Le monocle noir : la critique du film (1961)

Comédie, Espionnage, Parodie | 1h44min
Note de la rédaction :
5/10
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Le monocle noir, l'affiche

Note des spectateurs :

Premier film parodique de Georges Lautner, Le monocle noir est avant tout une œuvre ratée à laquelle les auteurs ont ajouté un second degré salvateur. L’ensemble est tout de même ennuyeux et confus.

Synopsis : Le marquis de Villemaur a décidé d’inviter d’étranges individus dans sa demeure, afin de leur faire rencontrer un rescapé du IIIe Reich. Ainsi, il réunit un Italien fasciste, Heinrich, un Allemand et Dromard, un Français ex-commandant aveugle qui porte un monocle noir.

Lautner adapte un roman médiocre et opte pour un humour décalé

Critique : Au tout début des années 60, le réalisateur Georges Lautner a déjà quelques petits films sérieux à son actif lorsqu’il est engagé par le producteur Lucien Viard pour mettre en scène un film d’espionnage. Le roman éponyme d’origine, écrit par le colonel Rémy, vient tout juste de sortir et de recevoir un prix, mais Lautner le trouve assez mauvais et particulièrement incompréhensible dans son déroulement narratif.

Le scénario écrit par Pierre Laroche et Jacques Robert tente d’éclaircir cette intrigue cryptique, mais n’y parvient qu’en partie, si bien que Lautner se désintéresse très rapidement d’un long-métrage qui sent le sapin. Même son de cloche du côté de l’acteur Paul Meurisse qui s’est engagé à tourner le film, mais n’est aucunement satisfait du script. Les artistes impliqués se retrouvent donc devant un choix cornélien : soit tourner le scénario tel quel et c’est l’échec assuré, soit s’amuser un maximum en adoptant un ton décalé qui clame à chaque instant la nullité de l’histoire racontée.

Un style particulièrement soigné, au service d’une histoire incompréhensible

Lautner et Paul Meurisse optent pour la seconde solution et créent ainsi un nouveau style de film, à savoir la comédie d’espionnage de type parodique et pince-sans-rire. Le monocle noir (1961), tout piteux qu’il est, devient donc un laboratoire expérimental pour le style à venir de Lautner. Ainsi, l’histoire, totalement absurde, passe largement au second plan et se trouve raillée par les personnages eux-mêmes. C’est bien simple, sur le tournage, personne ne comprend rien à cette intrigue. Le spectateur devra également être très tolérant devant une œuvre qui souffre d’un script inepte, tout juste sauvé par des dialogues drolatiques.

Persuadé de tourner un navet, Lautner en profite toutefois pour singer le style du film noir américain en multipliant les cadrages savants, tandis que son complice Maurice Fellous signe une photographie contrastée du plus bel effet. Encore une fois, on signalera le décalage entre une forme très soignée et la décontraction des différents interprètes, en roue libre.

Un film mal fichu, tout juste sauvé par ses comédiens

D’ailleurs, Le monocle noir est encore regardable de nos jours grâce à l’implication des comédiens. On aime bien le jeu décalé de Paul Meurisse, mais aussi la faconde de Bernard Blier en commissaire dépassé par les événements. Pierre Blanchar, de son côté, joue son personnage de néo-nazi avec un formidable premier degré. Ce fut sa dernière apparition à l’écran après une riche carrière commencée à l’époque du muet. Dans des seconds rôles amusants, on apprécie également les contributions de Jacques Marin, Albert Rémy et Jacques Dufilho. Signalons enfin la présence de Marie Dubois dans un tout petit rôle, malheureusement peu étoffé.

Tout juste drôle, assez mal rythmé, Le monocle noir n’a donc guère de qualités à son actif, à part son ton décalé. Sorti en catimini au mois d’août par un distributeur peu fier du résultat final, le long-métrage a pourtant été un succès immédiat. Avec 1 624 192 entrées sur toute la France, il s’agit d’un nouveau succès public pour Georges Lautner après celui d’Arrêtez les tambours en début d’année qui avait obtenu un score similaire. Cela a permis à l’équipe de se retrouver pour deux suites tournées en 1962 et 1964 (L’œil du monocle et Le monocle rit jaune). Mais surtout, cela a confirmé qu’il existait une place pour un humour parodique et décalé qui allait trouver sa pleine réalisation avec Les tontons flingueurs (1963) et Les barbouzes (1964).

Aujourd’hui un peu oublié, Le monocle noir doit donc davantage être vu comme un brouillon mal fichu de l’œuvre à venir que comme une réalisation aboutie.

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Critique de  Virgile Dumez 

Les sorties de la semaine du 29 août 1961

Le monocle noir, l'affiche

© 1961 Orex Films – SGGC / Illustrateur : Henri Cerutti. Tous droits réservés.

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Bande-annonce du Monocle noir

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