En mêlant assez adroitement thriller glauque et buddy movie, L’ombre blanche est une agréable série B typique des années 90. A réserver toutefois aux fans de Steven Seagal.
Synopsis : Cole était autrefois le meilleur tueur des services secrets. Il a changé de vie et est devenu criminologue à New York. Appelé à Los Angeles pour enrayer une vague de meurtres, il se voit obligé de faire équipe avec Campbell mais tout oppose les deux hommes. Les victimes d’un nouveau carnage ne sont autres que l’ex-femme de Cole et son mari. Celui-là comprend que c’est un avertissement, qui va le faire replonger dans son passé.
Une pincée de Seven et une grosse louche de L’arme fatale
Critique : Après plusieurs échecs consécutifs, la carrière de Steven Seagal est sur la pente descendante au milieu des années 90. Il est donc temps pour l’acteur de se renouveler, et pourquoi pas d’atteindre à nouveau une large audience. Aussi, tous les éléments sont injectés dans le script pour pouvoir faire de L’ombre blanche un imposant succès. Ainsi, on tient compte du récent triomphe de Seven (David Fincher, 1995) en débutant le métrage par la présence d’un tueur en série commettant des atrocités selon des rites religieux, le tout sur fond d’images poisseuses et d’une ambiance pluvieuse.
On est immédiatement plongé dans cette atmosphère typique des thrillers des années 90 qui tient du cliché, mais qui rend plutôt bien à l’écran. Toutefois, cette option radicale et violente (qui justifie l’interdiction aux moins de 12 ans) est rapidement abandonnée pour faire place à un buddy movie classique mettant en scène un flic blanc bouddhiste et un black sensible, mais qui apporte une touche d’humour bienvenue. Les auteurs tentent donc de nous refaire le coup de L’arme fatale (Richard Donner, 1987) et du Dernier samaritain (1991) référence qui vient aussitôt à l’esprit de par la présence au générique de Keenen Ivory Wayans, frère de Damon Wayans, l’acolyte de Bruce Willis dans le film de Tony Scott.
Après le thriller vaguement glauque, place à l’action!
Si le mélange d’influences diverses peut étonner de prime abord, cela fonctionne plutôt bien grâce à une bonne alchimie entre les deux acteurs. Steven Seagal n’hésite pas à s’auto-parodier avec un certain second degré et Keenen Ivory Wayans n’en fait pas des tonnes en sidekick black venu pour amuser la galerie. Tortueux à souhait, le scénario mêle en réalité deux intrigues parallèles dont l’une prendra le pas sur l’autre, orientant le métrage vers l’action explosive plutôt que vers le thriller glauque. On aurait bien sûr préféré que cette seconde option, plus originale pour Seagal, soit privilégiée, mais les lois du box-office sont plus fortes que tout. Ainsi, la deuxième partie est-elle davantage centrée sur des fusillades, des bastons où Seagal se montre encore efficace, même s’il commence à s’empâter, ainsi que sur des explosions.
Il semblerait que le film devait initialement contenir plus de cascades et d’action, mais que le budget a été revu rapidement à la baisse, sans doute à cause du faible crédit accordé à Seagal, alors en plein déclin. Du coup, l’on assiste ici à une simple série B qui ne bouleversera aucunement l’histoire du cinéma, mais qui délivre son lot de séquences efficaces et quelques belles punchlines. Le cinéaste John Gray s’acquitte de sa fonction avec professionnalisme, à défaut d’inspiration. L’homme est un habitué des séries télévisées et ses rares incursions sur grand écran n’ont guère marqué les esprits à tel point qu’il est retourné travailler à la télévision pour laquelle il officie depuis plus de vingt ans.
Un échec commercial international qui envoie Steven Seagal dans les cordes
Il est donc indispensable de regarder L’ombre blanche pour ce qu’elle est, à savoir une agréable série B qui n’a d’autre ambition que faire passer un moment agréable au spectateur sans se prendre la tête, mais également sans être pris pour un imbécile. C’est sans aucun doute l’un des bons films de son acteur principal, plutôt avare dans le domaine. Toutefois, le public de l’époque n’a pas été confiant et les résultats au box-office ont été décevants, enterrant tout espoir de retour en grâce pour le plus bouddhiste des acteurs castagneurs.
Ainsi, le budget assez costaud n’a pas été remboursé par l’exploitation en salles. Toutefois, le long-métrage a sans aucun doute pu profiter d’une bonne exposition dans les vidéo-clubs de l’époque, compensant en partie les pertes sèches accumulées. En France, ils ne furent que 280 881 amateurs de spectacle bourrin à avoir fait confiance à Seagal. Un désaveu qui poussera progressivement l’acteur vers les direct-to-vidéo dont sa carrière est entièrement constituée au cours des années 2000.
Critique de Virgile Dumez
Les sorties de la semaine du 8 janvier 1997
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Biographies +
John Gray, Steven Seagal, Stephen Tobolowsky, Brian Cox, Chad Stahelski, Peter Jason, Paul Raci, Keenen Ivory Wayans, Bob Gunton
Mots clés
Buddy Movie, Duo de flics, Les tueurs fous au cinéma, Les tueurs à gages au cinéma, Les films d’action