La véritable histoire d’Abe Sada : la critique du film (1990)

Biopic, Drame, Erotique | 1h16min
Note de la rédaction :
7/10
7
La véritable histoire d'Abe Sada, jaquette DVD

  • Réalisateur : Noboru Tanaka
  • Acteurs : Junko Miyashita, Eimei Esumi (Hideaki Ezumi)
  • Date de sortie: 13 Juin 1990
  • Année de production : 1975
  • Nationalité : Japonais
  • Titre original : Jitsuroku Abe Sada
  • Titres alternatifs : A Woman Called Sada Abe (titre international) / Abe Sada (Allemagne) / El abismo de los sentidos (Espagne) / Abesada - L'abisso dei sensi (Italie) / Uma Mulher Chamada Sada Abe (Brésil)
  • Autres acteurs : Genshu Hanayagi, Nagatoshi Sakamoto, Ikunosuke Koizumi, Yoshie Kitsuda
  • Scénariste : Akio Ido
  • Monteur : Shinji Yamada
  • Directeur de la photographie : Masaru Mori
  • Compositeur : Kôichi Sakata
  • Chef Maquilleur : -
  • Chef décorateur : Gunji Kawasaki
  • Directeur artistique : -
  • Producteurs : Shigeru Kuribayashi, Yoshihiro Yûki
  • Producteurs exécutifs : -
  • Sociétés de production : Nikkatsu
  • Distributeur : Films sans Frontières
  • Distributeur reprise : -
  • Date de sortie reprise : -
  • Editeurs vidéo : Films sans Frontières (VHS, 1996) / Ciné Malta - Arcadès (DVD, 2009) / Playtime - Arcadès (DVD, 2015) / Carlotta (UHD 4K en coffret uniquement, 2024)
  • Dates de sortie vidéo : 1996 (VHS) / 19 janvier 2009 (DVD) / 7 juillet 2015 (DVD) / 18 juin 2024 (UHD 4K, coffret)
  • Box-office Paris-Périphérie : 20 868 Paris (5 chefs-d'oeuvre du cinéma érotique japonais)
  • Box-office nord-américain / monde : -
  • Rentabilité : -
  • Classification : Interdiction aux -16 ans
  • Formats : 1.85 : 1 / Couleurs / Son : Mono
  • Festivals : -
  • Nominations : -
  • Récompenses : -
  • Illustrateur/Création graphique : © Marc Bruckert (jaquettes DVD). Tous droits réservés / All rights reserved
  • Crédits : © Nikkatsu Corp. Tous droits réservés / All rights reserved
  • Attachée de presse : Isabelle Ichay
  • Anthologie en salle (1990) : 5 chefs d'oeuvre du cinéma érotique japonais incluant également La maison des perversités, Rue de la joie, La barrière de la chair et Marché sexuel des filles
Note des spectateurs :

La véritable histoire d’Abe Sada traite le même sujet que L’empire des sens de Nagisa Oshima pour une œuvre plus timorée, mais plutôt maîtrisée. Un film à découvrir.

Synopsis : Reconstitution d’une affaire criminelle qui défraya la chronique au Japon dans les années 30 : une femme et un homme vivent une passion amoureuse et sexuelle qui les consume au point d’aller jusqu’au crime.

La même histoire que L’empire des sens, traitée un an auparavant

Critique : Depuis les débuts de la Nouvelle Vague japonaise dans les années 60, les réalisateurs nippons ont bousculé les règles de la censure en tournant des films érotiques très osés et souvent assez dérangeants car mêlant sexe et violence. Ce fut le cas de films comme Eros + massacre (1969) de Yoshishige Yoshida, ainsi que toute la filmographie du jeune Nagisa Oshima. Ce dernier est particulièrement important puisqu’il s’est lui aussi inspiré de l’affaire Abe Sada pour livrer son œuvre la plus sulfureuse, L’empire des sens (1976).

Réalisé un an auparavant, le film de Noboru Tanaka souffre forcément de la comparaison puisque les deux réalisateurs ont une vision assez proche de cette affaire. Pourtant, là où Oshima a opté pour le scandale en filmant en gros plan des actes sexuels non simulés et en terminant son film sur une scène gore d’émasculation, Tanaka a préféré rester dans des normes plus acceptables. Finalement, son film, pourtant franchement intéressant, a été éclipsé par le succès international de son rival.

