La dernière balle à pile ou face : la critique du film (1972)

Western | 1h35min
Note de la rédaction :
5/10
5
Jaquette du film la dernière balle à pile ou face

Note des spectateurs :

La dernière balle à pile ou face est un western italien atypique, qui souffre malheureusement d’un grand manque d’action.

Synopsis :  La chanteuse Shanda, que tout un village persécute après le meurtre d’un banquier, est contrainte de s’enfuir. Les deux hommes chargés de l’escorter la violent et la laissent pour morte. Un bandit la recueille et décide de la venger.

Critique : La dernière balle à pile ou face est le seul western de Piero Pierotti, réalisateur spécialisé dans le péplum ou le film de cape et d’épée. Ceci explique peut-être le caractère original du film, qui constitue sa plus grande qualité. En effet, ce long-métrage se focalise, une fois n’est pas coutume, sur ses personnages féminins. Le personnage central est la chanteuse de saloon Shanda Lee, que l’on accuse d’avoir assassiné un riche banquier.

Le casting féminin est une des grandes réussites de La dernière balle à pile ou face

L’actrice yougoslave Spela Rozin interprète avec brio ce personnage dérouté. Néanmoins, la vraie star du film est sa méchante, la perverse Sybille Burton. Non seulement cette dernière a orchestré la mort de son mari, mais elle est présentée comme une véritable succube victime de ses pulsions sexuelles, manipulant les hommes à tout va. Ce personnage prend par exemple du plaisir à voir une toute jeune Edwige Fenech se faire fouetter par une horde d’extrémistes Quakers dont le film dénonce les excès. Elle est incarnée par la talentueuse Daniela Surina qui excelle dans ce genre de rôle, qu’elle retrouvera dans Scacco a la regina la même année.

L’acteur principal fait malheureusement pâle figure face à ces comédiennes. John Ericson peine un peu à convaincre dans son rôle de bandit qui va recueillir et venger l’héroïne. Il faut dire qu’il n’est pas aidé par un script qui peine à rendre son personnage crédible. Effectivement, on se demande ce qui meut ce bandit, surtout lors de la séquence finale, qui laissera plus d’un spectateur circonspect.

Un aspect artistique trop peu concluant

Un des principaux écueils du film est son budget au ras des pâquerettes. Cela est particulièrement visible dans les décors. Curd Ridel nous apprend en effet dans les suppléments du DVD d’Artus qu’il s’agit littéralement d’un film “fait à la maison”, certains extérieurs ayant été tournés derrière la demeure du producteur, à Tirrenia. Heureusement, la ville fantôme donne un peu plus de cachet à certaines scènes. La réalisation trop classique et la musique peu mémorable de Carlo Savina, en dépit d’un agréable thème principal à la trompette, peinent à contrebalancer ce manque de moyens. A noter tout de même que le chanteur Raoul interprète le thème principal, pour le plus grand bonheur des aficionados du genre. Fausto Zucolli, dont l’excellente photographie faisait la force de films tels Tire, Django, tire, peine ici à pouvoir exprimer son talent. Enfin, l’autre conséquence de ce manque d’argent est un manque cruel d’action qui peut rendre le visionnage un peu long par moments.

La dernière balle à pile ou face, western sadien ?

Vous l’aurez compris, la vraie force de La dernière balle à pile ou face est son originalité scénaristique. Le film s’approprie de manière réussie des thématiques sadiennes pour livrer une vision assez sombre de la condition féminine dans l’Ouest. Il nous offre ainsi le portrait d’une beauté fragile soumise à la barbarie des hommes, mis en regard avec celui d’une nymphomane incontrôlable, et se joue de la prétendue moralité des femmes de vertu.

Malheureusement, sa force est aussi sa plus grande faiblesse. A trop vouloir s’éloigner des poncifs du genre, il en perd la substantifique moelle. En résulte un film qui aurait finalement très bien pu avoir pour cadre n’importe quelle autre époque historique ou lieu. En d’autres termes, on a la désagréable impression  que La dernière balle à pile ou face n’est un western que parce que ce type de films marchait bien à cette époque. Il reste néanmoins une curiosité que le réel passionné du genre se doit de découvrir, et dont il se souviendra.

Les sorties de la semaine du 29 mars 1972

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Le test DVD :

Affiche du film la dernière balle à pile ou face

© 2020 Artus Films. Design : Benjamin Mazure. Tous droits réservés.

 

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Test réalisé à partir du produit définitif

Compléments & packaging : 3 / 5

Artus nous propose ce DVD dans un boîtier classique, dans la lignée des autres westerns européens de chez l’éditeur. Comme d’habitude pour les films de cette collection, Curd Ridel dévoile une présentation très complète des acteurs, du réalisateur et du film en une vingtaine de minutes. Nous retrouvons également un diaporama présentant le matériel promotionnel du film au son de son thème principal. La bande-annonce ainsi que celles d’autres de la collection sont également de la partie.

L’image : 4 / 5

Artus nous gratifie d’une superbe copie pour ce film introuvable. L’image ne tremble pas, et les couleurs sont belles. Il y a très peu d’imperfections visibles. On note parfois un peu de flou, et le manque de grain pourra en gêner certains, mais en définitive nous sommes face à un travail de restauration absolument impeccable.

Le son : 3,5 / 5

Comme pour Tire, Django, tire, la piste française propose un son Dolby Digital 2.0 très correct, mais grandement en deçà de l’audio original, beaucoup plus puissant et qui fait beaucoup moins saturer les musiques.

Critique du film et test DVD de Kevin Martinez

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Jaquette du film la dernière balle à pile ou face

Bande annonce de La dernière balle...

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