La vengeance est un plat qui se mange froid est un western spaghetti plutôt correct qui se distingue par ses partis pris idéologiques. Malheureusement, il se révèle un peu trop simpliste et incohérent pour convaincre tout à fait.
Synopsis : Alors qu’il n’est qu’un enfant, la famille de Jeremiah se fait massacrer par une tribu indienne. Un fois adulte, il devient un tueur d’Indiens. Mais le destin lui prouvera que ses vrais ennemis ne sont pas forcément ceux auxquels il pense…
Critique : Un an après son premier film, Django défie Sartana, un western très moyen, Pasquale Squitieri récidive en 1971 avec La vengeance est un plat qui se mange froid. Exit les démarquages douteux, ce métrage se veut beaucoup plus ambitieux, Squitieri entendant bien développer la dimension politique qui deviendra caractéristique de son cinéma.
La vengeance est un plat qui se mange froid est un film engagé, mais seulement en surface
Squitieri, alors très engagé à gauche, se sert de la figure de l’Indien pour dénoncer l’impérialisme américain. Un choix distinguant son film de bien d’autres westerns italiens, qui abordent plutôt ce thème à travers le prisme de la révolution mexicaine. Cela lui permet aussi de s’attaquer à la question de la haine raciale, par le truchement d’un héros dont l’attitude vis-à-vis des Indiens va évoluer à de nombreuses reprises au cours du métrage.
Malheureusement, le long-métrage ne développe jamais vraiment son discours et se contente in fine d’être une simple histoire de vengeance impliquant différentes communautés. A ce titre, un film tel que Les collines de la terreur de Michael Winner avec Charles Bronson est beaucoup plus intéressant, même si les deux oeuvres sont suffisamment différentes pour être complémentaires.
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La vengeance est un plat qui se mange froid bénéficie d’un script sympathique, bien qu’incohérent
En plus d’une certaine superficialité, le film souffre également d’un script présentant un peu trop d’incohérences. Ainsi, on ne sait pas vraiment pourquoi le tueur d’Indiens qu’est le héros décide de sauver l’une d’entre eux du lynchage des habitants du village. De même, le comparse du héros, Doc, arrive à trouver la combine des antagonistes de manière un peu trop fortuite. A noter que ce dernier amène des passages comiques pas toujours très réussis. Néanmoins, en dépit de tous ces défauts, l’histoire de La vengeance est un plat qui se mange froid demeure très agréable à suivre et ne suscite aucun ennui.
La vengeance est un plat qui se mange froid est un western ambitieux, mais in fine juste correct.
La réalisation de Squitieri est malheureusement inégale. Certains passages, telle la scène d’introduction ou l’affrontement à mains nues dans le ranch de l’antagoniste, sont bien mis en scène. Malheureusement, la séquence finale est très confuse dans sa réalisation. Outre les scènes d’action, le reste du métrage souffre d’une réalisation un peu trop plate pour convaincre. Et il ne faut pas non plus compter sur la partition de Piero Umiliani, assez quelconque, pour revivifier le tout. Néanmoins, le métrage parvient tout de même à capter notre attention puisqu’il n’est pas avare en scènes crues et sadiques typiques du genre. On y voit ainsi une enfant transpercée par une flèche et une Indienne se faire fouetter.
Enfin, La vengeance est un plat qui se mange froid déçoit également au niveau de son casting, en dépit d’une affiche prometteuse. De fait, seul Ivan Rassimov est à la hauteur. Leonard Mann semble peu concerné par son rôle, et on l’a vu beaucoup plus inspiré ailleurs. On peut dresser le même constat au sujet du jeu de Kinski. Néanmoins, cela peut s’expliquer par des différends survenus entre l’acteur et l’ensemble de l’équipe. Le moment où la foule se rue vers lui à la fin du film pour le lyncher est à ce titre d’un naturel assez surprenant.
Marco Giusti rapporte dans son Dizionario del western all’italiano que Kinski était tellement insupportable que Squitieri a fini par le poursuivre armé d’une batte de baseball en l’insultant à l’issue de cette scène. Une preuve de plus que l’envers du décor est parfois tout aussi fascinant que la fiction !
Critique : Kevin Martinez
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