Les choses humaines : la critique du film (2021)

Drame | 2h10min
Note de la rédaction :
8.5/10
8.5
Les choses humaines, affiche du film d'Yvan Attal

  • Réalisateur : Yvan Attal
  • Acteurs : Benjamin Lavernhe, Mathieu Kassovitz, Pierre Arditi, Judith Chemla, Laetitia Colombani, Charlotte Gainsbourg, Audrey Dana, Ben Attal, Suzanne Jouannet, Jo Attal
  • Date de sortie: 01 Déc 2021
  • Année de production : 2021
  • Nationalité : Français
  • Titre original : Les choses humaines
  • Titres alternatifs : The Accusation (international), Menschliche Dinge (Allemagne), A Acusação (Brésil), El acusado (Espagne), Oskarżony (Pologne)
  • Scénaristes : Yvan Attal, Yaël Langmann
  • D'après un roman de : Karine Tuil
  • Directeur de la photographie : Rémy Chevrin
  • Monteur : Albertine Lastera
  • Compositeur : Mathieu Lamboley
  • Chef décorateur : Samuel Deshors
  • Producteurs : Yvan Attal, Olivier Delbosc
  • Sociétés de production : Curiosa Films, Films Sous Influence, Gaumont, France 2 Cinéma
  • Distributeur : Gaumont Distribution
  • Editeur vidéo : Gaumont Vidéo
  • Date de sortie vidéo : Sorties le 6 avril 2022 (DVD, blu-ray)
  • Box-office France / Paris-Périphérie : 182 074 entrées / 43 731 entrées
  • Box-office monde : 1 390 295$
  • Budget : 7 900 000$
  • Rentabilité : -
  • Classification : Tous publics
  • Formats : 2.39 : 1 / Couleurs (4K, D-Cinema)
  • Festivals et récompenses : Sélection officielle Venise 2021, Deauville American Film Festival, Lumière Film Festival, Montpellier Mediterranean Film Festival, Zurich Film Festival, Meilleur réalisateur au Barcelona-Sant Jordi International Film Festival 2022, Jerusalem Film Festival 2022, Nomination au César (Meilleure adaptation)
  • Illustrateur / Création graphique : © Rysk - Photo : Jérôme Préboist. Tous droits réservés / All rights reserved
  • Crédits : © Curiosa Films, Films Sous Influence, Gaumont, France 2 Cinéma. Tous droits réservés / All rights reserved
Note des spectateurs :

Sur fond de féminisme et de lutte des classes, Les choses humaines est une sacrée belle observation des circonvolutions de l’âme humaine.

Synopsis : Un jeune homme est accusé d’avoir violé une jeune femme. Qui est ce jeune homme et qui est cette jeune femme ? Est-il coupable ou est-il innocent ? Est-elle victime ou uniquement dans un désir de vengeance, comme l’affirme l’accusé ? Les deux jeunes protagonistes et leurs proches vont voir leur vie, leurs convictions et leurs certitudes voler en éclat mais… N’y a-t-il qu’une seule vérité ?

Consentement : mode d’emploi !

Critique : Acteur connu et reconnu, Yvan Attal s’est aussi essayé, avec plus ou moins de bonheur, à la réalisation. Si Ils sont partout et Mon chien Stupide n’avaient pas fait l’unanimité, Le brio lui avait déjà valu une belle reconnaissance publique qui devrait ici atteindre des sommets grâce au regard tout en nuances posé sur les sujets éminemment sensibles des violences faites aux femmes et du consentement, qui ne manquera sans doute pas de provoquer polémiques et grincements de dents.

D’Alexandre (Ben Attal), la première image qui nous est proposée est celle d’un jeune homme prévenant qui aide une femme âgée à récupérer sa valise sur un tapis à bagages d’aéroport. Issu d’un milieu bourgeois, il fait ses études aux États-Unis et vit à cent à l’heure. Il revient en France pour participer à une fête organisée par d’anciens camarades d’études et en profite pour rendre visite à ses parents désormais séparés. Son père (Pierre Arditi) est un journaliste réputé qui n’a aucun scrupule à user de ses prérogatives et de son pouvoir, particulièrement auprès de ses jeunes collaboratrices. Sa mère, Claire (Charlotte Gainsbourg), est connue pour ses essais féministes qu’elle a l’habitude de défendre avec conviction. C’est chez elle qu’Alexandre rencontre Mila (Suzanne Jouannet), la fille de son nouveau compagnon (Matthieu Kassovitz). Claire suggère que Mila accompagne Alexandre à cette soirée même s’ils ne se connaissent pas. Venant d’une famille modeste, élevée dans le strict respect de la religion par une mère (Audrey Dana) peu ouverte, Mila se sent vite mal à l’aise dans cette fête, peuplée de jeunes gens qui ne lui ressemblent pas, dans un univers aux codes bien différents des siens. Le lendemain, la police arrête Alexandre, suite aux accusations de viol déposées par Mila.

