Les châtiments : la critique du film (2007)

Fantastique | 1h38min
Note de la rédaction :
2.5/10
2.5
Les châtiments de Stephen Hopkins, affiche

  • Réalisateur : Stephen Hopkins
  • Acteurs : Idris Elba, Stephen Rea, Hilary Swank, William Ragsdale, David Morrissey
  • Date de sortie: 18 Avr 2007
  • Année de production : 2007
  • Nationalité : Américain
  • Titre original : The Reaping
  • Titres alternatifs : Prueba de fe (Amérique latine), La cosecha (Espagne), La moisson (Québec), I segni del male (Italie), The Reaping - Die Boten der Apokalypse (Allemagne), Oi deka pliges (Grèce), A Colheita do Mal (Brésil), A tíz csapás (Hongrie), Moartea (Roumanie)
  • Autres acteurs : Annasophia Robb, Eddie J. Fernandez, Burgess Jenkins, David Jensen, Manolo Cardona, Lara Grice
  • Scénaristes : Carey W. Hayes, Chad Hayes
  • D'après une histoire de : Brian Rousso
  • Monteur : Colby Parker Jr.
  • Directeur de la photographie : Peter Levy
  • Compositeur : John Frizzell
  • Super effets spéciaux : Richard Yuricich
  • Chef décorateur : Graham Grace Walker
  • Directeur artistique : Scott Ritenour
  • Producteurs : Susan Downey, Herbert W. Gains, Joel Silver, Robert Zemeckis, en coproduction avec Richard Mirisch
  • Producteurs exécutifs : Bruce Berman, Erik Olsen, Steve Richards
  • Sociétés de production : Warner Bros., Dark Castle Entertainment, Chime Productions LLC, Chime Films, Eyetronics, Village Roadshow Pictures
  • Distributeur : Warner Bros.
  • Editeur vidéo : Warner Bros Vidéo
  • Date de sortie vidéo : 24 octobre 2007
  • Budget : 40 000 000
  • Box-office France / Paris-Périphérie : 192 412 entrées / 81 081 entrées
  • Box-office nord-américain / monde : 25 126 214$ / 62 771 059$
  • Rentabilité :
  • Classification : Tous publics avec avertissement : "Quelques scènes impressionnantes sont susceptibles de heurter la sensibilité de certains publics".
  • Formats : 2.39 : 1 / Couleur (35mm) / DTS, Dolby Digital
  • Illustrateur/Création graphique : © Tous droits réservés / All rights reserved
  • Crédits : © 2007. Warner Bros Entertainment. Tous droits réservés / All rights reserved
  • Attachés de presse : Carole Chomand, assistée de Sabri Amar
  • Tagline : Le paradis ou l'enfer, Le Bien ou le Mal, Maintenant ou jamais
Note des spectateurs :

Les châtiments est une bondieuserie malhabile qui confond fantastique et catéchisme. Une vraie punition pour le spectateur qui fut longtemps repoussée par son distributeur, Warner Bros, déconcerté par le résultat final.

Synopsis : Katherine Winter a quitté l’habit de missionnaire après le meurtre, au Soudan, de son mari et de sa petite fille. Professeur d’université, elle consacre désormais tous ses efforts à démystifier les phénomènes “surnaturels” et à en fournir une explication scientifique et rationnelle. Devenue l’expert numéro un en la matière, aucun “miracle” n’a résisté jusqu’ici à sa perspicacité.
Katherine reçoit un jour la visite de Doug Blackwell, instituteur de la petite bourgade sudiste de Haven, en Louisiane. Des “fléaux bibliques” en série ont frappé cette localité dévote, qui menace d’en faire payer le prix à une jeune sauvageonne, Loren. Katherine accepte de se rendre sur place avec son fidèle associé, Ben, pour sauver la vie de la fillette.
Les phénomènes troublants s’enchaînent et, pour la première fois, Katherine est mise en échec. Aucune de ses théories ne tenant la route, elle va devoir réviser tous ses principes pour juguler les forces obscures qui menacent Haven et sa propre sécurité…

Dark Castle Entertainment perd la foi

Critique : Dieu existe, si, si. On en a la preuve, et ce grâce aux Châtiments, production issue du répertoire de la société de Robert Zemeckis et Joel Silver, Dark Castle. En vogue dans les années 2000, celle-ci était alors spécialisée dans le fantastique et l’épouvante et délivrait via Warner de nombreuses productions lisses mais commercialement viables : La maison de l’horreur, 13 fantômes, La maison de cire, Le vaisseau de l’angoisse, Gothika. Rien de bon, beaucoup de produits lisses, mais avec au mieux, cet effort de raviver la flamme d’une entité hollywoodienne spécialisée dans le surnaturel avait un charme suranné, après une décennie 90 où l’horreur avait été délaissée par les studios.

