Signoret et Delon forment un inoubliable couple de cinéma dans La veuve Couderc, sobre et belle adaptation d’un roman de Georges Simenon. Imparable.
Synopsis : Un fuyard se réfugie dans une ferme tenue par une paysanne vieillissante, qu’il séduit bien qu’il soit tenté par une jeune voisine.
Deux Simenon sinon rien !
Critique : Alors qu’il tourne Le chat (1971), superbe adaptation d’un roman de Georges Simenon avec Jean Gabin et Simone Signoret, le cinéaste Pierre Granier-Deferre tombe sous le charme de son interprète féminine et souhaite la retrouver très rapidement pour une version de La veuve Couderc, toujours d’après Simenon. Pour le rôle masculin, le producteur Raymond Danon propose à Granier-Deferre le nom d’Alain Delon que le cinéaste valide. Toutefois, il a été difficile de convaincre l’acteur-star qui rechigne à l’idée de devoir jouer l’amoureux transi de Simone Signoret, bien plus âgée que lui. Finalement, Delon s’est laissé emporter par la fougue de son metteur en scène, passionné par le sujet.
Il faut dire que le réalisateur est particulièrement à l’aise dès qu’il s’agit de plonger dans l’univers pessimiste du créateur de Maigret. En parfaite adéquation avec le style de l’écrivain, il sublime chacun des romans de l’écrivain en leur donnant une profondeur humaine touchante. Ici, il décrit avec un luxe de détails étonnants la France de 1934, peu à peu gagnée par le fascisme depuis l’affaire Stavisky et les manifestations sanglantes du mois de février. Par petites touches, l’auteur s’immisce dans le quotidien d’une petite commune rurale où les jalousies, rancœurs et autres petites bassesses sont monnaie courante.
Un superbe mélodrame porté par Alain Delon et Simone Signoret
Grâce à une réalisation précise et au lyrisme du très beau thème musical de Philippe Sarde, La veuve Couderc s’impose comme un mélodrame rural à la fois sobre et intransigeant porté par des comédiens au sommet de leur carrière.
Si Alain Delon joue une fois de plus les mauvais garçons sur la voie de la rédemption, le spectateur est surtout frappé par l’évidence du couple qu’il forme avec Simone Signoret. Cette dernière nous gratifie d’une prestation exceptionnelle où chaque regard est porteur de sens. Amoureuse dès le premier instant de cet homme plus jeune qu’elle, elle nous bouleverse par la justesse de son jeu tout en finesse. Au final, cette belle histoire d’amour sur fond d’intolérance prend aux tripes et confirme l’aptitude de Pierre Granier-Deferre à tourner des sujets graves.
Un gros succès public largement mérité
Le public ne s’y est pas trompé et malgré son aspect quasi documentaire, le film a obtenu en salle un joli succès avec plus de deux millions d’entrées / France en cette fin 1971. Sur Paris, le long-métrage entre directement à la première place et se maintiendra dans les deux premières places pendant six semaines d’affilée, ce qui en fait un vrai gros succès sur la durée. Une belle récompense pour un très joli film, devenu depuis un classique des années 70.
Critique du film : Virgile Dumez