Spin-off sans grand intérêt, Sans un bruit : jour 1 troque ses habits de film apocalyptique pour ceux du mélodrame. Mais l’écriture pataude annule tous les efforts du cinéaste pour nous effrayer ou nous émouvoir.
Synopsis : Suivez une femme qui vit les premières minutes terrifiantes d’une invasion extraterrestre dans la ville la plus bruyante du monde, New York.
Un spin-off de la franchise Sans un bruit
Critique : Dès la sortie de Sans un bruit 2 (John Krasinski, 2020), les exécutifs de chez Paramount Pictures annoncent qu’un troisième film sera produit, mais que celui-ci sera davantage un produit dérivé, sorte de spin-off qui ne reprendrait pas les mêmes personnages, mais se situerait dans le même univers science-fictionnel. Petit à petit, l’idée d’une préquelle se précise et l’ensemble du projet avance assez rapidement avec à sa tête le réalisateur Jeff Nichols (Midnight Special, The Bikeriders). Alors qu’un scénario a bien reçu l’aval du studio, Jeff Nichols préfère déclarer forfait pour « différends artistiques ».
Désormais sans capitaine, le navire finit par atterrir dans les mains du jeune réalisateur Michael Sarnoski qui vient tout juste de se faire repérer par son premier film intitulé Pig (2021) avec Nicolas Cage dans le rôle principal. Finalement, Michael Sarnoski reprend l’écriture intégrale du script qui débouche sur la validation de Sans un bruit : jour 1 (2024) qui sera également produit par Platinum Dunes, la société de Michael Bay.
Et un épisode inutile de plus…
Pour ce troisième volet de l’univers Sans un bruit, le budget a été encore revu à la hausse avec 67 millions de dollars qui ont été nécessaires pour créer l’environnement urbain dans lequel évoluent les personnages. Car la grande nouveauté de cet opus est bien de se situer en plein New York qui est la ville la plus bruyante du monde. Une aubaine donc pour nos extra-terrestres misophones qui dévorent et détruisent toute source de bruit. Comme ses prédécesseurs, Sans un bruit : jour 1 est donc encore une œuvre au high concept, que le script a bien du mal à transformer en histoire réellement intéressante.
Effectivement, la plus grande faiblesse de cette préquelle tient en une écriture particulièrement maladroite et pataude. Tout d’abord, contrairement aux affiches clamant que le métrage fournira aux spectateurs des explications sur l’origine des extra-terrestres, rien ne sera vraiment dit sur le pourquoi et le comment de cette invasion. Au moins, le spectateur pouvait espérer découvrir la sidération de l’humanité face à cette invasion d’abord incompréhensible, mais là encore, le long métrage botte en touche. Effectivement, la protagoniste principale s’évanouit pendant un certain temps et lorsqu’elle se réveille, tout le monde semble avoir compris qu’il faut éviter de faire du bruit pour ne pas exciter les bestioles. Un peu facile.
Vous aimez la pizza… ?
Toutefois, ce ne sont pas les seules erreurs commises par les auteurs de cet opus inutile puisque l’on n’apprend rien de plus sur l’univers développé. Ainsi, l’unique enjeu narratif est de suivre l’évolution des protagonistes d’un point A à un point B en évitant de se faire dévorer. Pire, la protagoniste principale étant en phase terminale d’un cancer, elle souhaite uniquement retrouver le lieu de son enfance où elle mangeait une pizza avec son père. On peut faire plus puissant comme ressort dramatique.
D’ailleurs, cet élément devient de plus en plus prégnant à mesure que les bobines défilent et Sans un bruit : jour 1 se mue progressivement en un mélodrame censé tirer des larmes de crocodiles au grand public. Les séquences improbables, mais « émouvantes » se multiplient au risque de faire même oublier la présence des fameux extra-terrestres. Au bout d’une heure, le temps commence à devenir long, et ceci malgré l’interprétation plutôt poignante de Lupita Nyong’o. Malheureusement, elle est entourée d’un casting plus faible, et notamment de Joseph Quinn qui, avec ses faux airs de Robert Downey Jr, surjoue le brave type paumé qui s’attache à cette femme condamnée d’avance. Le duo ne fonctionne pas vraiment à l’écran.
Un chat qui reste en travers de la gorge
Enfin, qui a pu valider l’idée de mettre dans les bras de l’héroïne un chat ? Il s’agit assurément du matou le plus obéissant et le moins bruyant de toute la création. Pas un miaulement sur l’ensemble de la projection, pas un mouvement de trop et aucune réaction instinctive contre-productive, contrairement à l’ensemble des félidés, bien connus pour leur caractère incontrôlable et leur farouche indépendance. Sa présence constante s’avère totalement incongrue et vient renforcer l’impression d’assister à un spectacle factice.
Si l’on excepte toutes ces réserves, Sans un bruit : jour 1 n’est toutefois pas exempt de quelques qualités. Tout d’abord, la réalisation de Michael Sarnoski est plutôt efficace et le bonhomme sait gérer les moments de stress et de suspense. On peut juste regretter qu’ils ne soient pas au cœur du long métrage. Les attaques des extra-terrestres donnent donc lieu à quelques bonnes séquences de frousse, tandis que les images de dévastation de New York font leur petit effet. Mais là encore, est-ce vraiment suffisant pour se distinguer de tout un pan de la production américaine actuelle visible sur la plateforme Netflix ? Pas vraiment.
En somme, Sans un bruit : jour 1 confirme le sentiment déjà éprouvé devant Sans un bruit 2, à savoir que le concept était intéressant sur un film, mais qu’il est insuffisant pour une exploitation au long cours.
Critique de Virgile Dumez
Les sorties de la semaine du 26 juin 2024
Biographies +
Michael Sarnoski, Lupita Nyong’o, Alex Wolff, Djimon Hounsou, Joseph Quinn
Mots clés
Franchise : Sans un bruit, L’apocalypse au cinéma, Les attaques extra-terrestres au cinéma, New York au cinéma, Le chat au cinéma