L’intervention, la naissance du GIGN : la critique du film (2019)

Guerre, Histoire, Biopic, Drame | 1h38min
Note de la rédaction :
6/10
6
L'intervention la naissance du GIGN : l'affiche salle du film

Note des spectateurs :

L’intervention relève du cinéma de genre français roublard, mais efficace.

Synopsis : 1976 à Djibouti, dernière colonie française. Des terroristes prennent en otage un bus d’enfants de militaires français et s’enlisent à une centaine de mètres de la frontière avec la Somalie. La France envoie sur place pour débloquer la situation une unité de tireurs d’élite de la Gendarmerie.
Cette équipe, aussi hétéroclite qu’indisciplinée, va mener une opération à haut risque qui marquera la naissance du GIGN.

L'intervention, la naissance du GIGN, critique du film

L’intervention, un hommage aux hommes de l’ombre du GIGN

Critique :  Du genre et rien que du genre. Pour son second film après La résistance de l’air, Fred Grivois ne cherche pas à donner dans la leçon d’Histoire, puisqu’il s’intéresse à des faits réels dans l’inspiration (la prise d’otages de Loyada, à savoir des enfants de colons, retenus captifs dans un bus, à Djibouti, par des indépendantistes qui souhaitent le rattachement du pays à la Somalie…) en limitant les informations (géo)politiques. L’intention du cinéaste est double. Il s’agit évidemment de rendre hommage aux hommes de l’ombre du GIGN, et ensuite de dépeindre une longue séquence de suspense et d’action purs, plutôt que de s’étendre sur la réalité géopolitique complexe de cette partie de l’Afrique où la présence de la France, en 1976, est contestable. On y voit toutefois les bévues des préfets et de l’exécutif, tous incapables de prendre des décisions et d’autoriser l’assaut du bus par leur unité d’intervention, ces jeunes gendarmes du GIGN qui vont s’avérer être des tireurs… d’élite, au sens premier. La France semble avoir perdu pied avec la réalité du terrain et son départ est inéluctable, mais ça, c’est pour un autre film.

Retour sur un drame méconnu de l’Histoire française

Méconnu pour beaucoup, ce fait historique est passionnant dans ce qu’il raconte aussi de notre époque, et en particulier de l’Afrique contemporaine, et il pourra même mettre mal à l’aise une partie du public, dont la famille est originaire d’anciennes colonies, et le public noir en particulier. La dichotomie blancs (gentils colons) / noirs (méchants indépendantistes), dans un jeu de guerre effroyable, n’est pas des plus faciles à avaler. A vrai dire, même si l’on frissonne beaucoup pour l’engeance blanche, des jeunes gens innocents dans les pattes de vilains terroristes prêts à tirer sur la veuve et l’orphelin, la réalité africaine vaudrait bien que l’on s’intéresse aussi à ce qui ce passait dans l’autre camp, pour éviter tout manichéisme primaire dans la lecture du film, qui pourrait être lu de la sorte dans un multiplexe lambda de France. Pourtant Grivois essaie de trouver le bon équilibre, reconnaissant la valeur humaine, y compris dans le “camp somalien adverse”, par le refus des gars du GIGN de considérer une victoire possible, dans pareil contexte : ils ne sont pas venus là pour tuer, mais pour sauver des vies. En cela, le film est un bel hommage aux tireurs, à leur attitude héroïque.

L'intervention la naissance du GIGN :la jaquette du blu-ray

© SND / M6 Vidéo

Duel viril au soleil

Ces hommes de l’ombre, traités par le mépris par la hiérarchie et la bureaucratie (outrancièrement jouée par Josiane Balasko, qui a tout faux), risquent leurs vies dans des conditions d’action inhumaine, et ne sous-estiment jamais le prix de chaque vie qu’ils vont ôter dans le camp ennemi. Ce ne sont donc pas des machines à tuer, incapable de réfléchir et de recourir à leur libre arbitre. Loin des thrillers géopolitiques comme Mensonges d’État, de Ridley Scott, ou des blockbusters survoltés comme La chute du faucon noir, du même Ridley Scott, avec des moyens incommensurables, L’intervention propose un duel au soleil intimiste, malgré la vingtaine de tête blondes prise en otage, de la présence de leur institutrice (Olga Kurylenko, pas toujours crédible) à bord du bus… et d’une armée de Somaliens, à cinquante mètres de là, à la frontière. Il faudrait comparer, dans sa démarche, ce film d’assaut à The Wall. Le film de Doug Liman mettait en scène dans le suspense absolu un duel entre un tireur irakien invisible, doué du don d’ubiquité par ses tirs, et deux soldats américains, à peine isolés par un pan de mur en ruines, pour seule forteresse… Dans le film français et celui de Doug Liman, on retrouve ce rapport au temps, au désespoir, à la survie, dans un environnement de braise où la chaleur est autant une arme qu’un simple élément contextuel.

L’intervention transpire son amour pour la série B

Fred Grivois aime beaucoup le genre et les séries B de vidéo-club, trop peut-être, avec les pauses roublardes de ses mercenaires du désert, dans leur manière alignée de déambuler, qui apparaît comme autant de clins d’œil aux parodies de film de guerre américains qu’un cliché clin d’œil qui, au mieux, décontractera les esprits en salle, mais empêchera toujours l’œuvre de n’être perçue autrement que comme un produit digestif pour le public mâle, faute d’être un grand film à vocation universelle. Certains plans roublards sont rédhibitoires pour envisager un instant de considérer L’intervention de la sorte. Aussi, on gardera du second film de Fred Grivois, l’efficacité et la maîtrise du suspense, le charisme indéniable d’Alban Lenoir, physique et intense, au centre d’un casting intéressant, qui mérite qu’on s’y attarde.

Critique : Frédéric Mignard

Les sorties de la semaine du 30 janvier 2019

Le DVD & Blu-ray :

Sortie dvd & blu-ray : 30 mai 2019

Compléments :

  • Interview de Fred Grivois
  • Interview de deux membres du GIGN

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L'intervention la naissance du GIGN : l'affiche salle du film

Crédit : SND Distribution

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L'intervention la naissance du GIGN : l'affiche salle du film

Bande-annonce de L'intervetion

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