Hommage sincère au whodunit à la Agatha Christie et au film noir, Inspecteur Sun et la malédiction de la veuve noire est un divertissement sympathique et efficace qui saura séduire les plus petits à partir de 6 ans.
Synopsis : Inspecteur Sun, célébrissime araignée détective, embarque dans un hydravion pour San Francisco après avoir enfin capturé son ennemi juré, le Criquet Rouge. Pendant le vol, le meurtre du Docteur Bugsy Epinestone l’entraîne dans une nouvelle enquête au cœur d’un complot qui menace à la fois le monde des humains et celui des insectes.
Inspecteur Sun prend des airs d’Hercule Poirot
Critique : Réalisateur touche-à-tout à qui l’on doit des courts métrages, des clips, des publicités, mais aussi des documentaires et des dessins animés, Julio Soto Gúrpide entend rendre hommage au film noir avec Inspecteur Sun et la malédiction de la veuve noire (2022) qui s’adresse pourtant à un jeune public. Conscient du regain de popularité des whodunit à la Agatha Christie, notamment grâce aux nouvelles adaptations cinéma de Kenneth Branagh, le cinéaste et son scénariste Rocco Pucillo ont imaginé une intrigue policière située entre Shanghai et San Francisco dans les années 30. Le but était bien de se lover dans une atmosphère typique de l’époque, avec femme fatale et inspecteur clairvoyant.
Toutefois, comme le film d’animation est avant tout destiné à un jeune public, les personnages sont tous des arachnides ou des insectes qui vivent en parallèle des humains. L’anthropomorphisme est donc de rigueur dans cette enquête où les protagonistes sont des araignées. L’espèce constituait en elle-même un véritable défi puisqu’il fallait rendre attachants des personnages arachnides pour lesquels on peut ordinairement éprouver du rejet.
Agatha Christie passé à la moulinette Scooby-Doo
D’ailleurs, Inspecteur Sun et la malédiction de la veuve noire peut contribuer à son humble niveau à rendre moins effrayantes ces petites bêtes aux yeux des bambins. Pour autant, tous les designs ne sont pas forcément aussi heureux et le film de Julio Soto Gúrpide peut s’apparenter parfois à Rango (Gore Verbinski, 2011) dans son refus catégorique de l’esthétisme trognon à la Disney.
© 2022 The Thinklab – Gordon Box AIE / Alba Films. Tous droits réservés.
Plutôt porté sur l’humour – parfois pipi caca, ce qui plaira aux petits – le métrage suit donc les mésaventures d’un inspecteur de police à la réputation surfaite. En réalité, le policier ne doit sa gloire qu’à des coïncidences et à la clairvoyance de ses associés, tandis qu’il ne comprend rien. Ici, c’est donc sa jeune admiratrice qui lui fournit systématiquement les bonnes idées et parvient à démêler les fils d’une intrigue à la Scooby-Doo. Bien entendu, les adultes peuvent également apprécier ce script assez alambiqué, d’autant que les références à des films plus anciens se multiplient.
De nombreuses références pour combler les adultes
Ainsi, lorsque la veuve noire est interrogée par le policier, celle-ci prend des allures de Sharon Stone dans Basic Instinct, tandis que le compositeur Fernando Velázquez déploie un pastiche de la musique du thriller de Paul Verhoeven. Le cinéaste se réfère aussi à des œuvres bien plus anciennes, toutes liées au policier à la Agatha Christie, évoquant même une enquête située en Egypte – clin d’œil évident à Mort sur le Nil. Autant d’éléments que les plus petits ne capteront pas, mais qui sont destinés à leurs accompagnateurs.
Réalisé de manière dynamique afin de ne jamais laisser place à l’ennui, Inspecteur Sun et la malédiction de la veuve noire est donc une bonne petite surprise, même si l’animation n’atteint pas le niveau de ses homologues américains. Il faut dire que le budget n’est pas le même et que les textures sont donc nettement moins travaillées, leur donnant parfois un aspect compact et artificiel désormais absent des longs métrages américains.
Un dessin animé diffusé surtout en province
Pour autant, ce dessin animé sympathique constitue une alternative agréable aux produits normés débités à la chaine par les studios US. Sorti pour Noël 2023 par les bons soins du distributeur Alba Films, Inspecteur Sun et la malédiction de la veuve noire a attiré 2 895 têtes blondes lors de sa première semaine d’exposition dans une centaine de salles. Il entre ainsi en 44ème position du box-office national, juste derrière Linda veut du poulet qui en était à sa 10ème semaine.
Dans la région parisienne, le dessin animé a surtout été programmé dans des salles de périphérie, et le plus souvent en multiprogrammation, ce qui explique ses chiffres très bas. Grâce aux vacances scolaires, l’inspecteur gagne encore des parts de marché sur la France entière en deuxième septaine avec 3 607 petits retardataires.
A la fin des vacances scolaires, le whodunit va réussir à se maintenir durant plusieurs semaines avec une moyenne de 1 000 entrées par semaine, généralement glanées lors des séances de matinée. Sa fréquentation régulière lui a permis de tenir jusqu’aux vacances de février pour finir sa carrière avec un total de 17 117 tickets vendus.
Critique de Virgile Dumez
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© 2022 The Thinklab – Gordon Box AIE / Affiche : Edouard Chastenet. Tous droits réservés.
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Mots clés
Cinéma espagnol, Festival d’animation d’Annecy 2023, Les araignées au cinéma, Les insectes au cinéma