Trente ans après l’original, Le veilleur de nuit : l’héritage constitue une suite valeureuse, avec de bons moments de suspense et un scénario travaillé qui offre son lot de surprises. A découvrir en VOD.
Synopsis : Emma, une étudiante en médecine de 22 ans, accepte un poste de veilleuse de nuit dans le département médico-légal. Emma décide d’enquêter sur le passé de ses parents, Kalinka et Martin. Elle réveille le psychopathe Wömer qui a failli les tuer, et sa vengeance sera terrible…
Une suite, trente ans après l’original
Critique : Il y a de cela trente ans, le réalisateur danois Ole Bornedal s’imposait comme un nouveau maître du thriller horrifique en dégoupillant la bombe Le veilleur de nuit (1994), mené par de jeunes espoirs comme Nikolaj Coster-Waldau et Kim Bodnia. Le film fut à ce point apprécié que Bornedal a accepté d’en tourner lui-même un fidèle remake éponyme en 1997, avec cette fois-ci Ewan McGregor en tête d’affiche, le tout produit par Dimension Films, la compagnie des frères Weinstein.
© 2023 Nordisk Film Production / Swift. Tous droits réservés.
Depuis cette époque, de l’eau a coulé sous les ponts. Ole Bordenal a tourné plus de sept films et plusieurs épisodes de séries, demeurant à chaque fois un solide artisan du cinéma de genre. Nikolaj Coster-Waldau est devenu une star internationale grâce à la série Game of Thrones, tandis que Kim Bodnia a triomphé à son tour dans les films de Nicolas Winding Refn et dans la série Killing Eve. Malgré des emplois du temps bien chargés, tout ce beau monde a décidé de fêter les 30 ans du film original en lui donnant enfin une suite justement intitulée Le veilleur de nuit : l’héritage (2023).
Ole Bornedal développe les thèmes du premier opus
Le risque encouru par le réalisateur, également scénariste, était de reproduire une fois de plus la même histoire qui se déroulait quasiment intégralement en huis-clos dans une morgue. En fait, Ole Bornedal a eu l’intelligence de proposer une véritable suite directe à son film de 1994 – faisant donc l’impasse sur le remake US. L’intrigue est donc bien située trente ans après l’original et suit donc les aventures de la fille du héros, toujours interprété par Nikolaj Coster-Waldau. La jeune femme suit les traces de son père et, inconsciemment cherche des réponses au drame qui a marqué de manière indélébile la vie de ses parents. Ainsi, sa mère s’est suicidée et son père n’est plus qu’une loque.
Dans un mouvement naturel de recherche de ses origines, la jeune femme – jouée par la propre fille du réalisateur Fanny Leander Bornedal – va finir par retrouver la trace du serial-killer du premier film que l’on croyait mort, mais qui se terre en réalité dans un hôpital psychiatrique. Parallèlement à cette quête, l’héroïne semble déclencher un nouveau cycle de meurtres atroces qui pourraient être l’œuvre d’un copycat… ou bien est-ce plus compliqué que cela ?
L’héritage échappe au huis-clos de manière judicieuse
Certes, Le veilleur de nuit : l’héritage prend son temps pour installer son intrigue et poser ses personnages, mais cela n’empêche nullement le film d’être efficace, car monté de manière judicieuse. Conscient que les spectateurs n’ont pas vu ou oublié le premier opus, le réalisateur rappelle les faits de manière habile de façon que le spectateur ne soit pas perdu. Ensuite, il semble s’inscrire dans la lignée du précédent en plongeant la jeune fille dans une morgue où elle prend la suite de son paternel. Mais le cinéaste est malin et propose de sortir à plusieurs reprises du lieu clos pour développer une intrigue plus tortueuse que prévu.
© 2023 Nordisk Film Production / Swift. Tous droits réservés.
Au passage, il livre une réflexion pas si inintéressante que cela sur l’atavisme qui pousse les enfants de bourreaux à reproduire les mêmes méfaits que leurs parents, ce qui est aussi valable dans le cas des victimes de traumatisme. Ainsi, Ole Bornedal ouvre le champ des possibles et permet aux protagonistes plus jeunes d’exister pleinement au sein de ce qui constitue désormais un diptyque cohérent.
Le réalisateur table sur l’ambiance et le suspense
Parfois violent, mais sans céder aux débordements graphiques très à la mode aujourd’hui, Le veilleur de nuit : l’héritage préfère tabler sur le suspense, tandis que quelques séquences provoquent de vrais frissons. Si la référence immédiate est celle du Silence des agneaux (Jonathan Demme, 1991), on peut également songer à Saw (James Wan, 2004) dans la volonté du cinéaste à égarer le spectateur sur des fausses pistes pour préserver son twist final. Le résultat, s’il n’égale jamais le film d’origine, est plutôt réussi et constitue donc une bonne surprise.
Sorti sur les écrans danois au mois de décembre 2023, Le veilleur de nuit : l’héritage n’a pourtant pas rencontré le succès attendu, condamnant ainsi sa sortie française. Chez nous, l’éditeur Swift propose le long métrage uniquement en VOD. Il s’agit plutôt d’une bonne pioche pour peu que vous appréciez les thrillers nordiques.
Critique de Virgile Dumez
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Biographies +
Ole Bornedal, Nikolaj Coster-Waldau, Fanny Leander Bornedal, Kim Bodnia
Mots clés
Cinéma danois, Les tueurs fous au cinéma, L’hôpital au cinéma, Les relations père-fille au cinéma