Louise… l’insoumise : la critique du film (1985)

Comédie dramatique | 1h40min
Note de la rédaction :
7/10
7
Louise l'insoumise, affiche reprise 2021

  • Réalisateur : Charlotte Silvera
  • Acteurs : Marie-Christine Barrault, Roland Bertin, Catherine Rouvel, Myriam Stern
  • Date de sortie: 13 Mar 1985
  • Année de production : 1985
  • Nationalité : Français
  • Titre original : Louise... L'insoumise
  • Titres alternatifs : Непокорная Луиза (Russie)
  • Scénaristes : Josée Constantin, Charlotte Silvera
  • Directeur de la photographie : Dominique Le Rigoleur
  • Monteur : Geneviève Louveau
  • Compositeur : Jean-Marie Sénia
  • Producteurs : Roger Coggio, Sylvain Chauvelot, Jérôme Clément
  • Sociétés de production : Gerland Productions, Les Amis du Cinéma Populaire (en coproduction)
  • Distributeur : Les Films Epoc (1985)
  • Distributeur reprise : La Traverse (Reprise 2021)
  • Date de sortie reprise : 8 décembre 2021
  • Editeur vidéo : Doriane Films
  • Date de sortie vidéo : 2008 (DVD)
  • Box-office France / Paris-Périphérie : 72 037 entrées / 31 004 entrées
  • Classification : Tous publics
  • Formats : Couleur / Mono
  • Festivals et récompenses : Prix Georges Sadoul en 1984, Prix d’interprétation Moscou 1985, Grand Prix Cadix 1986
  • Illustrateur / Création graphique : © Tous droits réservés / All rights reserved
  • Crédits : © Tous droits réservés / All rights reserved
Note des spectateurs :

Louise… l’insoumise, film autobiographique culte des années 80, porte un regard personnel fort sur les interrogations d’une enfant rebelle, au sein d’une famille d’immigrés repliée sur elle-même. Des décennies après, le propos est d’une clairvoyance toujours aussi douloureuse.

Synopsis : En 1961, dans la région parisienne, une petite fille de dix ans se révolte contre l’autorité de sa mère qui lui impose le respect des traditions juives et lui refuse toute ouverture sur l’extérieur.

Louise… l’insoumise, un film culte à redécouvrir

Critique : L’enfance, les femmes, la religion, le repli communautaire. Ces thèmes forts ont toujours obsédé la réalisatrice méconnue, mais pourtant essentielle, Charlotte Silvera (Prisonnières, C’est la tangente que je préfère).

Après des documentaires sociaux et politiques engagés, Silvera passe en 1985 à la vitesse supérieure avec un premier long métrage s’articulant sur ces thèmes. Elle jette ainsi un regard poignant, parfois proche du documentaire de par son réalisme, sur une enfant juive tunisienne qui vit recluse au cœur d’une famille prolo. Un microcosme familial qui refuse toute assimilation avec la population autochtone.

Myriam Stern est Louise l'insoumise

Myriam Stern est Louise l’insoumise Copyrights : 2021 La Traverse, Gerland Productions. Droits Réservés

Famille, je vous hais

Alors que l’école, salvatrice, et l’envie de se mélanger aux camarades conduisent Louise, la fameuse insoumise du titre, une dizaine d’années, à se rebeller contre l’autorité de la famille, et notamment celle de sa mère, (épatante Catherine Rouvel dans un rôle difficile), Silvera pointe intelligemment les brèches dans lesquelles la famille se réfugie, accentuant les déchirures socioculturelles : le refus de communiquer, de se remettre en question et de s’ouvrir aux autres, notamment via l’éducation ; l’aliénation de l’esprit par la télévision qui est, symboliquement, la dernière pièce (mentale pour le coup) du foyer…

Louise l'insoumise, affiche cinéma originale

Affiche cinéma 1985 – Gerland Productions

Outre l’intrépide Louise, interprétée par une jeune comédienne au tempérament bien trempé (Myriam Stern), on retient également le rôle de la mère et épouse. Brutale, ignorante, étriquée, elle refuse tout rapprochement avec “les étrangers” (les Français), préférant servir de reine (au rabais) dans un microcosme familial où elle s’acharne à vouloir obtenir le dernier mot, du moins sur ses enfants, alors qu’elle-même est soumise au diktat du salaire misérable de son mari. Les frustrations, les jalousies, les rêves se mélangent au cœur de cette figure mi-tragique mi-pathétique, que la cinéaste condamne pour son aveuglement et sa lâcheté.

