Sur fond de féminisme et de lutte des classes, Les choses humaines est une sacrée belle observation des circonvolutions de l’âme humaine.
Synopsis : Un jeune homme est accusé d’avoir violé une jeune femme. Qui est ce jeune homme et qui est cette jeune femme ? Est-il coupable ou est-il innocent ? Est-elle victime ou uniquement dans un désir de vengeance, comme l’affirme l’accusé ? Les deux jeunes protagonistes et leurs proches vont voir leur vie, leurs convictions et leurs certitudes voler en éclat mais… N’y a-t-il qu’une seule vérité ?
Consentement : mode d’emploi !
Critique : Acteur connu et reconnu, Yvan Attal s’est aussi essayé, avec plus ou moins de bonheur, à la réalisation. Si Ils sont partout et Mon chien Stupide n’avaient pas fait l’unanimité, Le brio lui avait déjà valu une belle reconnaissance publique qui devrait ici atteindre des sommets grâce au regard tout en nuances posé sur les sujets éminemment sensibles des violences faites aux femmes et du consentement, qui ne manquera sans doute pas de provoquer polémiques et grincements de dents.
D’Alexandre (Ben Attal), la première image qui nous est proposée est celle d’un jeune homme prévenant qui aide une femme âgée à récupérer sa valise sur un tapis à bagages d’aéroport. Issu d’un milieu bourgeois, il fait ses études aux États-Unis et vit à cent à l’heure. Il revient en France pour participer à une fête organisée par d’anciens camarades d’études et en profite pour rendre visite à ses parents désormais séparés. Son père (Pierre Arditi) est un journaliste réputé qui n’a aucun scrupule à user de ses prérogatives et de son pouvoir, particulièrement auprès de ses jeunes collaboratrices. Sa mère, Claire (Charlotte Gainsbourg), est connue pour ses essais féministes qu’elle a l’habitude de défendre avec conviction. C’est chez elle qu’Alexandre rencontre Mila (Suzanne Jouannet), la fille de son nouveau compagnon (Matthieu Kassovitz). Claire suggère que Mila accompagne Alexandre à cette soirée même s’ils ne se connaissent pas. Venant d’une famille modeste, élevée dans le strict respect de la religion par une mère (Audrey Dana) peu ouverte, Mila se sent vite mal à l’aise dans cette fête, peuplée de jeunes gens qui ne lui ressemblent pas, dans un univers aux codes bien différents des siens. Le lendemain, la police arrête Alexandre, suite aux accusations de viol déposées par Mila.
Une réflexion sur la complexité des sentiments humains et le sens de la vérité
Le procès opposant un homme et une femme mais surtout deux modes de vie peu conciliables convie le spectateur à une réflexion sur la complexité des sentiments humains, le sens de la vérité, la définition de l’innocence. Habilement mené, ce tribunal improvisé se fait impartial et c’est ce qui en fait toute la richesse. Il accumule patiemment les arguments et indices, prenant soin de ne privilégier ni victime ni accusé. Il ménage des rebondissements inattendus pour donner au récit des allures de thriller et maintient opportunément le suspense de manière à semer le doute auprès du spectateur, mis dans la peau du juré.
Les choses humaines, sans tabou ni parti pris, interpelle
Porté par une mise en scène vive et un scénario solidement charpenté qui s’attache à l’étude sociologique des membres de l’entourage des protagonistes afin permettre une meilleure compréhension de leurs comportements ou motivations, Les choses humaines brille par son casting impeccable (à commencer par l’époustouflante Suzanne Jouannet) où même les rôles dits secondaires (Benjamin Laverhne, Judith Chemla, Laetitia Eido) nourrissent de leur authenticité cette passionnante peinture de notre société.
A l’heure d’un féminisme exacerbé, Les choses humaines interroge sans parti pris ni tabou sur les dangers d’accusations hâtives, tant pour l’accusé que pour la plaignante. En relatant les démêlés judiciaires d’un jeune homme de bonne famille accusé de violence sexuelle sans intention de la donner, le film ouvre le débat sur les limites du consentement, variable selon les êtres. Instructif et captivant !
Critique de Claudine Levanneur