Invasions de poux et de sauterelles, bétail agonisant, rivière qui voit son eau se transformer en sang humain… les scénaristes des Châtiments déploient l’artillerie lourde et le discours ne fait pas dans l’ambiguïté cérébrale. Pour animer un peu ce bourbier d’idées creuses, les images de synthèse sont légion pour créer un semblant de paranoïa de fin de monde, propre à cette décennie du passage à l’an 2000.
Stephen Hopkins, un mauvais choix de cinéaste pour un fléau cinématographique
La caméra hystérique de Stephen Hopkins, qui revenait à l’épouvante de ses débuts (Freddy 5 en avait fait une promesse du cinéma de genre, en 1989), après un téléfilm biographique sur Peter Sellers bardé de prix (Emmy Awards, Golden Globes), croit insuffler du rythme et de la tension par des effets pompiers, notamment de mouvement. L’artisan de la série B friquée américaine n’a jamais été très doué, mais là il se verra puni par dix ans d’ostracisation, loin du grand écran, tant il participe au fléau diabolique. En fait, son choix d’un habillage MTV ne fait qu’aggraver le cas d’un film aux propos pesants, qui confond fantastique et catéchisme.
Quant à Hilary Swank, que l’on pourrait presque surnommer Hilary Swamp puisqu’il s’agit de son deuxième film d’épouvante marécageux après le Intuition de Sam Raimi, on se demande encore ce qu’elle est venue chercher dans pareille entreprise. Elle a donné son accord peu après son Oscar pour Million Dollar Baby, mais très certainement visait-elle un autre résultat, comme Halle Berry avec Gothika de Mathieu Kassovitz (2003).
Warner embarrassé a repoussé la sortie à deux reprises, avec montage bouleversé, musique de Philip Glass effacé du cut proposé… La MGM avait déjà fait un coup similaire à Stephen Hopkins sur L’ombre et la proie, en 1996, avec un remontage forcé par Michael Douglas qui voulait apparaître davantage à l’écran et n’avait pas supporté sa collaboration avec Michael Douglas.
Les châtiments foudroyé au box-office mondial
Avec un budget moyen de 40M$ (plutôt élevé pour ce type de film, en fait), l’échec a été avéré. Les Américains répudient cet ouvrage biblique qui est évalué à 36/100 sur la revue de presse Metacritic, avec pas moins de 52% de papiers très négatifs. Sortie lors du week-end férié de Pâques, la production n’engendre que 12 990 000$ en 5 jours (2 603 écrans), et se classe en 5e place. Avec 25M$ en fin de carrière locale, Les châtiments réalise à peine la moitié du nanar avec Sandra Bullock, Prémonitions que Sony avait proposé 3 semaines plus tôt sur le territoire états-unien.
A l’international, l’intérêt pour Les châtiments de Stephen Hopkins est très limité :
6.2M$ au Mexique, 4.7M$ en Espagne, 4.5M$ en Corée du Sud, 1.3M$ au Royaume-Uni, 1.3M$ en Italie… A part en Chine, le film est distribué sur chaque territoire et récolte peu ou prou une petite misère. Si l’on compte les USA, la France fut son 4e marché, avec 1 580 000$ de recettes. Cela se traduit par une première semaine pas si mauvaise en avril 2007, avec 100 000 entrées dans 197 cinémas. La moyenne Paris-Périphérie est même très bonne. Le biopic Jean de la Fontaine le défi avec Lorant Deutsch, qui débarque la même semaine, s’installe derrière, en 9e place, avec 83 000 entrées dans 233 cinémas.
Evidemment pour Les châtiments, le bouche-à-oreille est exécrable et, à l’arrivée, Hilary Swank ne parvient pas à doubler les entrées de première semaine, avec seulement 192 000 ouailles. Le film Warner se ramasse en 169e place annuelle. C’est toutefois le 5e meilleur score pour un film d’horreur sorti en France en 2007 derrière Saw IV (655 000), Boulevard de la mort (627 000), 28 semaines plus tard (313 000) et La colline a des yeux 2 (302 000). La différence étant dans les détails : Saw 4 n’avait coûté que 10M$, The Hills have eyes 2 15M… Le budget des Châtiments appelait un score d’excellence, et non celui d’une purge qui rejoindra la longue liste horrifique des navets bibliques des post 1999 (666 La malédiction, L’exorcisme : au commencement, L’élue avec Kim Basinger, Stigmata, La fin des temps, Les âmes perdues avec Winona Ryder, Le purificateur avec Heath Ledger…