Drôle grâce au savoir-faire des comédiens, Le gendarme en balade subit une sévère baisse de régime à cause d’un scénario aux abonnés absents. Mais le pire est à venir…
Synopsis : Cruchot s’ennuie ferme dans son château, malgré les efforts de Josépha qui s’emploie, tant bien que mal, à le distraire… Mais, lorsqu’il reçoit la visite d’un ancien collègue venu lui annoncer que suite à un accident, Fougasse est devenu amnésique, Cruchot propose de rassembler sa brigade et de rendre visite au malade, soigné à la Pinsonnière. Afin de lui rafraîchir la mémoire, les anciens décident de reconstituer la brigade, et de l’emmener, comme avant, à la chasse aux nudistes.
Un dernier tour de piste pour l’équipe des Gendarmes au grand complet
Critique : Après avoir connu les sommets du box-office grâce à son complice Gérard Oury, la star du rire Louis de Funès se fourvoie en 1970 dans L’homme orchestre qu’il a tourné avec le jeune réalisateur Serge Korber. Non seulement déçu par le résultat artistique, de Funès a bien du mal à se contenter des 2,4 millions d’entrées générées par ce coup d’épée dans l’eau. Il table alors sur une valeur sûre pour revenir au premier plan en acceptant de tourner un quatrième volet des aventures du gendarme.
Malgré les heurts rencontrés avec Jean Lefebvre sur le précédent tournage, on retrouve toute la compagnie au complet, même si la jolie Geneviève Grad n’est plus de la partie, préférant se pavaner aux bras de OSS 117.
Une suite de saynètes sans aucun fil conducteur
Mis à la retraite (le film s’intitulait à l’origine Le gendarme à la retraite), nos joyeux gendarmes s’ennuient ferme et ne rêvent que de reprendre l’uniforme. Dans cette partie qui joue à fond la carte de la nostalgie (et qui permet des inserts des autres films), certains gags sont particulièrement efficaces grâce à l’abattage des acteurs. Toujours truculent, le duo formé par Galabru et de Funès fonctionne à merveille et donne lieu à de beaux fous rires.
Malheureusement, les scénaristes ont été incapables de construire une intrigue cohérente autour de situations pourtant cocasses. L’amnésie du personnage incarné par Jean Lefebvre se révèle rapidement un prétexte totalement sous-exploité, l’incursion des gendarmes chez les hippies, si elle est très drôle, n’est qu’un épisode qui sent l’exploitation d’un thème dans le vent et le pire est constitué par l’épisode final où nos intrépides gendarmes traquent des gamins irresponsables échappés d’un orphelinat religieux.
La paresse s’empare de la saga
Tout ceci est d’une incroyable paresse d’écriture, tandis que la réalisation de Jean Girault demeure purement fonctionnelle. Autant dire que sans l’énorme talent des acteurs qui parviennent à nous faire rire très souvent, Le gendarme en balade ne serait qu’un improbable navet de plus.
Un box-office encore au beau fixe
Sans surprise, le film s’est immédiatement classé à la première place du box-office français de l’année 1970 en glanant 4 870 000 entrées, essentiellement recueillies en province, la capitale lui préférant Le cercle rouge de Melville. Toutefois, malgré cette première place au classement, les résultats sont en baisse et auraient dû convaincre les producteurs de prendre leur retraite. Dernier Gendarme encore regardable, ce quatrième volet sera pourtant suivi de deux autres épisodes bien piteux en comparaison.
Critique du film : Virgile Dumez
Les sorties de la semaine du 28 octobre 1970
© 1970 SNC – Mega Film. Tous droits réservés.