Loin d’être aussi passionnant que le Braveheart de Mel Gibson, Rob Roy se contente de divertir le public avec une histoire classique et une réalisation passe-partout. Agréable, tout de même.
Synopsis : Evocation de la légende de Robert MacGregor, dit Rob Roy, chef d’un clan de deux cents villageois au début du XVIIIe siècle dans les Highlands, qui tint tête à une aristocratie félonne et corrompue.
Critique : Révélé par son premier long-métrage sur l’affaire Profumo (Scandal en 1989), le réalisateur écossais Michael Caton-Jones est rapidement devenu un simple exécutant à la solde des grands studios hollywoodiens. Sans doute à cause de ses origines écossaises, le cinéaste se voit confier en 1995 la réalisation de ce Rob Roy qui raconte les aventures mythiques d’un Robin des bois made in Scotland. Avec un budget assez confortable de 28 millions de dollars, Caton-Jones réunit un casting qui compte surfer sur la récente notoriété acquise par Liam Neeson (qui sort tout juste du triomphe de La liste de Schindler (1993) et de Tim Roth (révélé peu de temps auparavant grâce aux deux premiers longs métrages de Tarantino, Reservoir dogs et Pulp fiction). A ces étoiles montantes, le cinéaste adjoint d’anciennes gloires comme Jessica Lange ou John Hurt.
© 1995 United Artists Pictures Inc, MGM. All Rights Reserved.
Malgré un professionnalisme qu’on ne pourra guère remettre en cause, toute cette fine équipe passe à côté du grand film épique promis pour ne signer qu’un divertissement agréable, mais terriblement convenu. Visiblement fan des films d’aventures à la Errol Flynn, réalisés en leur temps par Michael Curtiz ou encore Richard Thorpe, Michael Caton-Jones ne cherche à aucun moment à dépasser le stade de l’illustration. Volontairement modeste, le résultat final s’avère finalement étrangement anti-commercial par son désir de rester proche des personnages principaux sans jamais avoir recours à des effets faciles.
Edition Fnac exclusive de Rob Roy (2021) © 1995 United Artists Pictures Inc, MGM. All Rights Reserved.
Dépourvu d’action, Rob Roy n’est pourtant jamais ennuyeux grâce à un scénario malin qui reprend à son compte tous les clichés du film de cape et d’épées des années 30-40. On y trouve un héros qui combat pour l’honneur de sa famille, deux méchants particulièrement détestables (Tim Roth qui en fait des tonnes) et même un duel final gentiment classique (et dénué de toute musique, ce qui étonne fortement). La réalisation de Caton-Jones, d’un classicisme à la lisière de l’académisme, ne sublime à aucun moment son sujet et s’efface systématiquement, au risque de rendre certaines séquences insipides. En tant qu’hommage à un certain cinéma de l’âge d’or hollywoodien, Rob Roy se regarde avec plaisir. Son modeste impact sur le box-office de l’époque (seulement 31 millions de dollars engrangés aux Etats-Unis et 363 000 entrées / France) est là pour prouver le peu d’enthousiasme du public envers ce type de divertissement, désormais démodé.
Critique de Virgile Dumez
Sorties de la semaine du 7 juin 1995
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© United Artists, MGM. All Rights Reserved.
Biographies +
Michael Caton-Jones, Liam Neeson, Jessica Lange, Tim Roth, Jason Flemyng, Brian Cox, Eric Stoltz, John Hurt, David Hayman
Mots clés
Cinéma américain, L’Ecosse au cinéma, 1995, Film en costume, Les Films à Oscars