Sleep (Schlaf) : la critique du film (2021)

Epouvante-Horreur, Fantastique | 1h42min
Note de la rédaction :
8/10
8
Sleep/Schlaf affiche allemande

  • Réalisateur : Michael Venus
  • Acteurs : Sandra Hüller, Gro Swantje Kohlhof
  • Date de sortie: 13 Mai 2021
  • Nationalité : Allemand
  • Année de production : 2020
  • Titre original Schlaf
  • Titres alternatifs : Sleep
  • Réalisateur : Michael Venus
  • Autres acteurs : August Schmölzer, Marion Kracht, Max Hubacher, Martina Schöne-Radunski
  • Scénaristes : Thomas Friedrich, Michael Venus
  • Directeur de la photo : Marius von Felbert
  • Compositeur : Johannes Lehniger, Sebastian Damerius
  • Montage : Silke Olthoff
  • Sociétés de production : Das Kleine Fernsehspiel (ZDF), Junafilm
  • Distributeur : Film inédit en salles. La date ci-dessus est celle de la sortie officielle en VOD en France.
  • Editeur vidéo : -
  • Date de sortie vidéo : -
  • Box-office France / Paris-Périphérie : -
  • Box-office international : -
  • Budget : 1 440 000 euros
  • Festivals : Berlin International Film Festival (2020), Chicago International Film Festival (2020), Festival du Film Fantastique de Gérardmer (2021), Splat! FilmFest 2020 (Pologne)
  • Illustrateur : -
  • Crédits: Das Kleine Fernsehspiel (ZDF), Junafilm
Note des spectateurs :

Sleep (Schlaf) est une puissante introspection de nos cauchemars, mélangeant dans le domaine de l’épouvante les idées absconses de Lynch et Nolan. Mise en abîme vertigineuse et script en enchâssement lorgnant pour le meilleur dans l’horreur diffuse d’Hérédité. La mort en héritage.

Synopsis : Pour lutter contre les intenses cauchemars qui malmènent son sommeil, Marlene se rend dans un hameau reculé dans la montagne qui ressemble étrangement aux lieux de ses effrois nocturnes. Devenue brusquement apathique, elle y est rejointe par sa fille Mona, qui peu à peu découvre la froideur de ce lieu anxiogène. Tandis que cette dernière cherche à comprendre le mal qui paralyse sa mère, elle doit affronter le passé macabre de ce village et les forces menaçantes qui le hantent…

Bienvenue dans le monde de l’étrange

Critique : Présenté aussi bien au prestigieux Festival de Berlin en 2020, ainsi qu’au Festival plus spécialisé Gérardmer 2021 qui a eu lieu en version dématérialisée, Sleep constitue l’une des excellentes surprises de cette année. Ce premier long-métrage de l’Allemand Michael Venus risque bien de diviser le public et les critiques tant le réalisateur s’évertue à abolir les lois traditionnelles de la narration. Certes, Sleep suit bien un chemin narratif sous forme d’enquête, mais contrairement à d’habitude, le film prend des atours de plus en plus mystérieux au fur et à mesure qu’il avance. L’idée étant donc de plonger dans un univers fantastique qui fait fi de tout cartésianisme.

Sur le mode onirique et déstructuré que l’on peut trouver dans les œuvres de David Lynch, Sleep fait s’emboiter différents niveaux de réalité jusqu’à perdre volontairement le spectateur. On peut également y voir l’influence indirecte du cinéma complexe d’un Christopher Nolan avec ses enchâssements narratifs complexes. Toutefois, on peut également citer une autre référence plus germanique puisque Sleep fait également beaucoup penser au très intéressant Hôtel (Hausner, 2004) dans son auscultation précise de lieux plongés dans l’obscurité.

Sandra Hüller, formidable dans Sleep (photo)

© Das Kleine Fernsehspiel (ZDF

Signalons enfin l’utilisation constante de l’univers des contes de fées qui est ici détourné de sa fonction première pour devenir un espace cauchemardesque où peuvent se régler les comptes d’un passé qui ne passe pas.

Sleep ausculte les blessures du passé de l’Allemagne

Effectivement, si bon nombre de métaphores demeurent volontairement obscures, Sleep en profite pour plonger dans le passé douloureux de l’Allemagne. Ainsi, derrière l’apparente quiétude de l’hôtel qui sert de cadre au long-métrage se dissimulent des secrets bien gardés. Michael Venus semble rappeler que l’opulence allemande actuelle est avant tout fondée sur le meurtre de masse. L’un des personnages – on tente d’éviter le spoiler – va montrer peu à peu son vrai visage, celui de la résurgence d’une forme de nazisme basé sur l’exclusion de l’autre et l’effacement pur et simple de ses adversaires et concurrents.

De même, le spectre androgyne qui hante les rêves des personnages rappelle qu’il est né d’une Polonaise et l’élimination par le gaz qui intervient en rêve est un indice supplémentaire de cette dimension historique incluse dans Sleep. Finalement, Michael Venus semble arpenter les cauchemars de l’Allemagne, confrontant ses concitoyens à leur passé peu glorieux et en démontrant que cette tendance n’a pas totalement disparu du paysage national.

Une œuvre hautement anxiogène et déstabilisante

Afin de capter l’attention du spectateur, Michael Venus investit les lieux de l’hôtel avec maestria, utilisant également le son pour susciter l’angoisse. Sans cesse déstabilisé, le spectateur est donc sans cesse en éveil – contrairement aux personnages – pour tenter de décrypter les images qui défilent parfois dans une confusion pensée pour chahuter. Pour cela, Michael Venus s’est appuyé sur des comédiens solides comme Sandra Hüller qui incarne cette mère tétanisée avec beaucoup de conviction. Il faut enfin évoquer l’ambiance sonore et la bande originale maîtrisée de Sebastian Damerius et Johannes Lehniger.

Film énigme qui ne se livre pas facilement, Sleep s’inscrit donc pleinement dans cette veine de films d’horreur étranges dont Ari Aster est l’un des meilleurs représentants avec ses chef d’œuvre que sont Hérédité (2018) et Midsommar (2019). Les cinéphiles feraient bien de se laisser séduire par cette nouvelle proposition d’un cinéma radical qui ne recherche jamais la formule facile et tente de trouver une autre voie pour l’horreur, tout en développant des thématiques fortes.

Resté inédit dans nos salles de cinéma, Sleep vient d’être proposé à la location en VOD et ce coup de foudre de la rédaction mérite amplement d’être découvert par ceux qui aiment sortir de leur zone de confort cinématographique.

Critique de Virgile Dumez

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