Les Fleurs de Shanghai est une œuvre de la radicalité de rythme et d’esthétique aux charmes picturaux certains.
Synopsis : À fin du XIXe siècle, dans la concession britannique de Shanghai. Plusieurs « maisons des fleurs », réservées à l’élite masculine, forment un monde clos où l’on vient autant pour dîner, fumer de l’opium, jouer au mah-jong et se distraire que pour rencontrer des courtisanes. Les femmes qui y travaillent sont appelées « les fleurs de Shanghai ». Wang, un haut fonctionnaire, est le client officiel de la sublime et dépensière Rubis. Dans une autre maison, il fréquente aussi Jasmin…
Une œuvre puissamment contemplative
Critique : Considéré comme l’un des derniers chefs-d’œuvre du XXe siècle, Les Fleurs de Shanghai est le film de la consécration en France pour Hou Hsio-hsien, malgré une ignorance certaine du jury cannois, où HHH avait été désavoué par le jury de Martin Scorsese.
En évoquant une page d’Histoire, avec des costumes, l’auteur s’éloigne du naturalisme contemporain de ses premières œuvres, dites de jeunesse, pour traiter avec un naturalisme certain, dans la lenteur, mais aussi le travail sur le son, des dîners méticuleusement filmés dans différentes Maisons des fleurs. Le disciple d’Ozu a beau s’éloigner de son univers habituel, il véhicule toujours une obsession picturale, une mise en scène glorieuse et une audace, avec des plans circulaires autour d’une table qui accentuent le caractère clos d’une narration repliée sur elle-même. Les Fleurs de Shanghai en ressort comme un grand film expérimental puissamment contemplatif.
Les Fleurs de Shanghai est une toile de maître pour un public averti
En s’intéressant aux relations homme-femmes autour d’une élite masculine et des courtisanes, surnommées dans le jargon locale des Fleurs, comme on les appellerait geishas au Japon, l’auteur institue une hiérarchie des genres et à l’intérieur des genre dans la société de Shanghai, à la fin du XIXe siècle. On observe des luttes de pouvoir, des jalousies, et l’ambiguïté du statut des femmes, à la fois faibles et fortes, dominées dominantes, jusque dans les rapports qu’elles entretiennent entre elles.
Il ressort de cette expérience une quiétude, un flottement, qui a séduit énormément les critiques et les amateurs d’art et essai radicaux, appréciant l’aspect ouateux éclairé à la chandelle, quand d’autres cinéphiles restent hermétiques au travail d’un artiste, un vrai, qui ne transige pas avec sa sensibilité.
Critique de Frédéric Mignard