Roy Colt et Winchester Jack : la critique du film (1970)

Western | 1h25min
Note de la rédaction :
4/10
4
Roy Colt et Winchester Jack

  • Réalisateur : Mario Bava
  • Acteurs : Charles Southwood, Marilù Tolo, Brett Halsey, Teodoro Corrà, Pietro Torrisi, Federico Boido
  • Date de sortie: 13 Août 1970
  • Nationalité : Italien
  • Titre original : Roy Colt e Winchester Jack
  • Scénaristes : Mario di Nardo, Mario Bava
  • Directeur de la photographie : Antonio Rinaldi
  • Editeur vidéo : Zylo
  • Sortie vidéo (DVD) : 3 juin 2014
  • Box-office France : Inédit en salles
  • Format : 1.85:1
  • Crédits visuels : © ZYLO 2014 - Tous droits réservés © Eurolondon films
  • Distribution : Film inédit à Paris. La date ci-dessus est celle de la sortie italienne.
Note des spectateurs :

Avec Roy Colt et Winchester Jack, Mario Bava s’essaie avec plus ou moins de bonheur au western parodique tendance Trinita.

Synopsis : Roy Colt et Winchester Jack, amis, mais aussi rivaux se retrouvent sur la piste d’un trésor. Qui des deux, d’un bandit nommé le révérend et d’une Indienne, remportera la mise ?

Critique : En 1970, Mario Bava signe son troisième et dernier western, Roy Colt et Winchester Jack. Il succède ainsi à Arizona Bill en 1964 et Les dollars du Nebraska en 1966. Dès les premières scènes, le film donne le ton avec l’irruption d’un bandit bardé de tics ridicules que Roy Colt s’empressera d’exécuter  sur-le-champ. Le film a beau être sorti à peine un mois après On l’appelle Trinita, il place déjà le curseur un peu plus haut en terme de lourdeur. En effet, le métrage cumule les scènes de mauvais goût, l’acmé étant celle se déroulant dans une maison close, absolument affligeante.

Roy Colt et Winchester Jack n’est pas vraiment aidé par ses acteurs

A l’instar de Méfie toi Ben, Charlie veut ta peau ou Tire, Django, tire, Roy Colt et Winchester Jack est bâti autour de la relation complexe liant ses protagonistes. Malheureusement, les Américains Brett Halsey et Charles Southwood peinent à convaincre dans les rôles-titres. Certes, leurs personnages ne sont pas très épais, mais ils manquent cruellement de charisme. C’est ainsi qu’ils se font voler la vedette par Marilù Tolo, qui confère beaucoup de malice et de prestance à son personnage. Tolo incarne ici une Indienne très vénale, prête à offrir ses charmes au plus fortuné et souhaitant épouser quiconque pourra l’entretenir. Elle préfigure ainsi le personnage que jouera Gina Lollobrigida l’année d’après dans Les quatre mercenaires d’El Paso. L’Italien Teodoro Corrà cabotine à outrance dans un rôle d’antagoniste russe. A noter que le doublage français (par ailleurs catastrophique) n’a pas conservé son accent russe.

Un budget et un aspect artistique à la traîne

Comme beaucoup de productions du genre, Roy Colt et Winchester Jack souffre regrettablement d’un budget au ras des pâquerettes. Les séquences nocturnes sont réalisées au filtre, et les décors sont ignobles. En plus du traditionnel village, Bava ne dispose que d’une carrière et d’un bord de mer. Il essaie de sauver les meubles à grands renforts d’incrustations de Monument Valley et de cactus factices, pour un résultat qui laisse assez dubitatif. Si l’histoire de chasse au trésor offre un certain cadre au film, les dernières vingt minutes sont percluses de longueurs et donnent la désagréable impression d’être devant un film bancal. La musique de Piero Umilani ne parvient pas à faire passer la pilule, car si elle n’est pas désagréable, elle demeure beaucoup trop générique.

Les seules vraies qualités de Roy Colt et Winchester Jack se trouvent sur le plan technique

Mario Bava oblige, certaines compositions du film sont visuellement intéressantes, à l’instar de cette scène dans une grotte superbement éclairée en bleu. Aidé par Antonio Rinaldi à la photographie, Bava place sa caméra astucieusement et se permet quelques expérimentations. Cela est particulièrement manifeste au moment de la découverte du trésor, où la caméra semble plonger sous terre. Le réalisateur nous propose quelques scènes de combat efficaces, à la faveur d’un montage rapide. Enfin, Bava use et abuse du zoom, mais fait un usage intéressant du gros plan, que ce soit pour magnifier ou ridiculiser un personnage.

En définitive, Roy Colt et Winchester Jack n’est pas un film qui fait honneur à son auteur. S’il a lui même décidé de transformer en parodie un script original beaucoup plus sérieux, le résultat s’avère peu concluant. Inédit au cinéma en France, le film a bénéficié d’une diffusion sur Canal+, qui a permis aux fans curieux de se faire un avis. Le constat est sans appel : s’il est incontestable que Bava excelle dans l’horreur, on peut difficilement en dire autant pour ce qui est du western.

Critique : Kevin Martinez

Les westerns spaghettis sur CinéDweller

Roy Colt et Winchester Jack

© ZYLO 2014 – Tous droits réservés © Eurolondon films

x