Long week end : la critique du film et le test blu-ray (1980)

Thriller, Fantastique, Survival | 1h37min
Note de la rédaction :
8/10
8
Long weekend, l'affiche de la reprise 2019

  • Réalisateur : Colin Eggleston
  • Acteurs : John Hargreaves, Briony Behets
  • Date de sortie: 30 Juil 1980
  • Nationalité : Australien
  • Titre original : Long Weekend
  • Titres alternatifs : Largo fin de semana - Fin de semana mortal (Argentine) / Um Longo Fim de Semana (Brésil) / Sangriento fin de semana (Mexique) - To weekend tou tromou (Grèce)
  • Année de production : 1978
  • Scénariste(s) : Everett De Roche
  • Directeur de la photographie : Vincent Monton
  • Compositeur : Michael Carlos
  • Société(s) de production : Dugong Films
  • Distributeur (1ère sortie) : Parafrance
  • Distributeur (reprise) : Solaris Distribution
  • Date de reprise : 2 octobre 2019
  • Éditeur(s) vidéo : Spectrum Polygram Vidéo (VHS, 1981) / Fil à Film (VHS) / D.E.C (VHS) / Le Chat qui Fume (blu-ray)
  • Date de sortie vidéo : Novembre 2020 (blu-ray)
  • Box-office France / Paris-périphérie : - / 12 935 entrées (3 semaines d'exploitation) - Reprise 2019 : 933 entrées
  • Box-office nord-américain -
  • Budget : 270 000 dollars australiens
  • Rentabilité : -
  • Classification : Interdit aux moins de 12 ans
  • Formats : 2.35 : 1 / Couleurs / Son : Mono
  • Festivals et récompenses : Prix de la critique au Festival international du film de Catalogne en 1978 / Prix spécial du jury au Festival international du film fantastique et de science-fiction de Paris en 1979 / Antenne d'or au Festival international du film fantastique d'Avoriaz 1979 (ex-aequo avec L'Invasion des profanateurs de Philip Kaufman).
  • Illustrateur / Création graphique : Léo Kouper
  • Crédits : © Screwbound International Pictures LTD
Note des spectateurs :

Particulièrement anxiogène, Long Week end est un vrai petit classique de la ozploitation, tout en étant une réflexion pertinente sur l’empreinte indélébile laissée par l’être humain sur la nature.

Synopsis : Dans la périphérie de Melbourne. Afin de redonner une chance à leur couple en crise, Peter propose à son épouse Marcia, dépressive à la suite d’un avortement, de passer le week-end au bord de la mer, dans un endroit retiré de la civilisation. Elle accepte à contrecœur et tous deux parviennent, non sans difficulté, à destination. Mais l’un comme l’autre sont plus préoccupés à régler leurs comptes qu’à respecter la nature environnante, ne se doutant pas que celle-ci peut se rebeller, voire se montrer impitoyable.

Long week end, premier script d’Everett De Roche pour le cinéma

Critique : Durant les années 70, le cinéma australien connaît un véritable essor qui se retrouve aussi bien au niveau des films d’auteur que de l’exploitation pure et dure – que l’on appelle désormais ozploitation (Night of Fear, Patrick, Snapshot de Simon Wincer, Summer of Secrets de Jim Sharman…). Ce dernier pan du cinéma local est généralement déprécié par les Australiens eux-mêmes, alors que ces longs-métrages ont beaucoup fait pour la popularité de leur production. La plupart des cinéastes de l’époque ont débuté à la télévision et notamment au sein de la compagnie privée Crawford. C’est le cas de Colin Eggleston qui y fait la connaissance du scénariste d’origine américaine Everett De Roche. Ce dernier, par l’entremise du chef opérateur Vincent Monton, lui propose un script original et audacieux qui va donner naissance à Long Week end.

Long weekend, l'affiche de la reprise 2019

© Screwbound International Pictures LTD / © 2019 Solaris Distribution. Tous droits réservés.

N’ayant à son actif que des séries télévisées et un film érotique signé sous pseudonyme, Colin Eggleston saisit immédiatement l’énorme potentiel de cette histoire d’un couple qui passe un week-end sur une plage déserte afin d’essayer de recoller les morceaux de leur relation. Perdus au milieu de nulle part, le couple va non seulement devoir se confronter au naufrage de leur vie commune, mais aussi affronter les assauts d’une nature redoutable, bien décidée à se venger de ces intrus peu respectueux.

Quand la nature se venge!

Dans l’esprit d’Everett De Roche, il s’agissait clairement de prendre le contre-pied des Dents de la mer (Spielberg, 1975) en positionnant le spectateur du côté de la nature. Il rejoint dans sa thématique une palanquée de films que l’on appelle désormais éco-horreur où la nature se venge de l’être humain. On peut citer Les oiseaux (Hitchcock, 1963), Frogs (McCowan, 1972) ou encore La revanche des animaux (Girdler, 1977).

