Le bazaar de l’épouvante : la critique du film et le test Blu-ray (1994)

Comédie fantastique | 1h53min
Note de la rédaction :
6/10
6
Le bazaar de l'épouvante, jaquette blu-ray 2021

  • Réalisateur : Fraser C. Heston
  • Acteurs : Max von Sydow, Ed Harris, Amanda Plummer, Lisa Blount, J.T. Walsh, Bonnie Bedelia
  • Date de sortie: 13 Juil 1994
  • Nationalité : Américain, Canadien
  • Titre original : Needful Things
  • Titres alternatifs : L'inconnu de Castle Rock (Québec), La tienda de los deseos malignos (Argentine), Needful Things - In einer kleinen Stadt (Allemagne), Cose preziose (Italie), La tienda (Espagne), Trocas Macabras (Brésil),
  • Autres acteurs : Max Von Sydow, Ed Harris, Bonnie Bedelia, Amanda Plummer, J.t. Walsh, Ray McKinnon, Duncan Fraser, Valri Bromfield, Shane Meier, William Morgan Sheppard, Don S. Davis, Campbell Lane, Eric Schneider, Frank C. Turner, Gillian Barber, Deborah Wakeham, Tamsin Kelsey, Lochlyn Munro, Bill Croft, Deejay Jackson, Ann Warn Pegg, Gary Paller, Sarah Sawatsky, Robert Easton, Mike Chute
  • Scénariste : W.D. Richter
  • D'après : le roman Bazaar, de Stephen King
  • Directeur de la photographie : Tony Westman
  • Compositeur : Patrick Doyle
  • Monteur : Rob Kobrin
  • Producteurs : Jack Cummins, Gordon Marks (producteur associé), Peter Yates (producteur exécutif)
  • Sociétés de production : Castle Rock Entertainment, New Line Cinema
  • Distributeur : Les Films Number One, UGC Distribution
  • Editeur vidéo : TF1 Vidéo (VHS, 1997), TF1 Vidéo (VHS, 2000), Opening (DVD, 2006), Rimini Editions (Combo blu-ray DVD, 2021)
  • Dare de sortie blu-ray : 22 novembre 2021
  • Box-office France : 64 071 entrées / 29 725 entrées
  • Date de sortie nord-américaine : 27 août 1993
  • Box-office nord-américain / Budget : 15 185 672 $ / Environ 15M$
  • Festivals & Récompenses : 3 nominations aux Fangoria Chainsaw Awards, 4 nominations aux Saturn Awards, Sélection officielle Gérardmer 1994
  • Format : 1.85 : 1 / Couleur (Technicolor, 35MM)/ Dolby Stéréo
  • Illustrateur : Pascal Lemoine
  • Copyrights Rimini Editions, Castle Rock Entertainment, Metro-Goldwyn-Mayer Studio Inc, Park Circus. All Rights Reserved.
Note des spectateurs :

Le bazaar de l’épouvante, comédie fantastique noire et sardonique d’après Stephen King, contient tous les éléments propres aux classiques de l’auteur, avec un traitement années 90 à prendre ou à laisser.

Synopsis : Castle Rock est la plus paisible des villes américaines. Les événements sont rares, et l’arrivée de Leland Gant en constitue un de taille. Il s’installe dans une vieille boutique et y propose, pour un prix dérisoire, les objets dont chacun rêve depuis longtemps. Le succès est immédiat, mais, imperceptiblement, ces achats réveillent des haines enfouies. La violence, la mort et l’apocalypse règnent désormais à Castle Rock.

Bazar final à Castle Rock

Critique : C’est Peter Yates qui devait initialement réaliser Le bazaar de l’épouvante. A la dernière minute, le réalisateur de Bullitt et Les grands fonds quitte le projet en raison d’un désaccord artistique, demeurant crédité au générique comme producteur exécutif. Il est remplacé par le fils de Charton Heston. Fraser C. Heston est alors un cinéaste naissant, sans expérience autre que le téléfilm et qui disparaîtra aussi vite qu’il est arrivé, avec un métrage oublié (Alaska), qui confirme ce que l’on devine avec Le bazaar, à savoir un manque de personnalité.

Le bazaar de l'épouvante (Needful Things), affiche original,

Copyrights : Castle Rock Entertainment, Metro-Goldwyn-Mayer Studio Inc, Park Circus. All Rights Reserved.

