La petite sœur du diable : la critique du film (1980)

Thriller | 1h28min
Note de la rédaction :
5/10
5
La petite soeur du diable, affiche française du film

  • Réalisateur : Giulio Berruti
  • Acteurs : Alida Valli, Joe Dallesandro, Anita Ekberg, Massimo Serato, Paola Morra, Lou Castel
  • Date de sortie: 30 Jan 1980
  • Nationalité : Italien
  • Titre original : Suor Omicidi
  • Titres alternatifs : The Killer Nun (titre international) / Geständnis einer Nonne (Allemagne) / La monja homicida (Espagne) / Mordercza zakonnica (Pologne) / La monja asesina (Pérou) / Tappajanunna (Finlande) / A Freira Assassina (Brésil)
  • Année de production : 1979
  • Scénariste(s) : Giulio Berruti, Enzo Gallo, Alberto Tarallo
  • Directeur de la photographie : Tonino Maccoppi
  • Compositeur : Alessandro Alessandroni
  • Société(s) de production : Cinesud, Gruppo di lavoro Calliope
  • Distributeur (1ère sortie) : Univers Galaxie (uniquement dans quelques salles de province)
  • Éditeur(s) vidéo : VIP (VHS) / Carrère Vidéo (VHS) / Le Chat qui Fume (blu-ray, 2022)
  • Date de sortie vidéo : 15 février 2022 (blu-ray)
  • Classification : -
  • Formats : 1.85 : 1 / Couleurs / Son : Mono
  • Illustrateur / Création graphique : Frédéric Domont (jaquette Chat qui fume)
  • Crédits : Le Chat qui Fume
Note des spectateurs :

Appartenant à la vague de la nunsploitation, La petite sœur du diable est un thriller excessif, drôle et marqué par un fort anticléricalisme. Du bis dans toute sa splendeur.

Synopsis : Dans la région de Lugano, Sœur Gertrude travaille au sein d’un hôpital prenant en charge des personnes âgées. Après une récente opération d’une tumeur au cerveau, la religieuse a développé une addiction à la morphine, ainsi qu’au sexe, la plongeant peu à peu dans la paranoïa. Et, pour couronner le tout, des patients sont bientôt assassinés dans l’établissement. Très vite, une partie du personnel suspecte Sœur Gertrude d’être la criminelle.

Un film de nunsploitation inspiré d’une histoire vraie

Critique : Scénariste et monteur sur des documentaires, Giulio Berruti n’a à son actif en tant que réalisateur que la comédie ratée Noi siam come le lucciole (1976) lorsque le producteur Enzo Gallo lui soumet l’idée de La petite sœur du diable. Le grand argentier a entendu parler d’une terrible histoire d’une nonne homicide belge nommée Cécile Bombeek qui aurait trucidé plusieurs pensionnaires d’un hôpital gériatrique en 1977. De quoi motiver Enzo Gallo qui souhaite dans le même temps surfer sur la mode de la nunsploitation qui fait rage en Italie depuis quelques années.

La petite soeur du diable, détails blu-ray

© 2022 Le Chat qui Fume. Conception graphique : Frédéric Domont. Tous droits réservés.

Dès lors, Giulio Berruti se met au travail avec son complice Alberto Tarallo pour livrer un script où leur anticléricalisme pourrait exploser au grand jour. Effectivement, Berruti a été élevé au sein d’un pensionnat de religieux et en a conçu une haine farouche envers toute forme de religion. Afin de se conformer aux exigences du cinéma commercial d’alors, les compères imaginent donc une intrigue tarabiscotée où une religieuse droguée à la cortisone est soupçonnée d’être une meurtrière au sein d’un hôpital. Bien entendu, les auteurs font tout ce qu’ils peuvent pour rendre le comportement de cette nonne suspect à plus d’un titre.

