Sharon Stone

Actrice
Sharon Stone dans Basic Instinct (1992)

Personal Info

  • Nationalité : Américaine
  • Date de naissance : 10 mars 1958 à Meadville, Pennsylvanie (États-Unis)
  • Crédits : Ratched : Photo, Saeed Adyani / Netflix © 2020 - Total Recall : photo, StudioCanal

Biographie

Note des spectateurs :

Sharon Stone est passée du statut d’actrice de séries B à celui de super star dans les années 90 grâce à son rôle de tueuse bisexuelle dans Basic Instinct. Seule star glamour de sa génération, elle a marqué l’histoire d’Hollywood par sa beauté exceptionnelle et son tempérament ardent, son intelligence, mais malheureusement aussi par ses mauvais choix cinématographiques qui ont sabordé son pouvoir d’attractivité auprès des grands cinéastes.

Sharon Stone démarre une carrière de mannequin à l’âge de 19 ans pour l’agence Ford. Une opportunité pour cette ado, issue d’une famille modeste de Pennsylvanie, caractérisée par une intelligence exceptionnelle. Elle s’envole pour l’université à l’âge de 15 ans. En adoration pour son père dont l’intransigeance ne l’a jamais rebutée mais lui a servi de modèle pour se forger une personnalité dure, la jeune femme est amenée aussi à s’éloigner de sa famille en raison des turpitudes de l’un de ses frères dealeur… Ses parents la protègent en l’envoyant vivre sa vie à New York.

Du trou paumé où elle n’était rien, la voilà désormais à parcourir le monde au gré des demandes de son agence, fascinant de par sa beauté hitchcockienne les photographes amourachés. Nul doute que, vingt ans plus tôt, le réalisateur de Sueurs froides aurait élevé un autel pour Sharon Stone dont la carrière cinématographique s’allume quand le maître du suspense s’éteint.

Le cinéma intéresse très vite la beauté divine. En 1980, elle trouve un petit rôle glamour dans Stardust Memories. Un Woody Allen, ce n’est pas rien sur un C.V., alors que le génie de l’écriture new-yorkaise sort des triomphes de Annie Hall et Manhattan, deux pages de l’iconographie new-yorkaise qui façonneront le mythe de la plus européenne des villes américaines aux yeux des Français. D’ailleurs en France, elle a l’opportunité d’apparaître quelques instants, la même année dans la super production de Claude Lelouch Les uns et les autres. Un succès, mais elle n’y est pour rien.

Séquence d'interrogatoire pour Sharon Stone dans Basic Instinct (1992)

© 1992 Studicanal. Tous droits réservés / All rights reserved

Si Sharon Stone devient une star grâce à Paul Verhoeven dans les années 90, qui l’a engagée sur Total Recall (1990) et Basic Instinct (1992), la jeune femme, née en 1958, a essayé de conquérir Hollywood tout au long des années 80, alors dans sa vingtaine, dans des films de séries B divers : La ferme de la terreur de Wes Craven, totalement anecdotique, Police Academy 4, le plus gros succès de la saga, mais sa présence est aussi vaine que le film potache. Au moins, a-t-elle la dignité de ne pas se ridiculiser. Elle enchaîne (entre autres) plusieurs films d’action au style très années 80 : Action Jackson un petit succès au box-office américain, avec l’acteur afro-américain Carl Weathers tous muscles dehors. La comédie agitée qui explose les compteurs, grâce au savoir-faire du producteur Joel Silver, reste toutefois malheureusement méconnue en France.

Avec Nico d’Andrew Davis, le premier film interprété par Steven Seagal, mais aussi avec Pam Grier, elle décroche un nouveau succès indirect, dans un genre où la femme est souvent réduite au strict minimum présentiel. Elle a un énorme atout sur le spécialiste des arts martiaux, une expérience cinématographique qui fait défaut à la future vedette de Piège en haute mer.