L’attente des fans

Très attendue des lecteurs de Stephen King, l’adaptation du roman de sept cent-cinquante pages se doit d’être à la hauteur d’un ouvrage féroce et choral, qui met un terme aux tribulations narratives de l’auteur dans la bourgade du Maine, à Castle Rock. Les droits du roman ont d’ailleurs été achetés avant même la publication du livre à un prix record pour l’écrivain, dans un contexte post-Misery et Simetierre qui lui était très favorable.

Needful Things en version originale est une nouvelle variation autour d’un récit médiéval autour d’un personnage avenant qui débarque en ville et ouvre boutique pour vendre du rêve à ses clients, à savoir la possibilité d’exaucer leur haine envers leur prochain. L’idée méphistophélique d’un pacte secret avec le diable, même si le personnage, joué dans l’adaptation par l’habile Max von Sydow, ne se présente pas comme tel, permet de faire ressortir toute la noirceur des personnages quelque peu simplifiés et moins nombreux que dans le roman (une version longue du film, de trois heures est enfin disponible en France en bonus du combo DVD-Blu-ray).

Le charme secret des années 90

Le charme inhérent des années 90 séduira tous les nostalgiques de cette époque peu férue de films d’épouvante et durant laquelle Stephen King était moins apprécié au cinéma que durant la décennie précédente. L’articulation psychologique des personnages, le huis clos villageois, font du film l’essence même de ce que l’on aime chez le romancier, entre La tempête du siècle et Under the Dome, qui furent pour leur part directement adaptés pour la télévision.

Le bazaar de l’épouvante, plus apprécié des décennies après sa sortie où il connut un cinglant échec, pâtit certes de la réalisation un peu pataude du fils de Charlton Heston, mais offre une relecture pleine d’ironie de l’âme noire du capitalisme dans une Amérique profonde où l’on retrouve avec bonheur Ed Harris et l’allumée Amanda Plummer.

Frédéric Mignard

Les sorties de la semaine du 13 juillet 1994

Le bazaar de l'épouvante (Needful Things), affiche cinéma

Copyrights : Castle Rock Entertainment, Metro-Goldwyn-Mayer Studio Inc, Park Circus. All Rights Reserved.

Box-office :

Après un échec américain considérable (89e annuel et seulement 15M$ de recettes), Columbia Pictures ne sort pas l’adaptation de Bazaar de Stephen King dans les cinémas français et laisse le film atterrir chez un indépendant. Les Films Number One, associé à UGC distribue sans y croire cette production, 11 mois après les USA et 6 mois après sa sélection à la première édition du festival de Gérardmer d’où il repartira bredouille.

Fond de tiroir estival ou presque

Le bazaar de l’épouvante sort un été où les fonds de tiroir étaient rois. Le 13 juillet, sur Paris, la promotion est en berne. Le distributeur n’y croit pas, les exploitants non plus. Ce sont 19 salles parisiennes qui l’accueillent contre 33 pour Police Academy : Mission à Moscou, 25 pour le nanar avec Macaulay Culkin, Rends la monnaie, papa !, 24 pour la comédie française Priez pour nous, 21 pour la parodie Le silence des jambons. Le film d’après Stephen King récupère en fait le même nombre d’écrans que le flop américain Belles de l’Ouest.

Premier jour maigre dans un contexte compliqué

Pour son premier jour, Le bazaar de l’épouvante effectue le 4e meilleur démarrage du mercredi, avec 1 589 spectateurs. Très maigre, mais le beau temps, la coupe du monde de football et le départ des Parisiens en vacances ont donné un coup d’arrêt à la fréquentation. Pis, Le bazaar de l’épouvante est victime d’un arrivage tardif des copies dans les salles de cinéma qui l’ont programmé et n’ont pas pu l’exploiter sur toute la journée du mercredi.

Sur Paris intra-muros, le circuit est restreint à 9 écrans (UGC Élysées/Forum Horizon/Odéon/Montparnasse/Lyon Bastille et le Paramount Opéra, le Rex, le Paramount Opéra, le Mistral et le Gambetta.

Semaine par semaine, Le bazaar de l’épouvante dégringole

Avec 16 584 spectateurs en première semaine sur Paris et 26 391 sur toute la France, le film entre en 5e place hebdomadaire derrière la reprise de Full Metal Jacket qui en était à sa deuxième semaine.

Pour cette seconde semaine, Le bazaar glisse en dehors du top 15. Il perd 8 écrans sur Paris-Périphérie où il se retrouve à 6 465 spectateurs. A l’aide !

