Regards ouateux sur une jeunesse en quête d’identité, flirtant avec vertige et abîmes : Palo Alto est un coup d’essai réussi pour Gia Coppola.
Synopsis : Piégés dans le confort de leur banlieue chic, Teddy, April, Fred et Emily, adolescents livrés à eux-mêmes, cherchent leur place dans le monde. Ils ont soif de sensations fortes et testent leurs limites. L’alcool, les drogues et le sexe trompent leur ennui. Ils errent sans but dans les rues ombragées de Palo Alto incapables de voir clair dans le tourbillon confus de leurs émotions. Sauront-ils éviter les dangers du monde réel ?
L’adolescence américaine vue des sommets idylliques de la banlieues chic de Palo Alto
Critique : Coup d’essai réussi pour la petite-fille de Francis Ford Coppola et nièce de Sofia. Son premier long, produit sur le principe du Crowdfunding, séduit dès les premiers instants dans un univers balisé que sa tante avait elle-même exploité avec grâce dans Virgin Suicides et une certaine forme de complaisance arty dans Bling Ring.
Le point de départ du film est une série de nouvelles du polyvalent James Franco. La jeune réalisatrice en a regroupé trois pour mener à bien un premier essai qu’elle aime décrire comme une “combinaison entre La dernière séance de Bogdanovich et de Breakfast Club” de John Hugues. Le propos est connu, les errances de jeunes gens paumés, entre fêtes arrosées, drogues et quête de soi dans les expériences charnelles. Il s’agit ici, comme ailleurs, y compris dans le cinéma âpre d’Harmony Korine (Spring breakers), de se forger une existence individuelle, dans la constellation des cours de récréation.
Macrocosme d’une jeunesse contemporaine portée sur les dérives sans retour…
Chaque personnalité répond à l’autre, en dissimulant ses failles dans des excès de pitreries plus ou moins dangereuses, comme l’un des protagonistes centraux, irrémédiablement attiré par l’autodestruction, ou en exposant ses névroses naissantes, avec plus ou moins d’impudeur, comme cette ado qui pratique facilement le sexe avec les garçons en cherchant avec obsession l’acceptation de l’autre alors qu’en retour elle n’en est que davantage souillée.
© Tribeca Film, Rabbit Bandini Productions. All Rights Reserved.
Dans cet échantillon d’une certaine jeunesse dorée américaine, on retrouve l’universalité des premiers émois, des doutes et des colères, alors que les deux principaux protagonistes joués par le fils de Val Kilmer et la nièce de Julia Roberts, tendent vers davantage de douceur et de maturité dans le macrocosme d’une jeunesse contemporaine portée sur les dérives sans retour…
Une œuvre à la beauté vaporeuse et mélancolique
Gia Coppola cadre magnifiquement ces figures en manipulant tous les codes indie, avec des images à la beauté souvent éblouissante, toujours empreintes d’élégance et de vénusté, et enveloppées par une musique, principalement électronique, ou du moins vaporeuse et mélancolique. Les âmes égarées évoluent dans un environnement cinématographiquement éthéré, évocateur des grands titres du teen-movie indépendant. La pertinence des personnages n’en ressort toutefois jamais amoindrie par ces fantaisies posées qui pourraient apparaître comme autant d’afféteries et de répétitions par rapport aux antécédents familiaux.
Ouateux et incisif à la fois, Palo Alto pose avec une certaine sagesse son regard propre sur une jeunesse bien connue. Si l’originalité n’y est pas, le talent, lui, imprègne chaque scène. Et l’on se met à aimer davantage le cinéma de la jeune Gia que celui de Sofia. Quant à Roman, on n’en parle même pas…
© Tribeca Film, Rabbit Bandini Productions. All Rights Reserved.
Box-office de Palo Alto
Totalement passé inaperçu en France lors de sa sortie en juin 2014, malgré une sélection à Cannes, Palo Alto n’a été vu par personne ou presque (35.000 entrées !). Même constat d’échec aux USA où le premier film de Gia Coppola, nièce de Sofia, est resté sous la barre du million de dollars de recettes. Un résultat décevant qui ne rend pas justice à la beauté réelle du métrage, toujours intrigant dans son approche de l’adolescence, ses doutes et ses douleurs. On pense évidemment à Virgin suicides dont Palo Alto est dans la lignée directe, une très belle engeance, effectivement.
Distribué dans 49 cinémas le 11 juin 2014, Palo Alto a démarré sa carrière à 16 370 spectateurs France. Il doublera à peine ses entrées en fin de carrière, passant à 8 281 spectateurs en 2e semaine (-49%), puis à 5 151 entrées (-38%) en 3e semaine.
Palo Alto sera à peine vu en province. Ainsi, 58% de ses entrées ont été collectées sur la capitale.
La dynastie des Coppola
Sorties de la semaine du 11 juin 2014
© Pathé Films
Le test blu-ray
Packaging & Compléments : 2.5 / 5
Un seul supplément sur la galette, un making-of de 34mn, tourné en noir et blanc, qui est à l’image du film, esthétique, magnifiquement photographié, dans une approche humaine du tournage, avec sa présentation des différents protagonistes, des acteurs… James Franco intervient beaucoup pour expliquer ce récit de jeunesse, qui est plus ou moins le sien.
Un modèle de making-of. Il est accompagné d’une bande-annonce.
L’image : 4 / 5
Copie toujours fidèle à l’esthétique feutrée du film. Les éclairages sont soignés et plutôt bien rendus par le blu-ray. On est toutefois un peu déçu par la richesse d’informations à l’écran, la précision n’est pas poussée à son paroxysme, elle s’avère en fait irrégulière, avec quelques flous, notamment lors des séquences nocturnes, alors que certains plans lumineux offrent tout le confort attendu par une galette blu-ray.
Le son : 4 / 5
La piste 5.1 DTS HD Master Audio, en version originale, est subtile, mettant en adéquation la musique électronique, l’environnement sonore, et des dialogues toujours placés à la bonne hauteur.
La spatialisation est fouillée, sans en faire trop.
La VF est un brin moins pertinente, notamment dans ses voix et son doublage, forcément moins naturels.
© Tribeca Film, Rabbit Bandini Productions. All Rights Reserved.
Biographies +
Gia Coppola, Jack Kilmer, James Franco, Val Kilmer, Emma Roberts, Nat Wolff, Talia Shire