Le seul vrai succès mondial que Sharon Stone connaîtra en réalité dans les années 80 sera la relecture du roman de H. Rider Haggard, Allan Quatermain et les Mines du roi Salomon par la Cannon, en 1985. Richard Chamberlain (Les oiseaux se cachent pour mourir, à la télé) y incarne Allan Quatermain, jadis immortalisé par Stewart Granger, et Sharon Stone prend la place de Deborah Kerr. Le succès mondial est suivi d’un sequel en 1986, Allan Quatermain et la cité de l’or perdu. Le nanar est un bide instantané aux USA et en France, démontrant les limites du système mis en place par les nababs israéliens Golan / Globus, alors plus gros producteurs indépendants au monde. Pour toute une génération de cinéphiles, la présence de Sharon Stone dans ces deux films fera néanmoins d’elle un visage connu qu’ils auront toujours beaucoup de plaisir à retrouver dans des seconds rôles, en attendant enfin la révélation au cœur du vrai système hollywoodien, celui des productions d’envergure. A la télévision, elle apparaît face à « Magnum, Remington Steele, Mike Hammer ». Le sex-symbol n’attend plus qu’un mentor.

Phase II : les années 90

En 1990, une vraie page se tourne pour l’actrice. Total Recall, blockbuster estival, la révèle auprès d’un public large qui dépasse le simple cadre de la série B. Paul Verhoeven sort de Robocop et Arnold Schwarzenegger atteint un niveau de célébrité équivalent à celui de Sylvester Stallone. Le plus gros budget de l’année 1990 la propulse sur les devants de la scène même si elle ne tient qu’un second rôle. Total Recall, au milieu des Dick Tracy, Jours de Tonnerre, 58 minutes pour vivre, 48 heures de plus… est le succès de l’été 1990.

En 1991, on retrouve la star montante dans Year of the Gun, l’année de plomb de John Frankenheimer, drame sur les journalistes de guerre et le terrorisme qui la renvoie à son expérience à Milan, à la fin des années 70. Un rôle dramatique qui lui permet de gagner en épaisseur. A ses côtés, Andrew McCarthy, dont la carrière a du plomb dans l’aile, et Valeria Golino (Big Top Pee-Wee, Rain Man, et bientôt The Indian Runner et Hot Shots). Elle et lui avec Kevin Bacon et Elizabeth Perkins est un DTV en France, et le film noir Hitman, un tueur, avec Forest Whitaker, Sherilyn Fenn, James Belushi et Loïs Chiles, est un film noir indépendant qui subit encore une fois l’indifférence, due à une sortie en catimini. Au moins désormais, son nom prend de la hauteur sur l’affiche.

Leilani Sarelle et Sharon Stone dans Basic Instinct (1992)

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1992 : Sharon Stone met le monde à ses pieds

1992 est l’année de la consécration pour Sharon Stone qui passe de l’invisibilité à l’omniprésence médiatique, avec des Unes dans la presse mainstream, à scandales, ou spécialisée. Le sulfureux Basic Instinct lui offre la gloire. Le thriller érotique, qui la révèle à 33 ans, est un projet événement depuis sa mise en chantier et le budget est conséquent. Les ligues conservatrices et progressistes s’acharnent sur le film. Sharon Stone, au sommet de sa beauté, rejoint les grandes icones d’Hollywood du jour au lendemain, aidée par l’ouverture exceptionnelle du Festival de Cannes, qui donne un écho mondial à cette production Carolco pourtant sortie aux USA un mois et demi plus tôt. Le film achève sa carrière en première position annuelle dans l’Hexagone malgré une interdiction aux moins de 16 ans et en 6e place annuelle aux USA, juste devant la comédie sportive avec Tom Hanks, Geena Davis et Madonna, Une équipe hors du commun.

Devenue une icône instantanée, Sharon Stone enchaîne les grosses productions, mais aucune ne lui permettra de retrouver le succès du thriller érotique de Paul Verhoeven. Sliver, en 1993, est une tentative maladroite de répéter le succès de Basic Instinct. Raté, froid et télévisuel, le thriller de Phillip Noyce laisse de marbre et entache les ambitions de l’actrice qui a attendu un an pour faire son come-back avec une œuvre indigne du phénomène qu’elle a pu exercer un an plus tôt. Sliver achève sa carrière américaine en 44e position annuelle aux USA, mais au moins l’Europe lui est plus favorable, notamment en France où elle bat Mel Gibson (Forever Young, 1 117 000), Tom Cruise (La Firme 1 291 000), Eddie Murphy (Monsieur le député, 1 129 246) ou encore Whoopie Goldberg (Made in America, 1 205 482). Sliver arrive en 20e position annuelle, avec 1 308 558 entrées, battu in fine sur ses propres terres libertines par Proposition indécente d’Adrian Lyne avec Redford et Demi Moore (1 340 641). Elle réalise toutefois le triple d’entrées que celles rassemblés par Pathé (ex AMLF) avec Body, le thriller pas très sexy avec Madonna, copie foireuse de Basic Instinct avec également Willem Dafoe, et Julianne Moore (447 552).

