Sorti seulement quelques mois après Bianco Apache des mêmes réalisateurs, Scalps se révèle être un film beaucoup plus convaincant.
Synopsis : Des soldats sudistes pillent un campement indien et enlèvent la fille du chef. Celle-ci parvient à s’enfuir et se réfugie dans le ranch de Matt, un ancien soldat.
Critique : En 1987, Bruno Mattei et Claudio Fragasso ont ressuscité le western italien avec le diptyque Scalps/Bianco Apache, deux films mettant en scène des Indiens. Alors que Bianco Apache est une sorte de plaisir coupable, Scalps est un film beaucoup plus présentable. Heureusement, on ne déplore plus la présence d’insupportables stocks-shots d’animaux. Le métrage est aussi beaucoup moins mièvre, en dépit d’une scène d’amour absolument ridicule. De plus, Scalps conserve la principale qualité de son prédécesseur, à savoir, sa grande violence.
Scalps plaira aux amateurs d’action violente
En effet, le film se caractérise par son aspect sadique, le point d’orgue étant atteint lors de la scène de torture du héros. Les sudistes lui plantent des crochets sur le torse et le traînent par terre, attaché à leurs chevaux, pendant plusieurs scènes. Les amateurs de gore en auront pour leur argent car on peut voir des têtes coupées et de nombreuses scènes d’arrachage de scalps. Les scènes d’action sont quant à elles particulièrement efficaces, surtout celles du massacre des Indiens, magnifiée par des mouvements de caméra efficaces. De manière globale, la réalisation est sobre mais incisive. Les réalisateurs proposent des cadrages intéressants, surtout dans la scène de duel final, très bien agencée et proposant de sympathiques variations autour des poncifs léoniens. La musique est plutôt adéquate, mais certaines sonorités synthétiques (années 80 oblige) pourront agacer les puristes.
Des efforts au niveau de l’originalité
Scalps ne manque pas d’idées intéressantes : l’héroïne dispose de flèches explosives et pose des pièges particulièrement vicieux. De là à y voir une influence de Rambo, sorti cinq ans auparavant, il n’y a qu’un pas. Le scénario est simple, mais plutôt efficace. Cette histoire de course-poursuite est suffisamment bien menée pour ne pas susciter l’ennui. De plus, le film propose un embryon de réflexion autour de la thématique du scalp : qui des Indiens ou des Blancs sont les plus sauvages ? Au vu de la scène finale, la réponse est plus que nuancée.
Scalps est une œuvre esthétiquement agréable
Tourné en Andalousie et dans le Lazio, Scalps propose de superbes paysages mis en valeur par une belle photographie. Si les éclairages de jour sont réussis, la nuit est particulièrement ratée, le budget ayant dû partir dans les explosions, impressionnantes au demeurant. Il se dégage une certaine poésie macabre de certains lieux abandonnés (le camp indien brûlé, un village mexicain) dans lesquels les antagonistes traînent le héros. De même, le fort des sudistes est plutôt imposant. Ces derniers sont dirigés par le duo Alberto Farnese / Charly Bravo, qui fonctionne plutôt bien. Face à eux, l’Espagnole Mapy Galan campe une Indienne crédible et forte. Le personnage masculin est plus en retrait, Vassili Karis assurant une prestation un peu fade, mais honorable.
En définitive, Scalps est un western convaincant qui ne souffre pas des tares de son aîné. Il se révèle en conséquence recommandable à un plus large public que celui des seuls aficionados.
Sa sortie en salle, par Les Films Jacques Leitienne sera confidentielle, dans un cinéma de quartier de Paname, en octobre 1987.
Critique : Kevin Martinez