Des dialogues et des situations outranciers

Outre son addiction pour les médicaments qui la fait constamment délirer, Berruti plonge à plusieurs reprises dans les fantasmes sexuels de cette femme au bord de la crise de nerfs. Gagnée par des pulsions sexuelles irrépressibles, celle-ci voit des hommes offerts à sa luxure dans toute leur nudité, mais fantasme aussi sur sa voisine, la jeune et jolie Paola Morra (déjà revêtue de l’habit ecclésiastique dans Intérieur d’un couvent de Borowczyk, l’année précédente). Toutefois, la nonne interprétée avec conviction par Anita Ekberg en mode craquage de plombs, n’est pas la seule à se comporter de manière peu catholique puisque la mère supérieure incarnée par Alida Valli ne cesse de se goinfrer de pâtisseries et autres sucreries. Cette dénonciation n’est pas fine, mais a le mérite de taper dans le mille et de froisser volontairement tous les croyants.

La nunsploitation sur CinéDweller

Au milieu de ce flot de concupiscence, le cinéaste fait intervenir des meurtres réguliers, souvent marqués par des séquences très bis – on adore par exemple la scène de sexe entre un vieux paraplégique et une nurse aux mœurs légères. Quand un pensionnaire est défenestré, le mannequin en mousse qui le remplace est bien visible. Enfin, que dire des dialogues parfois sacrément épicés, notamment lors d’un affrontement verbal jubilatoire entre Anita Ekberg et Paola Morra, relevé par une version française sans filtre. On notera également que la révélation finale fait évoluer le métrage vers un autre sous-genre alors très populaire, le rape and revenge.

La petite soeur du diable en VHS chez VIP

Jaquette VHS de La petite soeur du diable – Editeur : VIP – © 1979 Cinesud – Gruppo di lavoro Calliope. Tous droits réservés.

Du pur cinéma bis, avec ses défauts et son charme indéniable

Réalisée sans grand charme par Giulio Berruti auquel on concède uniquement un très beau plan final, photographiée de manière assez plate par Tonino Maccoppi, La petite sœur du diable est agrémentée d’une bande originale inégale de la part d’Alessandro Alessandroni. Capable du meilleur avec le thème principal et également un beau Dies Irae, le compositeur peut aussi s’égarer dans la pop la plus kitsch possible, ruinant parfois l’ambiance par une coloration musicale très bis.

En ce qui concerne les acteurs, on signalera la bonne tenue de l’interprétation d’Anita Ekberg et de Lou Castel. On est davantage réservé quant à l’implication de la jeune Paola Morra qui n’a d’ailleurs pas fait carrière, ou encore par la fadeur de Joe Dallesandro qui ne semble clairement pas dans son élément ici. Film bis qui vaut surtout pour ses outrances typiquement latines et son goût de la provocation, La petite sœur du diable est donc une œuvre à redécouvrir pour tous les amoureux du sous-genre de la nunsploitation.

Une video nasty de retour en blu-ray chez Le Chat qui Fume

Lors de sa sortie en Italie, le long-métrage a subi les foudres du Vatican qui a décidé d’utiliser les fourches caudines de la censure pour charcuter le tout. En Angleterre, ce fut pire puisque The Killer Nun a intégré la fameuse liste infamante des videos nasties. Enfin, pour la France, le métrage a semble-t-il été exploité uniquement dans quelques provinces par le distributeur Univers Galaxie dès le mois de janvier 1980. Toutefois, il est surtout connu par son exploitation en VHS au cours des années 80 avec deux éditions chez VIP et Carrère Vidéo.

Devenu rare dans les décennies suivantes, La petite sœur du diable a finalement intégré la prestigieuse collection du Chat qui Fume avec un blu-ray agrémenté du CD de la bande originale d’Alessandroni. Les amateurs de cinéma bis seront également heureux d’écouter un entretien passionnant avec le réalisateur Giulio Berruti d’une durée conséquente de 45 minutes. Un achat obligatoire donc, d’autant que le film est une vraie curiosité bis.

Critique de Virgile Dumez

Les sorties de la semaine du 30 janvier 1980

Acheter le blu-ray du film sur le site de l’éditeur

La petite soeur du diable, affiche française du film

© 1979 Cinesud – Gruppo di lavoro Calliope. Tous droits réservés.

Biographies +

Giulio Berruti, Alida Valli, Joe Dallesandro, Anita Ekberg, Massimo Serato, Paola Morra, Lou Castel

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La petite soeur du diable, affiche française du film

Bande-annonce de La petite sœur du diable (VA)

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