Une réflexion sur la complexité des sentiments humains et le sens de la vérité

Le procès opposant un homme et une femme mais surtout deux modes de vie peu conciliables convie le spectateur à une réflexion sur la complexité des sentiments humains, le sens de la vérité, la définition de l’innocence. Habilement mené, ce tribunal improvisé se fait impartial et c’est ce qui en fait toute la richesse. Il accumule patiemment les arguments et indices, prenant soin de ne privilégier ni victime ni accusé. Il ménage des rebondissements inattendus pour donner au récit des allures de thriller et maintient opportunément le suspense de manière à semer le doute auprès du spectateur, mis dans la peau du juré.

Les choses humaines, sans tabou ni parti pris, interpelle

Porté par une mise en scène vive et un scénario solidement charpenté qui s’attache à l’étude sociologique des membres de l’entourage des protagonistes afin permettre une meilleure compréhension de leurs comportements ou motivations, Les choses humaines brille par son casting impeccable (à commencer par l’époustouflante Suzanne Jouannet) où même les rôles dits secondaires (Benjamin Laverhne, Judith Chemla, Laetitia Eido) nourrissent de leur authenticité cette passionnante peinture de notre société.

A l’heure d’un féminisme exacerbé, Les choses humaines interroge sans parti pris ni tabou sur les dangers d’accusations hâtives, tant pour l’accusé que pour la plaignante. En relatant les démêlés judiciaires d’un jeune homme de bonne famille accusé de violence sexuelle sans intention de la donner, le film ouvre le débat sur les limites du consentement, variable selon les êtres. Instructif et captivant !

Critique de Claudine Levanneur

Sorties de la semaine du 1er décembre 2021

Les choses humaines, affiche du film d'Yvan Attal

© Rysk – Photo : Jérôme Préboist. Tous droits réservés / All rights reserved

Box-office :

Mal aimé par la critique, Les choses humaines a payé un lourd tribut au box-office. Sorti en pleine période d’interrogations sur le consentement et pendant la libération, des femmes post #Me-Too incitant à croire la parole des femmes, le regard d’Yvan Attal s’est pris dans les pieds dans le bad buzz des réseaux sociaux en offrant un regard plus équilibré.

Cette copieuse production Gaumont de près de 8 millions d’euros a pourtant bénéficié d’une promotion canonique sur les plateaux de télévision pour nourrir les débats.

Avec 89 353 entrées sur 306 salles, le 1 décembre 2022, le rejet est évident quand les Parisiens, eux, s’orientent plus massivement vers le nouveau Pedro Almodovar, Madres Paralelas qui sort le même jour. Seul Do Not Disturb, en 2012, dans la carrière du réalisateur n’avait pas ouvert à plus de 100 000 entrées jusqu’alors. Yvan Attal était en effet habitué à des démarrages exquis entre 250 000 et 420 000 entrées.

Dès le premier jour à 15 547 entrées, le film qui sort en période post pandémie se situe loin des démarrages de Mon chien stupide (47 000), Le Brio (51 965) ou Ils se marièrent et eurent beaucoup d’enfants (81 199).

Pour son 7e long, au moins Yvan Attal parvient à multiplier ses entrées initiales par 2 quand Mon chien Stupide et Ils sont partout avaient souffert d’un bouche-à-oreille catastrophique, avec une multiplication de la semaine à 1.7 pour arriver à leurs totaux.

En deuxième semaine, Les choses humaines perdra 43% de sa fréquentation, puis 54%, et un coup mortel lui sera asséné en 4e semaine, avec un gadin de 70% qui le restreint à 7 087 spectateurs.

Avec un final à 182 000 spectateurs, Les choses humaines ne laissera pas de trace. Malgré quelques belles interprétations, les César ne le nominent que pour le Meilleur scénario adapté. Gaumont le sortira toutefois en DVD et blu-ray, quatre mois après sa sortie cinématographique.

Frédéric Mignard

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