Le vrai défi du long-métrage tenait dans le fait de ne proposer au spectateur qu’un huis-clos en pleine nature, avec deux personnages isolés durant tout le film. Il fallait parvenir à créer une tension palpable dès le début, puis à développer celle-ci crescendo jusqu’à un final volontairement choc. Et de fait, Colin Eggleston y parvient grandement grâce à l’originalité intrinsèque de son histoire, mais aussi au brio de sa réalisation et à l’importance fondamentale du hors champ.

Malaise dans la civilisation

John Hargreaves dans Long week end, photo reprise 2019

© Screwbound International Pictures LTD / © 2019 Solaris Distribution. Tous droits réservés.

La tension initiale tient dans les relations troubles de ce couple d’Australiens qui ne s’entendent visiblement plus du tout. L’homme, assez machiste, tient à partir faire une virée dans la nature, tandis que sa conjointe préférerait rejoindre un couple d’amis comme d’habitude. Ces aspirations divergentes permettent de ressentir le fossé qui s’est créé au fil des ans entre ces deux êtres que tout semble désormais opposer. Porté par le jeu maîtrisé des deux acteurs, ce malaise est palpable dès le début et ne nous lâchera plus jusqu’à la fin.

LES ANIMAUX TUEURS AU CINEMA

Toutefois, Eggleston ne nous as pas encore dévoilé le cœur de son intrigue. Quelques indices viennent peu à peu nous éclairer. Lors de leur escapade, le couple écrase sans le faire exprès un kangourou et détruisent la flore afin de pouvoir rejoindre le coin de plage isolé. Dès le début de leur séjour sur place, les intrus agressent la nature (la femme avec ses insecticides, l’homme avec son fusil qu’il brandit à tour de bras comme pour prouver sa virilité, lui qui ne fait plus l’amour depuis longtemps). Il faut dire qu’en étant incapables de se respecter eux-mêmes, les deux personnages ne peuvent en aucun cas être en empathie avec leur environnement. Peu à peu, le séjour qui devait être idyllique se transforme donc en un cauchemar qui voit tous les éléments naturels se rebeller contre l’Homme.

Certains animaux d’ordinaire paisibles deviennent agressifs (opossum, aigle, dugong), des bruits inquiétants se font entendre au loin, les branches des arbres tombent comme par miracle, tandis que le lieu semble devenir un labyrinthe dont il est impossible de s’échapper.

Long Weekend, blu-ray britannique (Second Sight)

Copyright Second Sight

Un film anxiogène fondé sur la puissance du hors champ

La force de Long Week end vient donc de ces petits glissements progressifs vers un fantastique qui ne dit jamais son nom. Le spectateur, comme les personnages, finit par perdre pied, angoissé comme eux par les bruits inquiétants qui parsèment une bande-son redoutable. Fonctionnant essentiellement grâce au hors champ, Long Week end se révèle particulièrement anxiogène du début à la fin, créant un malaise prégnant qui ne nous lâche jamais. Sa fin, aussi frappante et soudaine que jubilatoire, vient confirmer sa thématique générale faite d’une misanthropie salvatrice, au profit d’une nature qui a décidé de prendre sa revanche sur une espèce humaine devenue virale. Une thématique encore plus d’actualité de nos jours.

Des prix européens pour un échec commercial en Australie

Ayant obtenu un Prix de la critique au Festival de Sitges en 1978, un Prix spécial du jury et de la critique au Festival du Film Fantastique de Paris en 1979, puis une Antenne d’Or au Festival d’Avoriaz la même année, Long Week end a pourtant eu toutes les peines du monde à sortir dans les salles australiennes. Ce fut chose faite en mars 1979 sans aucun succès et un retrait de l’affiche au bout de quinze jours d’exploitation. En France, il a fallu attendre la fin juillet 1980 pour voir le film débarquer dans les salles pour un petit tour discret. Pourtant, grâce à plusieurs éditions VHS, le film a marqué la mémoire de quelques cinéphiles.

Après une longue période d’oubli, Long Week end a eu les honneurs d’un remake par Jamie Blanks en 2008 porté par Jim Caviezel. L’original, nettement supérieur, est surtout ressorti en salles fin 2019 et vient d’être édité dans la collection ozploitation du Chat qui fume. Une reconnaissance un peu tardive mais essentielle pour une œuvre ambitieuse et indispensable.

Le test blu-ray :

Le film culte est édité par Le Chat qui Fume avec une jolie jaquette et pléthore de suppléments. Attention, le titre est limité à 1000 exemplaires qui vont partir très vite. Le test a été réalisé à partir de l’édition définitive.   

