Le gendarme et les extra-terrestres n’est ni plus ni moins qu’un nanar de première catégorie. Déplorable de bout en bout.
Synopsis : Au cours de patrouilles dans l’arrière-pays, le gendarme Beaupied puis le maréchal des logis-chef Cruchot aperçoivent à leur grande surprise une soucoupe volante posée dans une petite clairière, qui décolle à leur arrivée. Ils en informent immédiatement leur supérieur, l’adjudant-chef Gerber, qui diagnostique aussitôt un léger surmenage de ses subordonnés. Cruchot est bientôt contacté par les extraterrestres, astucieusement déguisés en gendarmes.
Un épisode tardif totalement dispensable
Critique : Star incontestée du box-office français dans les années 60, Louis de Funès est contraint de s’éloigner des plateaux après une terrible crise cardiaque qui l’oblige à se ménager. Après trois ans d’inactivité forcée, il revient sur le devant de la scène grâce à deux comédies signées Claude Zidi, L’aile ou la cuisse (1976) et La zizanie (1978). Si l’acteur y apparaît fatigué et amaigri, le public répond présent, d’autant que les films en question sont plutôt de bonne qualité.
Malheureusement, peu de temps après ce retour gagnant, Louis de Funès accepte de tourner à nouveau avec Jean Girault, médiocre réalisateur de la série des Gendarmes et d’un nombre conséquent de navets. Mauvaise idée entre toute : il est décidé de redonner vie une cinquième fois aux personnages de Richard Balducci, neuf ans après un quatrième volet déjà assez peu fameux.
Les extra-terrestres débarquent en pleine terre franchouillarde
Signe des temps, le scénariste Jacques Vilfrid confronte notre célèbre brigade à des extra-terrestres qui ont la capacité de se confondre avec la population en imitant leur aspect. De quoi réaliser un film de sciences-fiction avec un minimum d’effets spéciaux (tous bien ratés au demeurant) et donc un budget peu important, tout en surfant sur le récent succès de Star wars et de toutes les grosses productions de SF hollywoodiennes.
Doté d’un scénario indigent qui multiplie les quiproquos entre vrais gendarmes et doubles venus de l’espace, Le gendarme et les extra-terrestres fait peine à voir. Jean Girault se révèle incapable d’imprimer le moindre rythme à des scènes que l’on croirait être des chutes de montage. Les acteurs, livrés à eux-mêmes, tentent bien de gesticuler pour compenser le manque d’intérêt de la chose, mais rien n’y fait.
Plus personne ne semble vraiment y croire, y compris de Funès
De Funès semble ne plus y croire, Maurice Risch n’arrive pas à faire oublier l’absence de Jean Lefebvre et Jean-Pierre Rambal tente vainement d’imiter Christian Marin. Seul Michel Galabru tire encore son épingle du jeu en vieux routard du nanar qu’il est alors devenu. Ecrit avec les pieds et tourné par une équipe complètement dépassée, ce cinquième volet des aventures de Cruchot est donc un navet de première classe, affligeant de bout en bout.
Un score surréaliste au box-office national et même européen
Contre toute attente, le film a rapidement dépassé tous les pronostics au box-office français. Sortie la même semaine que le Superman de Richard Donner, la comédie franchouillarde s’impose comme le carton du moment au point de finir sa carrière à un niveau exceptionnel (plus de 6 millions d’entrées sur notre territoire et plus gros succès de l’année 1979). Ces résultats surréalistes ont également été accompagnés par une sortie triomphale en Allemagne et dans le reste de l’Europe, faisant de ce cinquième opus le plus lucratif de tous (d’autant que le budget était moins élevé que pour les précédents épisodes). De quoi remettre le couvert quelques années plus tard avec un ultime numéro qui allait une fois de plus s’imposer comme un nanar cosmique.
Critique du film : Virgile Dumez