Teddy une comédie lunaire, drôle et inventive, qui s’égare toutefois dans sa dernière partie dédiée au fantastique référentiel.
Synopsis : Dans les Pyrénées, un loup attise la colère des villageois.
Teddy, 19 ans, sans diplôme, vit avec son oncle adoptif et travaille dans un salon de massage. Sa petite amie Rebecca passe bientôt son bac, promise à un avenir radieux. Pour eux, c’est un été ordinaire qui s’annonce.
Mais un soir de pleine lune, Teddy est griffé par une bête inconnue. Les semaines qui suivent, il est pris de curieuses pulsions animales…
Année coronavirussée pour le cinéma de genre français
Critique : Après La nuée, Teddy des frères Boukherma est l’autre film fantastique français à avoir couru les festivals lors de l’année coronavirussée de 2020. Les deux d’ailleurs bénéficiaient d’un beau label Cannes et se sont rencontrés à Gérardmer, en 2021, dans l’espoir d’un rebond, avant la sortie systématiquement repoussée en raison de la fermeture interminable de nos cinémas.
A l’instar de La nuée, Teddy n’est pas une réussite totale. La difficulté résidant encore dans la volonté de jouer sur plusieurs bords, et celui du fantastique (une dernière partie sous forme de soirée de jeunes qui dégénère) est vraiment la moins bonne, car anecdotique dans son écriture et c’est dommage.
Si le virage dans le fantastique ou l’horreur arrive très tard, l’ensemble du métrage est une comédie lunaire, entre Le P’tit Quinquin de Dumont et le cinéma de Quentin Dupieux qui est réjouissante.
Teddy porté par des comédiens épatants
En mettant en scène un petit village près des Pyrénées, oublié de la ville (Perpignan en fait), et d’une réalité moderne, le temps s’arrête sur ce Twin Peaks de notre ruralité. Une cérémonie à ceux qui sont tombés pour la France donne le ton. Les gueules sont de sortie, une petite France comme on l’aime, humble et cocasse, son enquête de police farfelue face aux traces d’un loup qui s’attaque aux troupeaux locaux, son petit salon de massage tenu par l’incroyable Noémie Lvovsky, ses amours d’adolescentes improbables aux accents et à la gouaille du patelin…
Anthony Bajon, confondant de naturel, qu’il soit dans La prière de Cédric Kahn ou Au nom de la terre d’Edouard Bergeon, affole les compteurs. Dans la peau d’un pauvre gars que la simplicité a sorti du circuit scolaire au plus tôt, il tient un jeu ovniesque qui vaudrait au film Teddy une ovation particulière. Il est hilarant, à l’instar de quelques seconds rôles qui jouent du chapeau et nous amusent réellement : on peut parler de coup de cœur à l’égard de son personnage plouc qui se fait, un peu à juste titre, traité de cave.
Nouvelle aventure à Groland
Son récit lunaire dans le ton, sa réalisation et sa musique sont conformes à la rencontre cinématographique que l’on attendait. On retient également l’ombre du loup qui sniffe et croque tout au long de cette aventure grolandaise. En revanche, la partie loup-garou sur laquelle l’affiche promo a jeté son dévolu n’apporte rien à un récit truculent si ce n’est un argument de vente auquel on avait été sensible mais qui, dans sa réalité, est plus frustre qu’engageante.
Au final, Teddy a bien des atouts. Et l’on souhaite un vrai avenir aux frères Boukherma.
Critique de Frédéric Mignard