Réalisateur, scénariste et animateur polonais, Walerian Borowczyk est un artiste complet qui crée en Pologne de nombreuses affiches. Il se lance ensuite dans la réalisation de courts-métrages d’animation fondés sur la technique du découpage. Ses petits films rencontrent un grand succès auprès des spécialistes, ce qui lui permet de quitter la Pologne pour venir s’installer à Paris dès 1958. Arrivé en France, Borowczyk continue à tourner de très nombreux courts-métrages et il collabore notamment avec Chris Marker.
En 1967, il passe enfin au long-métrage, toujours dans le domaine de l’animation avec Théâtre de Monsieur & Madame Kabal. Mais c’est avec Goto, l’île d’amour (1969) qu’il passe au film en prises de vues réelles. Le film est un petit bijou, fort exigeant mais également foncièrement stimulant. Il obtient une nouvelle reconnaissance critique avec Blanche (1971) dont l’écho public est toujours faible.
Rien ne laissait présager le formidable succès rencontré par son film suivant, Contes immoraux (1974) où il adapte pour la première fois au cinéma l’écrivain André Pieyre de Mandiargues avec le segment La marée. Avec plus d’un million de spectateurs sur toute la France, le film lui permet enfin de dépasser le simple cercle des initiés.
Walerian Borowczyk enchaîne aussitôt avec un autre long-métrage destiné à devenir culte : La bête (1975) qui dépasse les 750 000 entrées en France. Après un retour confidentiel dans son pays natal pour L’histoire d’un péché (1975), il revient sur le devant de la scène avec La marge (1976), beau drame érotique mettant en scène Sylvia Kristel et Joe Dallesandro. Le film marche un peu moins, mais connaît tout de même une certaine notoriété.
Dès lors, le cinéaste va peu à peu glisser du film d’auteur exigeant vers le pur cinéma d’exploitation. Cela commence déjà avec Intérieur d’un couvent (1978), se poursuit avec Les héroïnes du mal (1979) et L’art d’aimer (1983) et se finit par Emmanuelle 5 (1987). Au milieu de cette production pléthorique et inégale, il est encore capable de signer des œuvres plus personnelles comme Docteur Jekyll et les femmes (1981) ou Cérémonie d’amour (1987) qui constitue son adieu au cinéma.
Virgile Dumez
Filmographie
Réalisateur :
Courts-métrages :
- 1946 : Mois d’août
- 1954 : Photographies vivantes
- 1954 : Atelier de Fernand Léger
- 1955 : L’Automne (Jesien)
- 1957 : Sztandar mlodych (2 min)
- 1957 : Le Sentiment récompensé (9 min) (Nagrodzone uczucia, avec Jan Lenica)
- 1957 : Il était une fois (9 min) (Byl sobie raz, avec Jan Lenica)
- 1958 : L’École (7 min)
- 1958 : Dom (12 min) (avec Jan Lenica)
- 1959 : Les Astronautes (12 min 05 s)
- 1962 : Le Concert de M. et Mme. Kabal (6 min)
- 1963 : Holy Smoke (10 min)
- 1963 : L’Encyclopédie de grand-maman (6 min)
- 1964 : Renaissance (9 min)
- 1964 : La Musée (2 min)
- 1964 : Les Jeux des anges (13 min)
- 1965 : Le Dictionnaire de Joachim (9 min)
- 1966 : Le Petit Poucet (2 min)
- 1966 : Rosalie (15 min)
- 1967 : Gavotte (10 min)
- 1967 : Diptyque (8 min)
- 1969 : Le Phonographe (6 min)
- 1973 : Une collection particulière (11 min 43 s)
- 1975 : L’Escargot de Vénus (4 min 38 s)
- 1976 : Brief von paris (40 min)
- 1977 : L’Amour monstre de tous les temps (9 min 33 s)
- 1979 : L’Armoire (29 min)
- 1984 : Scherzo infernal (5 min 01 s)
Longs-métrages :
- 1967 : Le Théâtre de monsieur et madame Kabal
- 1968 : Goto, l’île d’amour
- 1971 : Blanche
- 1974 : Contes immoraux
- 1975 : L’Histoire du péché (Dzieje grzechu)
- 1975 : La Bête
- 1976 : La Marge
- 1977 : Intérieur d’un couvent (Interno di un convento)
- 1979 : Les Héroïnes du mal (Immoral women)
- 1979 : Collections privées
- 1980 : Lulu
- 1981 : Docteur Jekyll et les femmes
- 1983 : L’Art d’aimer (Ars amandi)
- 1987 : Emmanuelle 5
- 1988 : Cérémonie d’amour