Le bazaar de l’épouvante, comédie fantastique noire et sardonique d’après Stephen King, contient tous les éléments propres aux classiques de l’auteur, avec un traitement années 90 à prendre ou à laisser.
Synopsis : Castle Rock est la plus paisible des villes américaines. Les événements sont rares, et l’arrivée de Leland Gant en constitue un de taille. Il s’installe dans une vieille boutique et y propose, pour un prix dérisoire, les objets dont chacun rêve depuis longtemps. Le succès est immédiat, mais, imperceptiblement, ces achats réveillent des haines enfouies. La violence, la mort et l’apocalypse règnent désormais à Castle Rock.
Bazar final à Castle Rock
Critique : C’est Peter Yates qui devait initialement réaliser Le bazaar de l’épouvante. A la dernière minute, le réalisateur de Bullitt et Les grands fonds quitte le projet en raison d’un désaccord artistique, demeurant crédité au générique comme producteur exécutif. Il est remplacé par le fils de Charton Heston. Fraser C. Heston est alors un cinéaste naissant, sans expérience autre que le téléfilm et qui disparaîtra aussi vite qu’il est arrivé, avec un métrage oublié (Alaska), qui confirme ce que l’on devine avec Le bazaar, à savoir un manque de personnalité.
L’attente des fans
Très attendue des lecteurs de Stephen King, l’adaptation du roman de sept cent-cinquante pages se doit d’être à la hauteur d’un ouvrage féroce et choral, qui met un terme aux tribulations narratives de l’auteur dans la bourgade du Maine, à Castle Rock. Les droits du roman ont d’ailleurs été achetés avant même la publication du livre à un prix record pour l’écrivain, dans un contexte post-Misery et Simetierre qui lui était très favorable.
Needful Things en version originale est une nouvelle variation autour d’un récit médiéval autour d’un personnage avenant qui débarque en ville et ouvre boutique pour vendre du rêve à ses clients, à savoir la possibilité d’exaucer leur haine envers leur prochain. L’idée méphistophélique d’un pacte secret avec le diable, même si le personnage, joué dans l’adaptation par l’habile Max von Sydow, ne se présente pas comme tel, permet de faire ressortir toute la noirceur des personnages quelque peu simplifiés et moins nombreux que dans le roman (une version longue du film, de trois heures est enfin disponible en France en bonus du combo DVD-Blu-ray).
Le charme secret des années 90
Le charme inhérent des années 90 séduira tous les nostalgiques de cette époque peu férue de films d’épouvante et durant laquelle Stephen King était moins apprécié au cinéma que durant la décennie précédente. L’articulation psychologique des personnages, le huis clos villageois, font du film l’essence même de ce que l’on aime chez le romancier, entre La tempête du siècle et Under the Dome, qui furent pour leur part directement adaptés pour la télévision.
Le bazaar de l’épouvante, plus apprécié des décennies après sa sortie où il connut un cinglant échec, pâtit certes de la réalisation un peu pataude du fils de Charlton Heston, mais offre une relecture pleine d’ironie de l’âme noire du capitalisme dans une Amérique profonde où l’on retrouve avec bonheur Ed Harris et l’allumée Amanda Plummer.