C’est la tangente qu’elle préfère

Au final, le parcours initiatique de l’enfant, qui a surtout été celui de la réalisatrice, signant ici une œuvre teintée d’autobiographie, est parfois drôle, souvent touchant, mais toujours douloureux. La découverte de la sexualité de son père (qui dissimule des magazines pornographiques dans son automobile), le comportement humiliant de son oncle vis-à-vis de sa petite cousine, l’observation qu’elle fait des parents des autres enfants, éminemment plus démonstratifs dans leur affection, la conduisent à briser la malédiction familiale en choisissant la tangente. On est alors en 1961. Louise apparaît comme une graine de symbole. Des décennies plus tard, Louise… l’insoumise n’a jamais été autant d’actualité. Un constat qui rend cette évocation datée encore plus amère qu’elle ne l’était à sa sortie en 1985.

En 2021, treize ans après une édition rare en DVD, ce film désormais oublié et pourtant formidable, ressort en salle restauré en 4K. A (re)découvrir absolument.

Frédéric Mignard

Les sorties de la semaine du 13 mars 1985

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Louise l'insoumise, affiche reprise 2021

Copyrights : Droits Réservés

Box-office :

Parmi les nombreux ravissements de l’année 1985, Louise… l’insoumise avec son féminisme en herbe, était un petit budget qui a plu à beaucoup de scolaires. La chronique familiale est distribuée par un micro-distributeur, Les Films Epoc (société de Roger Coggio), spécialisé pendant quatre ans dans les adaptations théâtrales de Molière et Marivaux au cinéma. Coggio était d’ailleurs producteur sur Louise… l’insoumise.

Louise… attaque !

Le film parvient à avoir une presse favorable et surtout un véritable écho. Certains journalistes louent à juste titre un parangon de laïcité. Roger Coggio parvient à mobiliser 14 écrans sur Paris-Périphérie, ce qui est énorme pour une petite production. En face, la concurrence est virile : Mel Gibson en obtient 22 pour le drame La rivière, et surtout Les spécialistes est un phénomène médiatique à la Belmondo, mais sans Bébel, qui trouve accueil sur 68 écrans. L’overdose de Giraudeau et Lanvin dans les médias aurait pu couler la carrière de Louise… l’insoumise. Mais ce premier film va faire son petit bout de chemin, pendant 10 semaines sur la capitale et un peu plus longtemps en province grâce à une diffusion progressive dans les salles indépendantes.

En première semaine, le film conquiert 18 259 spectateurs dont 11 131 entrées sur la capitale et sa périphérie, contre 1 528 624 spectateurs pour Les spécialistes sur la France. Deux mondes, deux visions du cinéma.

Une petite percée parisienne

A Paris, on trouve la jeune rebelle au George V, aux Forum Cinémas, à l’Épée de Bois, au Lumière, aux Images, aux UGC Rotonde et Gobelins, et au Gaumont Sud. L’on recense également 6 cinémas en périphérie. En deuxième semaine, alors que La nuit porte jarretelles de Virginie Thévenet, une autre production française microscopique, cette fois-ci pour les jeunes adultes urbains, réussit une magnifique percée le futur classique de Charlotte Silvera se maintient sur la capitale, avec 6 980 spectateurs dans 7 salles. Toutefois, dans un contexte de salle difficile pour les indépendants, la banlieue a cette fois-ci abandonné le distributeur.

Une belle carrière à L’Épée de Bois

En 3e semaine, Louise attaque encore avec 4 617 spectateurs dans 4 salles (George V, le Forum Cinémas, Le Lumière, et L’Épée de Bois, salle du 5e arrondissement), où l’enfant fera antre de son insoumission sur toute la carrière parisienne. Ce beau maintien, avec une moyenne solide, permet au long métrage de dépasser les 20 000 spectateurs et d’envisager les 30 000.

Les 4 salles acceptent de réitérer leur soutien une 4e semaine pour 3 268 scolaires supplémentaires, puis une 5e semaine pour 2 320 spectateurs. Toutefois, cette fois-ci, toutes les salles affichent moins de 1 000 spectateurs par écran. Il est temps pour le film de disparaître progressivement de l’affiche. Aussi, seul le George V et l’Épée de Bois en reconduisent l’exploitation en 6e semaine, avec une fréquentation légèrement inférieure à 1 000 entrées sur la sacro-sainte capitale du cinéma.

Louise… l’insoumise reste 4 petites semaines de plus à L’Épée de bois, et dépasse de justesse les 30 000 spectateurs.

Une exploitation en VHS du film semble peu probable, mais un DVD, en 2008, permettra de redécouvrir cette œuvre essentielle du paysage cinématographique français des années 80.

Frédéric Mignard

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Louise l'insoumise, affiche reprise 2021

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