Long Weekend, le blu-ray chez le Chat qui fume

© 2020 Le Chat qui Fume

Compléments & packaging : 4,5 / 5

Comme tous les titres de l’éditeur, Long Week end bénéficie d’une jolie jaquette, avec un fourreau qui dévoile un objet qui se déplie en trois volets. Au centre, la galette bleue vous attend. Celle-ci contient bon nombre de suppléments vidéo dont un entretien de 11 min avec le spécialiste du cinéma australien d’exploitation Eric Peretti. Ses propos sont toujours éclairants. Ensuite, la vie et la carrière complète de Colin Eggleston sont évoqués par ses proches au sein de deux modules (15 et 11 min). Le cinéphile connaîtra mieux le réalisateur grâce à son ancienne compagne Briony Behets et ses enfants.

Des suppléments précieux pour un film rare

Un autre module de 18min permet d’écouter l’actrice Briony Behets et le chef opérateur Vincent Monton qui insistent sur l’utilisation du format Scope, rare à l’époque pour une petite production, mais aussi sur l’emploi d’une caméra proche de la Steadicam. Everett De Roche, le scénariste, évoque quant à lui son inspiration lors de l’écriture. Les cinéphiles pourront enchaîner avec un entretien de 24 min avec le producteur Richard Brennan qui détaille le début de sa carrière au sein d’une industrie cinématographique australienne récente. Si son ton de voix est un peu monocorde, il nous apprend bien des choses passionnantes. L’entretien audio avec l’acteur John Hargreaves (5min) lui permet de dévoiler sa méthode pour être juste dans une scène.

Enfin, le dernier document est l’un des plus intéressants puisqu’il s’agit d’une conversation entre quatre critiques autour de la thématique centrale du film, à savoir la revanche de la nature sur l’homme. Non seulement les analyses des quatre intervenants sont pertinentes, mais elles permettent de signaler quelques détails qui peuvent nous échapper lors d’un premier visionnage. Encore une fois, le module est donc essentiel.

On termine ce tour d’horizon par une fin alternative (en réalité un montage très légèrement différent) et la bande annonce du film.

John Hargreaves dans Long week end

© Screwbound International Pictures LTD / © 2019 Solaris Distribution. Tous droits réservés.

L’image : 4,5 / 5

Si les premières séquences urbaines sont marquées par un certain grain et que les éclairages intérieurs laissent voir une trame vidéo un peu grossière, cela s’arrange très largement par la suite, par la nature très lumineuse du long-métrage. Toutes les séquences en pleine nature sont d’une beauté à couper le souffle et la précision est à nouveau au rendez-vous. Le résultat est donc très satisfaisant et permet de profiter au mieux d’une œuvre rare et précieuse.

Le son : 3,5 / 5

Les deux pistes sonores (en DTS HD Master-Audio 2.0) sont davantage marquées par le temps qui passe. La piste française paraît un peu agressive dans son rendu des voix et de la musique, mais son aspect rentre-dedans est appréciable. Au contraire, la piste originale est un peu plus étouffée et souffre d’un léger souffle métallique qui peut s’avérer un peu gênant lors des passages plus calmes. Mais l’ensemble gagne en équilibre et permet de mieux profiter du travail réalisé sur les sons hors champ. A vous de choisir donc selon vos préférences.

Critique et test blu-ray de Virgile Dumez

Les sorties de la semaine du 30 juillet 1980

Les sorties de la semaine du 02 octobre 2019

Acheter le blu-ray sur le site de l’éditeur

Long weekend, l'affiche 1980

© Screwbound International Pictures LTD / Affiche : © 1980 Léo Kouper. Tous droits réservés.

L’ozploitation sur CinéDweller

L’exploitation de Long week end et son box-office en France

Présenté en 1979 à Avoriaz en janvier, puis au Festival du Film Fantastique de Paris, Long week end a été très apprécié de la critique et du jury qui lui ont attribué chacun un prix majeur. Toutefois, à la sortie des urnes pour le prix du public, c’est en 8e place que s’est positionné cette fable écologique cruelle avec une note de 5.02/10 contre le triomphe de La belle et la bête de Juraj Herz qui repart avec le Grand Prix du Public Europe 1, avec 8.67/10. On notera une troisième place pour L’enfer des zombies de Lucio Fulci (8.42) et une 5e opposition pour la Licorne d’or du festival, le bien-connu Dracula de John Badham (8.41/10). (Source : L’Ecran Fantastique, numéro 12)

Il faudra un an pour que Long week end aborde le grand écran français, sous la bannière du distributeur puissant Paramount. Ce dernier n’y croit pas trop et le balance lors du vide estival pour trois petites semaines d’exploitation à Paris-Périphérie, et à peine plus de 12 000 spectateurs. Toutefois Polygram l’édite très vite sur le support VHS, alors en pleine expansion.

Le Chat qui Fume propose le film en blu-ray en 2020, un an après la reprise en haute définition par le distributeur Solaris qui a relancé l’intérêt autour du film chez les critiques, sans persuader pour autant le public de le découvrir en salle. Il sort discrètement et accueille 933 spectateurs 39 ans après sa sortie originale.

Frédéric Mignard

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Long weekend, l'affiche de la reprise 2019

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