Mort sur le gril (Crimewave) : la critique du film (1986)

Comédie noire | 1h26min
Note de la rédaction :
8/10
8
Mort sur le gril, affiche française de Crimewave de Sam Raimi par Gédébé (1985)

  • Réalisateur : Sam Raimi
  • Acteurs : Bruce Campbell, Reed Birney, Sheree J. Wilson, Paul Smith, Brion James, Louise Lasser
  • Date de sortie: 15 Jan 1986
  • Nationalité : Américain
  • Titre original : Crimewave
  • Titres alternatifs : Mort sur le grille, Die Killer-Akademie (Allemagne de l'Ouest), I due criminali più pazzi del mondo (Italie), The XYZ Murders (USA), Dois Heróis Bem Trapalhões (Brésil), Ola de crímenes, ola de risas (Espagne), Academia de locos (Mexique), Crazy crimewave (Norvège), La Fiesta Del Crimen (Argentine), O Pequeno Crime (Portugal)
  • Année de production : 1985
  • Scénariste(s) : Sam Raimi, Joel & Ethan Coen
  • Directeur de la photographie : Robert Primes
  • Compositeur : Arlon Ober
  • Société(s) de production : Renaissance Pictures, Embassy Pictures
  • Distributeur (1ère sortie) : UGC - Europe 1
  • Distributeur (reprise) : -
  • Date de reprise : -
  • Éditeur(s) vidéo : Embassy Warner (VHS), TF1 Vidéo (VHS), Canal + (VHS, 2000), StudioCanal (DVD), Shout Factory (blu-ray USA)
  • Date de sortie vidéo : 18 septembre 2012 (DVD StudioCanal)
  • Box-office France / Paris-périphérie : 135 893 / 46 656 entrées
  • Box-office nord-américain 5 101 $
  • Budget : 3 000 000$
  • Rentabilité : -
  • Classification : Tous publics
  • Formats : 1.85 : 1 / Couleurs - 35 mm - Technicolor / Son : Moni
  • Festivals et récompenses : Hors Compétition Avoriaz 1986
  • Illustrateur / Création graphique : © Gédébé by Spadem - Mark (bandeau)
  • Crédits : © 1985 Embassy Films Associates © 1985 DEG SALE Company BV Une filiale de Canal +, une filiale de Canal +. Tous droits réservés.
Note des spectateurs :

Comédie débridée qui s’inspire de l’humour décalé des Three Stooges et des cartoons de Tex Avery, Mort sur le gril est le second film de Sam Raimi après Evil Dead. Un pur délire foutraque qui mérite mieux que sa triste réputation.

Synopsis : Par une nuit d’orage, à Denver, Colorado… Vic Ajax, le héros, va se mettre dans de sales draps. Non seulement parce qu’il est amoureux, mais surtout parce que son patron a décidé cette nuit de se débarrasser de son associé.

Une comédie débridée grillée au box-office international

Critique : Cinéaste culte dès son tout premier long-métrage, l’impeccable Evil dead, Sam Raimi a disposé d’un budget légèrement plus conséquent (environ 3 millions de dollars) afin de tourner une comédie délirante tirée d’un scénario des frères Coen. Ethan et Joel Coen sortaient tous deux du succès de Sang pour Sang et étaient la révélation du film noir de l’année 85. Mort sur le gril (1985) aurait donc dû attiser la curiosité du public, mais il fut pourtant un échec commercial cinglant, doublé d’une réception critique assez calamiteuse. Aux USA, il sera distribué bien après nombre de pays européens, signe de l’embarras de Columbia Pictures qui ne savait trop quoi faire du rejeton débridé de Sam Raimi.

Là où le public attendait un nouveau film d’horreur qui repousserait les limites de la peur et du gore, le cinéaste préfère donner libre cours à un humour cocasse effréné, largement inspiré par les délires des Three Stooges qu’il admire profondément. Bercé dans sa jeunesse par leur humour nonsensique et par les cartoons de Tex Avery, Raimi tient ici à rendre un vibrant hommage à ce type de comédies, au risque de désappointer sa fanbase. Si ce type de spectacle régressif a désarçonné à l’époque, il étonne moins de nos jours puisque Sam Raimi a confirmé par la suite son goût pour cet humour délirant (on se souvient des cartoonesques Evil dead 2L’armée des ténèbres ou encore Jusqu’en enfer). Avec le recul des années, il est donc temps de réévaluer à sa juste valeur ce Crimewave foutraque, mais ô combien revigorant.

L'affiche cannoise de Crimewave (Mort sur le gril)

© 1985 Embassy Films Associates

Un divertissement noir à mi-chemin entre les frères Coen et le cinéma de Sam Raimi

Très marquée durant sa première demi-heure par l’écriture des frères Coen qui s’orientent invariablement vers le cinéma noir de l’âge d’or de Hollywood, l’écriture annonce les futurs débordements d’Arizona junior (les frères Coen, 1987), avec ses personnages de minables qui ne parviennent jamais à accomplir quoi que ce soit. Ainsi, les associés qui se déchirent pour la succession de leur magasin, mais également l’improbable duo de tueurs profondément loufoques dans leur imbécilité (les grands Paul Smith et Brion James) s’inscrivent totalement dans l’univers du terroir des Coen. Toutefois, la patte de Sam Raimi prend peu à peu le dessus, notamment sur le plan visuel avec des éclairages expressionnistes violemment bariolés et des décors qui dénoncent à chaque seconde leur caractère factice mais ont pour but de moderniser le cinéma noir classique. Vic Ajax, le personnage principal, sorte de nerd amoureux fou d’une femme qu’il ne pourra jamais avoir, anticipe le Peter Parker de la saga Spider-Man tout en tissant un lien avec le passé hollywoodien, celui de James Stewart notamment.

