Thriller judiciaire classique, Le client bénéficie d’une interprétation de qualité et d’une réalisation efficace qui compensent la faiblesse de son postulat de départ.

Synopsis : Le jeune Mark Sway est témoin du suicide d’un avocat véreux qui se confesse à lui avant de mourir. Mark est alors autant courtisé par la police que par les mafiosi. Il refuse de parler mais, conscient du danger qu’il court, il se décide cependant à engager une avocate, Reggie Love, qui accepte de le défendre pour un dollar symbolique.

John Grisham, un auteur très prisé au début des années 90

Critique : Au début des années 90, le romancier John Grisham connaît un beau succès en librairie avec ses livres qui évoquent des procédures judiciaires complexes. Ancien avocat, l’auteur s’est reconverti à l’écriture à la fin des années 80 et ses romans ont été rapidement adaptés au cinéma. Ainsi, La firme (Pollack, 1992) inaugure ce cycle avec dans le rôle principal Tom Cruise. Aux Etats-Unis, le film grimpe jusqu’à la quatrième place du box-office annuel 1993 en récoltant plus de 158 millions de dollars de recettes. En France, ce sont 1,2 million de spectateurs qui se pressent dans les salles.

Le long-métrage est immédiatement suivi par L’affaire Pélican (Pakula, 1993) avec Denzel Washington et Julia Roberts. Le métrage glane 100 millions de dollars de recettes rien qu’aux Etats-Unis (pour une huitième place annuelle, toujours en 1993) et 1,2 million de spectateurs en France.

Un casting de haute volée qui révèle le talent de Brad Renfro

Ces deux beaux succès appelaient nécessairement une nouvelle exploitation du récent catalogue de l’écrivain. Warner Bros a ainsi acquis les droits du Client dès sa publication en 1993. Ils en confient la réalisation à Joel Schumacher qui vient de signer pour le studio un Chute libre (1993) d’excellente tenue. Le réalisateur parvient à convaincre Susan Sarandon d’accepter le rôle de l’avocate inexpérimentée qui doit défendre un enfant rebelle. Il réussit également à obtenir l’accord de Tommy Lee Jones, dont la carrière a pris un bel envol après le triomphe du Fugitif (Davis, 1993).

La principale difficulté était de trouver l’adolescent qui allait incarner le témoin gênant que la mafia doit éliminer. Si un enfant star est d’abord envisagé, le romancier John Grisham milite pour que le rôle soit attribué à un inconnu. Finalement, la directrice de casting Mali Finn propose le nom de Brad Renfro qu’elle vient tout juste de découvrir dans des petites pièces de théâtre scolaires. Le gamin âgé de onze ans au moment du tournage se révèle parfait et d’une rare maturité. Il est bien la révélation de ce long-métrage.

Joel Schumacher étonne par la sobriété de sa réalisation

Loin de ses œuvres plus polémiques, Joel Schumacher livre avec Le client un travail propre, appliqué et sans doute un peu lisse. Il s’agit de l’un de ses films les plus commerciaux où le cinéaste met clairement de côté ses excentricités pour se concentrer sur l’histoire à illustrer. Seule petite fantaisie personnelle, le réalisateur fait porter à Anthony LaPaglia un costume très gay friendly lors d’une séquence qui annonce les futures outrances de ses deux Batman.

Autrement, rien à signaler si ce n’est une réelle efficacité de la réalisation, avec des mouvements de caméras amples lors des séquences inaugurales et dans les moments de tension. Le cinéaste semble un peu moins inspiré lors des séquences de tribunal qui restent découpées de manière très classique en champs-contrechamps.

Un script banal, relevé par d’excellents comédiens

L’histoire développée par John Grisham n’est guère originale, déjà vue notamment dans le formidable Witness (Peter Weir, 1985), mais Joel Schumacher fait le bon choix en se concentrant sur la psychologie des deux protagonistes principaux, à savoir l’avocate et le gamin. Alors que Brad Renfro illumine chaque scène de sa présence magnétique, Susan Sarandon livre encore une composition brillante qui lui a d’ailleurs valu une énième nomination à l’Oscar. Il faut dire qu’elle sait être émouvante dans ce rôle d’une ancienne alcoolique qui a tout perdu et trouve la rédemption à travers la défense de ce petit sauvageon.

On peut sans doute regretter que le personnage de Tommy Lee Jones soit moins étoffé. Ce ponte du barreau qui envisage une carrière politique tient même du cliché. On notera d’ailleurs que l’acteur l’interprète exactement de la même manière que son shérif Samuel Gerard dans Le fugitif.

Un beau succès américain, mais une déception en France

Sans être un incontournable du genre, Le client est donc un film commercial efficace et plutôt bien mené, mais qui souffre d’un évident manque d’originalité. Le long-métrage a été un peu moins rentable que les précédents, mais demeure une belle affaire pour Warner qui peut comptabiliser 92 millions de dollars de recettes sur son territoire national. En France par contre, la chute a été rude avec une exposition massive dans des salles plutôt vides. Ils ne sont que 59 293 Parisiens à s’être déplacé la première semaine, mais déjà deux fois moins la suivante, pour continuer sur cette pente dangereuse en troisième semaine.

Le client termine son exploitation française à 342 170 entrées, ce qui est bien loin des chiffres des deux films précédents. La faute peut-être à un léger déficit de notoriété du casting par rapport à des acteurs comme Tom Cruise, Julia Roberts et Denzel Washington.

Critique de  Virgile Dumez 

Les sorties de la semaine du 7 décembre 1994

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