The Big Short – le casse du siècle : la critique du film (2015)

Comédie dramatique | 2h11min
Note de la rédaction :
8/10
8
The Big Short, le casse du siècle, affiche

Note des spectateurs :

Premier film sans son compère Will Ferrell réalisé par Adam McKay, The Big Short – le casse du siècle est une grande réussite, aussi drôle que caustique.

Synopsis : Wall Street. 2005. Profitant de l’aveuglement généralisé des grosses banques, des médias et du gouvernement, quatre outsiders anticipent l’explosion de la bulle financière et mettent au point… le casse du siècle ! Michael Burry, Mark Baum, Jared Vennett et Ben Rickert : des personnages visionnaires et hors du commun qui vont parier contre les banques… et tenter de rafler la mise !

The Big Short : un tournant pour le réalisateur de Frangins malgré eux ?

Critique : Demeurer surpris à l’annonce de la réalisation d’une œuvre décrivant la crise financière de 2008 par le réalisateur de Ricky Bobby – roi du circuit ne serait pas raisonnable. Ce serait en effet oublier que toutes ses comédies (et à peu près autant de chefs-d’œuvre du genre), aussi cocasses fussent-elles, se sont construites sous une parenté politique. McKay a en effet fait ses premières armes chez Michael Moore (sa série voulant démontrer l’incroyable vérité), avant d’écrire nombre sketchs du Saturday Night Live (SNL), notamment les célèbres imitations du président Bush par Will Ferrell. Avec ce dernier, il concoctera, durant une décennie, le haut du panier de la filmographie de l’acteur et de mémorables comédies, mettant en avant la talent de ses interprètes via l’improvisation, mais partant constamment d’une base réaliste, politique : le sexisme des médias américains dans Présentateur vedette, le syndrome de l’« America First » dans Ricky Bobby… Jusqu’à Légendes vivantes, la suite de Présentateur vedette, qui mettait en avant la manière avec laquelle l’information était malmenée avant d’arriver au (télé)spectateur : mainmise des industriels sur les grandes chaînes, mise en avant de « coups » journalistiques spectaculaires, cela durant l’éclosion des chaînes d’information en continu. Si ce dernier opus était toujours empli de scènes anthologiques, l’humour se parait parfois d’une véritable gravité. Si un drame se passait, le réalisateur avait de toutes manières choisi d’en rire, sans masquer la réalité, mais plutôt de s’en inspirer.

(c) Paramount Pictures and Regency Enterprises

La logique, s’il en est une, est, pour The Big Short – Le Casse du siècle, similaire : dénoncer la fragilité d’un modèle financier corrompu par des hommes inconscients, attirés avant tout par le profit. La chose est tellement déconcertante, énorme (les « idiots » sont réels, pire : ils ont du pouvoir), que McKay préfère en rire (l’improvisation est toujours de rigueur), mais en basant cette fois tout l’intérêt de sa fiction sur des faits et des personnages réels.

Un long-métrage mordant et terriblement efficace

Le récit de The Big Short est ainsi d’une rare pédagogie – il se verra pour cela récompensé d’un Oscar –, et donc, plein comme un œuf : les informations fusent, sont explicitées et imagées par des vedettes dans leur propre rôle, et le spectateur prend la mesure, comme les personnages, du niveau profondément immoral de tout un système bancaire. Pour entériner son film dans une vérité, le cinéaste harnache une caméra à son épaule afin de faire « plus vrai ». Mais il avoue également lorsque les personnages mentent, espèrent, créant un effet de décalage humoristique très efficace et particulièrement édifiant quant à l’éthique de ces banquiers, et la réalité, bien moins rose que l’on veut nous le faire croire. En plus de se jouer de ses personnages pour dénoncer leurs travers (tous veulent le magot, malgré leurs remises en question et Brad Pitt, venu ici faire bonne figure), Le Casse du siècle se présente comme une forme novatrice de cinéma (forme qui sera poussée plus loin encore avec Vice), voulant épouser, incarner le flux d’images perpétuel qu’offre désormais notre société.

(c) Paramount Pictures and Regency Enterprises

Le réalisateur, servi par des choix d’acteurs toujours inspirés, sait peaufiner et mettre en valeur les personnages qu’il met en scène. Ceux-ci sont de surcroît idéalement incarnés : Steve Carell en caution (un peu) morale et tempétueux, Christian Bale en génie qui trouve le bon filon, ou Ryan Gosling en requin, pour ne citer que les plus connus. Ceux-ci sont l’une des attractions d’une grande réussite, mélange divertissant de véritable drame « historique » (et pédagogique), intelligemment mis en scène, et ne prenant pas son spectateur de haut. L’effet est peut-être plus tétanisant encore que l’aurait été un drame plus conventionnel.

Critique : Jean-Paul de Harma

Sortie de la semaine du 23 décembre 2015

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(c) Paramount pictures & Regency Pictures

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