Science ou religion, la femme doit choisir

Avec The Reaping ou Les châtiments en français, le pire contre-attaquait sous la forme d’un spectacle laid, indigent et douteux durant lequel, pendant plus d’une heure trente, via différents signes apocalyptiques, l’on s’efforce de remontrer la voie de Dieu à une ancien femme pasteur. Cette dernière, interprétée par Hilary Swank, ne jure plus que par la science depuis le sacrifice traumatisant de son mari et de sa petite fille sur l’autel de Dieu lors d’une mission humanitaire au Soudan. Mais bon, face à un village de bigots et à la succession de fléaux reconstituant tout un pan de l’Ancien Testament, la pauvresse doit se faire une raison et rejoindre les grenouilles de bénitier.

Invasions de poux et de sauterelles, bétail agonisant, rivière qui voit son eau se transformer en sang humain… les scénaristes des Châtiments déploient l’artillerie lourde et le discours ne fait pas dans l’ambiguïté cérébrale. Pour animer un peu ce bourbier d’idées creuses, les images de synthèse sont légion pour créer un semblant de paranoïa de fin de monde, propre à cette décennie du passage à l’an 2000.

Stephen Hopkins, un mauvais choix de cinéaste pour un fléau cinématographique

La caméra hystérique de Stephen Hopkins, qui revenait à l’épouvante de ses débuts (Freddy 5 en avait fait une promesse du cinéma de genre, en 1989), après un téléfilm biographique sur Peter Sellers bardé de prix (Emmy Awards, Golden Globes), croit insuffler du rythme et de la tension par des effets pompiers, notamment de mouvement. L’artisan de la série B friquée américaine n’a jamais été très doué, mais là il se verra puni par dix ans d’ostracisation, loin du grand écran, tant il participe au fléau diabolique. En fait, son choix d’un habillage MTV ne fait qu’aggraver le cas d’un film aux propos pesants, qui confond fantastique et catéchisme.

Quant à Hilary Swank, que l’on pourrait presque surnommer Hilary Swamp puisqu’il s’agit de son deuxième film d’épouvante marécageux après le Intuition de Sam Raimi, on se demande encore ce qu’elle est venue chercher dans pareille entreprise. Elle a donné son accord peu après son Oscar pour Million Dollar Baby, mais très certainement visait-elle un autre résultat, comme Halle Berry avec Gothika de Mathieu Kassovitz (2003).

Warner embarrassé a repoussé la sortie à deux reprises, avec montage bouleversé, musique de Philip Glass effacé du cut proposé… La MGM avait déjà fait un coup similaire à Stephen Hopkins sur L’ombre et la proie, en 1996, avec un remontage forcé par Michael Douglas qui voulait apparaître davantage à l’écran et n’avait pas supporté sa collaboration avec Michael Douglas.

Les châtiments foudroyé au box-office mondial

Avec un budget moyen de 40M$ (plutôt élevé pour ce type de film, en fait), l’échec a été avéré. Les Américains répudient cet ouvrage biblique qui est évalué à 36/100 sur la revue de presse Metacritic, avec pas moins de 52% de papiers très négatifs. Sortie lors du week-end férié de Pâques, la production n’engendre que 12 990 000$ en 5 jours (2 603 écrans), et se classe en 5e place. Avec 25M$ en fin de carrière locale, Les châtiments réalise à peine la moitié du nanar avec Sandra Bullock, Prémonitions que Sony avait proposé 3 semaines plus tôt sur le territoire états-unien.

A l’international, l’intérêt pour Les châtiments de Stephen Hopkins est très limité :

6.2M$ au Mexique, 4.7M$ en Espagne, 4.5M$ en Corée du Sud, 1.3M$ au Royaume-Uni, 1.3M$ en Italie… A part en Chine, le film est distribué sur chaque territoire et récolte peu ou prou une petite misère. Si l’on compte les USA, la France fut son 4e marché, avec 1 580 000$ de recettes. Cela se traduit par une première semaine pas si mauvaise en avril 2007, avec 100 000 entrées dans 197 cinémas. La moyenne Paris-Périphérie est même très bonne. Le biopic Jean de la Fontaine le défi avec Lorant Deutsch, qui débarque la même semaine, s’installe derrière, en 9e place, avec 83 000 entrées dans 233 cinémas.

Evidemment pour Les châtiments, le bouche-à-oreille est exécrable et, à l’arrivée, Hilary Swank ne parvient pas à doubler les entrées de première semaine, avec seulement 192 000 ouailles. Le film Warner se ramasse en 169e place annuelle. C’est toutefois le 5e meilleur score pour un film d’horreur sorti en France en 2007 derrière Saw IV (655 000), Boulevard de la mort (627 000), 28 semaines plus tard (313 000) et La colline a des yeux 2 (302 000). La différence étant dans les détails : Saw 4 n’avait coûté que 10M$, The Hills have eyes 2 15M… Le budget des Châtiments appelait un score d’excellence, et non celui d’une purge qui rejoindra la longue liste horrifique des navets bibliques des post 1999 (666 La malédiction, L’exorcisme : au commencement, L’élue avec Kim Basinger, Stigmata, La fin des temps, Les âmes perdues avec Winona Ryder, Le purificateur avec Heath Ledger…

Frédéric Mignard

Sorties de la semaine du 18 avril 2007

Les châtiments de Stephen Hopkins, affiche

© Warner Bros Pictures. Tous droits réservés / All rights reserved

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