Une bonne dose de sadomasochisme

Moins habile qu’Oshima dans les scènes d’intérieur, le cinéaste parvient tout de même à nous accrocher grâce à une histoire très forte et très bien interprétée. Ici, les scènes de sexe sont simulées, mais elles sont tout de même efficaces. Le spectateur peu habitué aux films érotiques japonais seront sans doute déstabilisés par ce cocktail détonant de sexe, de violence, de sadomasochisme, de meurtre et de castration. Tous les ingrédients sont présents pour faire réagir le spectateur, tout en donnant une chance au personnage féminin, finalement victime d’une société machiste, véritable rouleau compresseur de toute féminité.

Spécialiste du pinku eiga, Noboru Tanaka fait plutôt partie des bons faiseurs du studio Nikkatsu qui s’est lancé dans ce filon afin d’enrayer la chute des entrées constatées au début des années 70 au Japon. Afin d’attirer le public – surtout masculin – dans les salles, le studio a mis sur le marché dès 1971 un nombre impressionnant d’œuvres généralement courtes (75 min) au sein d’une collection appelée roman porno. Toutefois, le terme ne doit pas égarer le spectateur européen puisqu’il désigne des films à forte teneur érotique dont tous les actes sexuels demeurent simulés, eu égard à la censure japonaise qui veille. C’est d’ailleurs à cause de cette sévérité que Nagisa Oshima n’a pu tourner son Empire des sens qu’en coproduction avec la France.

5 chefs d'oeuvre du cinéma érotique japonais

© Nikkatsu Corp

Une sortie tardive en France en 1990 et plusieurs éditions en vidéo

Film oublié, et surtout méconnu, La véritable histoire d’Abe Sada a tout de même eu le droit à une belle sortie en France au mois de juin 1990 par Les Films sans frontières, dans le cadre d’une rétrospective au cinéma Racine de 5 romans pornos, sous le titre des 5 chefs-d’oeuvre du cinéma érotique japonais qui bénéficia même d’une superbe affiche et d’une Une promotionnelle en couverture du Pariscope.

En première semaine, le succès est colossal avec pas moins de 4 611 Parisiens. Le 14 Juillet Odéon est ajouté au circuit parisien en 2e semaine pour 3 657 tickets supplémentaires. A l’issue d’une incroyable carrière estivale de 11 semaines, 5 chefs-d’oeuvre du cinéma érotique japonais achève son parcours à 20 868 spectateurs au cinéma Le Bastille où il avait tout de même passé 6 semaines consécutives. Attention, les entrées sont globales et comprennent également, en réalité, les 4 autres classiques sélectionnés par le distributeur : La maison des perversités, Rue de la joie, La barrière de la chair et Marché sexuel des filles. Au plus fort de sa programmation, ce sont quatre écrans parisiens qui ont fait monter la chaleur durant cet été 1990.

La véritable histoire d’Abe Sada sera édité en VHS en 1996. Par la suite, le long métrage a profité de la redécouverte de ce pan entier de la cinématographie japonaise au cours des années 2000 par l’entremise du DVD. Il fut donc édité en DVD simple, mais aussi en coffret chez Arcadès.

Désormais, le long métrage a été inclus dans le sublime coffret consacré par Carlotta au film de Nagisa Oshima. Son cocktail détonnant de sexe et de violence mérite bien un détour, notamment pour tous ceux qui trouvent le film d’Oshima trop excessif. L’ensemble demeure toutefois à réserver à un public averti.

Critique de Virgile Dumez

Les sorties de la semaine du 13 juin 1990

Acheter le film en coffret UHD 4K

Voir le film en VOD

La véritable histoire d'Abe Sada, jaquette DVD

© Nikkatsu Corp / Jaquette : Marc Bruckert. Tous droits réservés.

Biographies +

Noboru Tanaka, Junko Miyashita, Eimei Esumi (Hideaki Ezumi)

Mots clés

Cinéma japonais, Films érotiques, Le sadomasochisme au cinéma, La violence faite aux femmes au cinéma

x