Bianco Apache (White Apache) : la critique du film (1987)

Western | 1h30min
Note de la rédaction :
5/10
5
Bianco Apache de Vincent Dawn (Bruno Mattei)

Note des spectateurs :

Bianco Apache est une curiosité à laquelle les amateurs de western italien doivent laisser sa chance, puisqu’il se distingue par son sadisme décomplexé.

Synopsis : Un chef Indien recueille le fils d’une blanche capturée par sa tribu. L’enfant grandit mais est banni des siens suite à une rixe fratricide. Il va devoir se faire tant bien que mal au monde cruel des visages pales…

Bianco Apache est un film crépusculaire d’une grande noirceur…

Critique : En 1987, alors que le genre est mort et enterré, Bruno Mattei et son comparse Claudio Fragasso dégainent coup sur coup deux westerns : Scalps et Bianco Apache. Ce dernier, qui nous intéresse ici, se fonde sur l’histoire vraie d’un bébé irlandais élevé par des Apaches. Si le film commence de manière tout à fait idyllique, un changement de ton se fait vite sentir. Quelques minutes après le générique, on assiste au massacre d’une famille de Mormons par des bandits. Mattei et Fragasso s’en donnent à cœur joie et filment des scènes d’un grand sadisme. A titre d’exemple, on peut voir les malfrats rouer de coups une femme enceinte.

L’esprit du film est totalement représentatif de ce qui fait le sel du cinéma d’exploitation italien. Ainsi, les méchants ont l’air totalement fous, et l’atmosphère est absolument désespérée. L’aspect extrême et gore du film est indéniablement sa plus grande qualité. C’est aussi en cela qu’il se différencie des westerns italiens des deux décennies précédentes. A ce titre, il constitue une curiosité très intéressante pour les aficionados du genre.

… qui peut aussi basculer dans une esthétique mièvre de roman-photo

Néanmoins, le film essaie de contrebalancer ses excès par des scènes de romance très mièvres. Celles-ci sont la plupart du temps déplorables, à l’exception peut-être de celle mise en parallèle avec la scène de torture de l’héroïne. Ceci crée un décalage assez intéressant entre les situations. Une musique légère accompagne le tout, un procédé rappelant Cannibal Holocaust.

Sebastian Harrison, visiblement ici recommandé par son illustre père Richard, peine à rendre le héros du film crédible. Son physique de jeune premier de roman-photo ne lui confère paradoxalement aucun charisme. Il passe les trois quarts du film torse nu, et sa chevelure très blonde jure avec son costume d’Indien, même si cela est voulu. Harrison peine à exprimer des émotions, ce qui est patent lors de la scène de l’accouchement. A ce propos, il s’agit de la scène la plus surréaliste du film, le bébé semblant sortir de nulle part devant un héros inexpressif, alors que la mère se tient debout. Cette dernière est incarnée par l’Espagnole Lola Forner, beaucoup plus convaincante que son comparse. Mais c’est sans conteste Charly Bravo qui livre la meilleure performance du film en méchant sadique au bord de la folie.

Quelques défauts embarrassants

Si Bianco Apache souffre d’un budget rachitique, il compose assez bien avec cette contrainte. Les décors sont convaincants, puisqu’on retrouve avec plaisir le désert de Tabernas à Almeria, si populaire quelques années auparavant. La réalisation est moyenne, mais loin d’être catastrophique. Les scènes de massacre sont efficaces et les pointes de gore maîtrisées. Malheureusement, elle manque un peu d’inventivité et de personnalité. En effet, les plans les plus recherchés sont directement calqués sur ceux de Leone, à l’image de cette scène où des bandits en cache poussière massacrent une famille indienne.

Le scénario est assez simple, mais se laisse suivre avec plaisir, en dépit de quelques longueurs. La musique de Luigi Ceccarelli est quant à elle assez oubliable, même si le thème final se marie à merveille au dénouement désabusé du métrage. Enfin, le film souffre d’un écueil de taille dans la propension qu’il a à user et abuser de stocks-shots animaliers, qui plus est de mauvaise qualité. Ainsi, Mattei et Fragasso nous servent ainsi le même plan d’un pygargue tournant en l’air plus d’une quinzaine de fois dans le film, ce qui peut se révéler un poil agaçant!

Bianco Apache bénéficie d’un capital sympathie indéniable

Vous l’aurez compris, Bianco Apache manque de finesse. On remarque une volonté de singer le Keoma de Castellari en insufflant un mysticisme de pacotille à l’aide de plans sur la nature et d’un narrateur désabusé. Le tout tombe bien évidemment à plat. Le thème des relations entre les Blancs et les Indiens n’est pas traité de manière subtile, tant les personnages sont manichéens. Toutefois, les excès et le nihilisme de ce sursaut inattendu du genre le rendent plutôt sympathique. Les amateurs de violence all’italiana en auront pour leur argent. Quant aux autres, ils devraient  plutôt se rabattre sur Jonathan Degli Orsi, autre résurgence inopinée du genre, qui sortira sept ans plus tard.

On notera que Bianco Apache, interdit aux moins de 12 ans en 1987, est sorti à Paris dans un seul cinéma, le Ritz, dans le XVIIIe (6 bd de Clichy, Métro Pigalle). Nombre d’entrées inconnu, mais le film, réalisé par “Vincent Dawn” (donc Mattei), tournait en séance permanente de 13h à 24h. Exploité en VHS par Proserpine, le film connut une diffusion discrète en DVD chez SevenSept en 2010.

Critique : Kevin Martinez

Les westerns spaghettis sur CinéDweller

Sorties de la semaine du 26 août 1987

Bianco Apache de Vincent Dawn (Bruno Mattei)

© 1986 Beatrice Film

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