute sa vie avec son époux, Ulrich Seidl, semble toutefois s’inspirer davantage d’un nouveau genre dans le cinéma américain, l’épouvante tribal d’Ari Aster, et en l’occurrence, le glauque The Lodge se trouve à la croisée des deux films du nouveau maître de l’épouvante, Hérédité et Midsommar. Même si The Lodge n’atteint pas les sommets de réalisation et la perspicacité d’écriture du cinéma d’Aster, il offre la même architecture visuelle, très élaborée, une ambiance de fin de vie plombante et un rebondissement de situation qui justifie ses lenteurs peu propices à satisfaire les amateurs d’un cinéma horrifique trépidant.
Morbide, glauque, The Lodge est surtout douloureux
The Lodge est sensoriel, mental, manipulateur, douloureux et particulièrement bien joué. Les enfants au jeu fin se retrouvent enfermés pour les fêtes de Noël, en l’absence de leur père, avec une jeune femme étrange, seule survivante d’un suicide collectif. Ce personnage est tenue avec intensité par Riley Keough, sosie de Kristen Stewart jusque dans le jeu névrosé, mais que l’on connaît surtout pour être la petite-fille d’Elvis Presley. Avec son personnage qui a largement franchi le rubicond pour nous emporter dans sa propre folie paranoïaque, l’ambiance malsaine est accentuée par la religiosité morbide, jamais source de célébration de vie, mais bel et bien de dépression, d’aliénation mentale et in fine de mort.
Avec The Lodge, Severin Fiala et Veronika Franz franchissent un pas de plus vers un cinéma a priori plus commercial, par rapport aux écueils européens du clinique Goodbye Mommy, déjà dans le passage à la langue anglaise. Néanmoins, ils le font sans trop s’éloigner du cadre et de la rigueur autrichiennes qu’on leur connaît. Le seul reproche que l’on pourrait vraiment faire à ce trouble-fête, c’est d’arriver après les deux chocs d’Ari Aster qui se sont permis de rabattre les cartes d’un genre hyper-codé. Les emprunts à son cinéma sont flagrants, jusque dans la mise en abîme de la maison de poupée et l’hommage folk à The Wicker Man. Néanmoins, on ne pourra que louer son approche radicale qui imprègne la post-projection plus que l’on n’aurait pu le supposer.
Le test blu-ray
Compléments : 0 / 5
Aucun. Le film est livré sur le mode consommation direct et c’est dommage, puisque les deux réalisateurs sont des auteurs à part entière.
Image : 5 / 5
Magnifique piqué qui investit pleinement l’architecture convolutée de l’œuvre. Les extérieurs neigeux, les intérieurs sombres et la réalité des profondeurs de champ sont un délice.
Son : 4 / 5
Piste en 5.1 DTS Master Audio somme toute intimiste, mais c’est l’ambiance du film caverneux qui le veut. La galette fait le job en version originale, avec ses retentissements qui s’éprennent des différents canaux et une ambiance sonore prospère. L’éditeur Metropolitan FilmExport propose une version française. Nous ne l’avons pas testée.