Paris au mois d’août : critique du film et test blu-ray (1966)

Comédie romantique | 1h43min
Note de la rédaction :
6/10
6
Paris au mois d'août, affiche

Note des spectateurs :

Jolie comédie romantique, Paris au mois d’août, quatrième long-métrage de Pierre Granier-Deferre, bénéficie du charme de son duo d’acteurs et d’une attention particulière au cadre d’un Paris désormais disparu. Une belle découverte.

Synopsis : Un homme reste seul à Paris durant le mois d’août pendant que femme et enfants partent en vacances. Il fait la rencontre d’une jeune anglaise se présentant comme mannequin venue à Paris pour un shooting. C’est l’histoire du dernier amour de vacances d’un homme dans la quarantaine, qui envoie en l’air toutes ses obligations pour vivre une passion d’autant plus forte qu’elle est condamnée par la fin des vacances.

Critique : Après avoir collaboré avec succès sur La métamorphose des cloportes en 1965, le cinéaste Pierre Granier-Deferre et le chanteur Charles Aznavour se retrouvent sur un projet apporté par la star de la chanson. Entiché du roman de René Fallet Paris au mois d’août paru en 1964, Aznavour en propose effectivement la réalisation à Granier-Deferre qui y voit l’opportunité de changer de registre après un polar. Il peut ainsi raconter une histoire d’une simplicité étonnante (une  aventure adultère) en s’appuyant uniquement sur le charme de ses interprètes et en mettant en valeur le cadre d’un Paris désert suite aux départs en vacances du mois d’août.

Photo promotionnelle proposée par Pathé. Droits réservés.

Le charme qui se dégage de cette intrigue séminale vient tout d’abord de cette capacité à filmer la capitale française sans succomber aux chromos touristiques, mais en apportant une touche de réalisme bienvenu. Ainsi, le cinéaste se plaît à filmer les boulevards vidés de leur population et de la circulation automobile. Il en profite d’ailleurs pour emprunter certaines figures stylistiques aux apôtres de la Nouvelle Vague en tournant directement dans la rue, sans prévenir les passants, avec une caméra très mobile et parfois instable. Un style plutôt inhabituel pour Granier-Deferre qui semble d’une plus grande liberté formelle que sur ses œuvres ultérieures.

Paris au mois d’août, le charme d’une ville et d’un duo d’acteurs touchants

Copyright 1966 C.F.D.C. – Illustrateur : Maschii

Autre phénomène remarquable, le réalisateur s’appuie sur le charme de son duo d’acteurs pour livrer l’histoire touchante d’un amour impossible entre un homme marié et une jeune Anglaise en bordée à Paris. Si Charles Aznavour joue sa participation sobrement, il offre un parfait contre-pied à la lumineuse Susan Hampshire (vedette de la télévision britannique ayant peu brillé au cinéma). Leur duo fonctionne à merveille et finit par bouleverser lorsque le sort s’acharne sur eux pour les séparer à jamais. Il faut également souligner la présence amusante des copains du héros incarnés par des pointures comme Michel de Ré et Daniel Ivernel. Leur présence vient égayer la romance d’une pointe de comédie, notamment par l’apport de savoureux dialogues d’Henri Jeanson. Certes, l’aspect très littéraire de leurs réparties nous ramène immédiatement à une tradition théâtrale du cinéma français (plutôt ancrée dans les années 30), mais cet aspect suranné participe aussi au charme décalé de cette romance séduisante.

Comme hors du temps, Paris au mois d’août apparaît comme une joyeuse parenthèse dans la carrière de ses auteurs, mais aussi pour le spectateur qui saura en goûter les charmes. Considéré à l’époque comme l’un des meilleurs films de Granier-Deferre, le métrage a connu un succès d’estime tout à fait correct en attirant 720 926 spectateurs désireux de se changer les idées. Il est important également de signaler le joli succès rencontré par la très belle chanson éponyme, chantée avec talent par Aznavour, sur une superbe musique de son complice Georges Garvarentz. Elle contribue assurément à faire de cette œuvre une jolie découverte pour les cinéphiles d’aujourd’hui.

Critique de Virgile Dumez

Test blu-ray Paris au mois d’août

Copyright 2019 Pathé Films. Tous droits réservés.

Compléments : 2,5/5

 Le principal supplément est constitué d’un documentaire rétrospectif (28min) où interviennent Erik Berchot (le pianiste d’Aznavour), Jacques Layani (spécialiste de Granier-Deferre) et Daniel Pantchenko (biographe d’Aznavour). Si ces derniers évoquent assez rapidement la conception du film en question, la plupart finissent en réalité par rendre hommage au grand Charles Aznavour. Certes, leurs propos sont intéressants, mais ils manquent peut-être d’éléments factuels propres à satisfaire les cinéphiles. Il s’agit donc d’un bonus surtout destiné aux fans d’Aznavour.

D’autres documents tirés des archives de Pathé sont disponibles pour 10min supplémentaires. Certains évoquent les départs en vacances des années 60 (superficiel), d’autres montrent Charles Aznavour dans les coulisses de son tour de chant et interrogé sur sa carrière d’acteur.

 

Image : 4,5/5

La restauration 2K menée par Pathé en 2018 est de toute beauté. La qualité du noir et blanc est impeccable, toutes les scories ayant été éliminées. On notera également une très belle définition de l’image et une absence de défauts techniques. Du très bon boulot et un rendu optimal.

Son : 4/5

Très bel équilibre pour cette piste mono qui ne sature jamais et qui permet de profiter de voix claires et d’une musique parfaitement retranscrite. On notera également la présence de sous-titres pour malentendants.

Photo promotionnelle proposée par Pathé. Droits réservés.

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