Avec Slumdog Millionaire, Danny Boyle revisite Bollywood pour un conte euphorique et stylé. Carrément emballant. Le plus gros succès de la carrière du cinéaste écossais, avec notamment huit Oscars à la clé.
Synopsis : Jamal Malik, 18 ans, orphelin vivant dans les taudis de Mumbai, est sur le point de remporter la somme colossale de 20 millions de roupies lors de la version indienne de l’émission Qui veut gagner des millions ? Il n’est plus qu’à une question de la victoire lorsque la police l’arrête sur un soupçon de tricherie. Sommé de justifier ses bonnes réponses, Jamal explique d’où lui viennent ses connaissances et raconte sa vie dans la rue, ses histoires de famille et même celle de cette fille dont il est tombé amoureux et qu’il a perdue. Mais comment ce jeune homme est-il parvenu en finale d’une émission de télévision ? La réponse ne fait pas partie du jeu, mais elle est passionnante.
Slumdog Millionaire, un phénomène de société
Critique : Avec sa caméra, Danny Boyle est un prince. Un dieu de l’image, capable d’exporter son style visuel unique – beaucoup d’épate, certes, mais surtout un savoir-faire providentiel – vers l’Inde contemporaine.
Avec Slumdog Milionaire, le réalisateur brillant de Trainspotting et Sunshine revigore son cinéma en le baignant dans l’énergie, le bouillonnement et la candeur des œuvres de Bollywood. Passé la reconnaissance de ses cadrages tarabiscotés et de son montage nerveux, la trace du cinéaste écossais se dissipe peu à peu au profit d’un conte juvénile à la fraîcheur 100% indienne, qui se soustrait des codes occidentaux pour finalement imposer le panache local. La crudité des premiers instants, qui ne sont pas sans rappeler la fureur du pamphlet brésilien La cité des hommes, cède le pas à une histoire naïve de jeu télévisé et de destinées amoureuses, dont on ressort aussi léger que conquis par sa positivité engendré aussi par le script de Simon Beaufoy, spécialiste du cinéma social britannique à haute teneur humoristique (c’est lui qui a écrit The Full Monty, Les géants, ou Miss Pettigrew, avec Frances Macdormand).
Le plus gros succès de la carrière de Danny Boyle
L’euphorie générale, plus de 45M$ de dollars aux USA (et ce n’est qu’un début), ses Golden Globes (dont ceux du meilleur film dramatique et du meilleur réalisateur) et une carrière internationale phénomène, tout cela permet à Danny Boyle de décrocher le gros lot au jeu de Qui veut gagner des millions, à la surprise générale. Une belle revanche pour une toute petite production de 15 millions de dollars qui paraît en avoir coûté au moins 70 et qui intervient dans la carrière de l’artiste au bon moment après l’échec cinglant et injuste du crépusculaire space opéra Sunshine. Slumdog millionnaire, couronné de 8 Oscars et de récompenses prestigieuses dans le monde, dépassera les 140 millions de dollars aux USA et remettra Boyle en scelle pour dix belles années de plus, jusqu’au succès commercial d’un autre feel-good movie: Yesterday.
Si les fans purs et durs de Boyle préfèrent toujours les œuvres qu’il a réalisées sur les scénarios de ses plus fidèles collaborateur (Alex Garland et John Hodge), et remettent en cause la naïveté de regard sur la misère humaine (esthétisation des bidonvilles…) et l’appropriation culturelle de la démarche, la réalité critique de l’époque et l’attachement du grand public pour cette oeuvre démontrent le succès général de cette entreprise qui a servi de ressort pour la carrière de Boyle (lui aurait-on proposé la réalisation d’un James Bond sans cette étape?).
Critique : Frédéric Mignard