Faute de nouveautés, la satire garde ses écrans en 3e semaine, mais vit sous perfusion (4 878 spectateurs). En 4e semaine, seuls le George V et le Mistral le diffuseront encore pour 789 retardataires. Le film trouvera encore à peine la force de rester deux semaines de plus au George V où il s’éteint en 6e semaine à 550 spectateurs.

Son total France de 64 000 entrées est épouvantable. Mais peu de monde s’est vraiment rendu compte de sa distribution difficile.

Digipack, packaging du blu-ray 2021 du Bazaar de l'épouvante

© Rimini Editions, Castle Rock Entertainment, Metro-Goldwyn-Mayer Studio Inc, Park Circus. All Rights Reserved.

Le combo DVD & Blu-ray :

Rimini Editions propose une valeureuse édition  Digipack du Bazaar de l’épouvante avec un design de toute beauté qui s’inscrit superbement dans la collection des titres de l’éditeur.

Suppléments & packaging : 3.5 /5

Un objet physique, cela se choie. Plus que pour le film que peu de monde connaît, c’est bien un élément d’une collection cohérente que Le bazaar de l’épouvante souhaite être. Dans le même digipack luxueux que tous les autres films de séries B horrifiques de l’éditeur français. Esthétiquement, l’objet est beau. On apprécie d’ailleurs l’ajout d’une photo de l’affiche teaser originale, sur le packaging, à la griffe et au design impeccable.

Le bonus essentiel de cette édition est la présence d’une version longue alternative, en fait proposée pour un montage télévisée de 3h, en 1996, sous la forme d’une mini-série de deux épisodes. Longtemps recherchée par les fans de Stephen King, cette version longue, qui n’est pas un director’s cut, le cinéaste préférant le montage salle, propose davantage de personnages. Elle n’a fait sa réapparition qu’en 2021, avec tout d’abord une édition allemande à laquelle on préfèrera l’édition Rimini pour son design plus harmonieux et la présence de la langue française.

Deux versions d’une œuvre souvent exploitée en VHS et DVD, mais jamais en Blu-ray sur notre sol ; l’injustice est réparée dans la vidéographie du romancier le plus adapté au cinéma.

Peu de bonus audiovisuel ne sont proposés. On remarque la présence d’une bande-annonce et d’une featurette promotionnelle d’époque, reprenant beaucoup d’éléments du trailer.  Curieusement, il n’en est fait aucune mention sur la jaquette.

En revanche, un livret physique contextuel de 20 pages, par Marc – Mad Movies – Toullec, est proposé pour personnaliser davantage cette jolie sortie tant attendue.

On apprécie également la présence d’un commentaire audio du cinéaste, mais nous ne l’avons pas testé.

Image : 2.5 / 5

Mieux que celle d’un DVD, mais vraiment pas à la hauteur des enjeux, l’image du Bazaar de l’épouvante est prise au piège de l’échec salle du film et de la texture tristounette des productions cinéma des années 90, qui s’accommodait davantage aux diffusions télévisuelles et au support VHS. Le master trébuche sur la médiocrité de la réalisation et de la photographie originelles qui étaient sans envergure. Aussi, sans restauration poussée, le film, nettoyé des scories, ne relève pas le défi technique (lumière parfois sombre…). C’est le point faible de cette édition dont les atouts sont ailleurs.

La version longue est présentée en SD, avec un certain grain. L’éditeur n’a pas procédé à la restauration et on ne le lui reprochera pas. D’ailleurs il nous en avertit.  Ce n’était pas l’objet de cette édition. La rareté de ce matériau est déjà énorme et pour le prix (moins de 25 euros), on ne lui en tiendra pas rigueur. Par ailleurs, la copie SD demeure très acceptable dans cet état là.

Le son : 4 / 5

On préfèrera évidemment la piste originale qui bénéficie d’un 5.1 DTS HD adapté au spectacle. Rééquilibrage des voix sur l’ambiance,  spatialisation d’effets, notamment lors de l’explosion finale qui donne du souffle à l’ouvrage… Le film renaît de ses cendres.

La piste française, seulement en DTS HD 2.0, pâtit de son doublage malingre. Pour la version de 3 heures, on se contentera d’une VOSTF suffisante.

Frédéric Mignard

Le bazaar de l'épouvante, jaquette blu-ray 2021

© Rimini Editions, Castle Rock Entertainment, Metro-Goldwyn-Mayer Studio Inc, Park Circus. All Rights Reserved.

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