Dynamité par un humour décalé toujours au bord de l’hystérie, Mort sur le gril est donc une œuvre où pointent une certaine naïveté et un romantisme sincère, sans cesse contrebalancés par des gags plus ou moins efficaces. Les seconds rôles sont aussi déconcertants que le ton. La folie douce de l’ex de Woody Allen, Louise Lasser, qu’on allait bientôt retrouver aux portes de la démence dans le bisseux Blood Rage, fait partie des nombreux atouts de cette production déjantée jusque dans le choix des interprètes. Paul Smith, personnage répugnant dans Dune de David Lynch n’a-t-il pas été utilisé comme le sosie de Bud Spencer dans de faux Trinita, où il était assisté du même acteur sosie de Terence Hill ?

Sans être le meilleur film de son auteur, Crimewave, film maudit, flop mondial qui aura bien du mal à se refaire une santé en VHS ou en DVD, témoigne aujourd’hui de la grande cohérence interne de l’œuvre de Raimi. Formellement brillant, le résultat final est certes inégal, mais aussi profondément attachant dans son extrême sincérité et sa foncière générosité. Le plus méconnu des films de son auteur, Mort sur le gril, semble hors compétition dans son œuvre, comme il le fut à Avoriaz où Richard Lester présidait un jury notamment constitué de Luc Besson et Dario Argento.

Critique de Virgile Dumez

Les sorties de la semaine du 15 janvier 1986

Mort sur le gril, affiche française de Crimewave de Sam Raimi par Gédébé (1985)

© Gédébé by Spadem

Box-office :

Sorti le 15 janvier 1986, Mort sur le gril bénéficiait d’une exposition à Avoriaz où la comédie était projetée hors compétition, mais le second long de Sam Raimi devait affronter un grand nombre de nouveautés. Pour son premier jour, il réalisait 2 502 entrées dans 18 salles. Face à lui, L’exécutrice avec Brigitte Lahaie ( 1 603 entrées/15 salles), et le mondo Les interdits du monde (2 434 entrées/7 salles), baissaient le pantalon. Peur bleue d’après Stephen King démarrait convenablement (5 833/30), Haut les flingues avec Eastwood et Reynolds faisait le plein (9 130/35) et les films à Oscars Plenty (2 886/14) et Soleil de nuit (4 798/29) étaient parés de bonnes intentions.

A l’issue de la première semaine, la comédie noire entrait en 11e position avec 23 982 spectateurs. Le classement était dominé par L’honneur des Prizzi de John Huston qui demeurait pour la seconde fois en première position. Haut les cœurs était 2e (61 915), Soleil de Nuit 3e (59 023), Peur bleue s’infiltrait par infraction en 5e place (46 039)…Le manque d’écrans et de notoriété laissait le Sam Raimi grillé dès sa sortie.

Quels cinéma diffusaient Mort sur le gril ?

Sur Paris intramuros, on pouvait découvrir Mort sur le gril dans 11 cinémas : l’UGC Ermitage, l’UGC Rotonde, le Rex, le Ciné Beaubourg, le Saint-Germain Huchette, le Paramount Galaxie, les Images, l’UGC Boulevard et l’UGC Gobelins, les 3 Murat et les Montparnos.

En 2e semaine, Crimewave périclitait. La sortie de Rocky IV, blockbuster qui ouvrait à plus de 437 000 boxeurs parisiens, laissait peu de place à ses concurrents. Sam Raimi s’établissait à 11 622 entrées sur 12 salles. Le déclin était amorcé. Le distributeur lui trouvait 4 salles en intramuros pour sa troisième semaine, dont deux dans son circuit direct (l’UGC Ermitage, l’UGC Rotonde, en plus du Rex et du Ciné Beaubourg). Le résultat de 4 668 spectateurs permettait à Mort sur le gril de se hisser au-dessus des 40 000 spectateurs.

Pour sa 4e semaine d’exclusivité, Mort sur le gril délivrait 2 937 tickets sur 3 écrans. La semaine suivante sur le seul UGC Montparnasse, la comédie loufoque déroutait 2 046 voyageurs. 1 321 s’y presseraient encore la semaine suivante pour son ultime semaine d’exploitation.

Depuis, le film a eu un film chaotique, une diffusion sur Canal+, puis sur une chaîne nationale dans les années 90, des VHS avec des visuels assez laids. L’ère du DVD et du blu-ray n’aideront pas, les visuels qui accompagneront le film seront systématiquement ratés, peu importe le pays… Crimewave est un film maudit.

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Mort sur le gril, affiche française de Crimewave de Sam Raimi par Gédébé (1985)

Bande-annonce de Mort sur le gril (Crimewave)

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