Sharon Stone, au Q.I. légendaire, essaie toutefois de changer de registre. Elle passe ensuite au remake des Choses de la vie par Mark Rydell. Intersection, avec Richard Gere et Martin Landau, est un échec au box-office. Un nouvel accident de la route pour la star plus glamour, mais surtout plus sage que jamais.

Face à Sylvester Stallone, Stone trouve un rôle de série B musclée dans L’expert, au succès moyen (1994). Le film d’action de Luis Llosa tombe vite dans l’oubli, mais achève sa carrière à 1 375 000 spectateurs en France, soit une belle 24e place annuelle, juste derrière Maverick, avec le tandem Mel Gibson – Jodie Foster.

Sharon Stone, femme d’action, féministe, qui écrase parfois ses partenaires masculins à l’écran coproduit le film de Sam Raimi, alors guère connu par les vedettes hollywoodiennes (L’armée des ténèbres, 1993, est son précédent long !). Elle fait confiance au futur réalisateur de la trilogie Spider-Man pour la diriger dans le western cartoonesque et virtuose Mort ou vif, qui est un nouvel échec aux USA où les spectateurs n’ont pas admis la présence d’une femme à la gâchette. Outre Gene Hackman, on y retrouve deux gloires montantes, Leonardo DiCaprio et Russell Crowe.

La scène d'anthologie de Sharon Stone dans Basic Instinct

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Casino : une actrice qui joue gros

En 1996, Sharon Stone trouve un sursaut salvateur, au premier abord, chez Martin Scorsese dans Casino. L’accueil critique et commercial lui redonne des ailes et lui permet d’être nominée aux Oscars et surtout elle obtient le Golden Globe de la Meilleure actrice. Scorsese est le premier cinéaste d’envergure à lui faire confiance après Basic Instinct et il s’agit là d’un film d’auteur abouti qui culmine au sommet de sa filmographie et qui appartient à l’histoire du 7e art. Sharon qui a souvent joué et perdu, se retrouve la gagnante de ce Casino où elle trouve en Robert De Niro une star, une vraie, qui lui pardonne ses frasques dénudées, et lui accorde une confiance absolue.

Malheureusement, la variété des rôles qui suivront se solderont par des échecs. Le remake d’un autre film français, celui des Diaboliques avec une Isabelle Adjani boostée par l’accueil international de La reine Margot est un flop. Le remake est tellement raté que Cannes le rejette alors que son distributeur français espérait une première française avec les deux stars adorées des Français. Le thriller finira sa carrière sous les 800 000 entrées France.

Son dernier rôle dans une production d’envergure, elle l’obtient dans Sphere. En 1997, à 39 ans, elle joue dans le film de science-fiction écrit par Michael Crichton et réalisé par Barry Levinson (Rain Man), un blockbuster sous-marin qui s’écrase dans les abimes du box-office mondial, malgré la présence de Dustin Hoffman et de Samuel L. Jackson. Le copieux budget de 80M$ ne sera jamais remboursé : 37M$ de recettes salles aux USA, 663 000 entrées en France. Sharon Stone se noie une fois de plus dans les eaux troubles de choix peu judicieux.

Aussi, Stone tourne petit. Ou plus personne ne lui fait confiance ? C’est un peu les deux. Son plaidoyer contre la peine de mort, Dernière danse de Bruce Beresford, est trop mélodramatique pour être à la hauteur de son talent d’actrice (263 000 entrées France).

Si la petite production indépendante, produite par Miramax, Les puissants connaît un certain succès aux USA, en France personne ne se déplace (114 000). Les petits films indépendants se succèdent et passent inaperçus. Désormais, un film avec Sharon Stone, au mieux cela ne se remarque pas, au pire cela se fuie : Sidney Lumet l’entraîne dans le remake de Cassavetes, Gloria (44 292 entrées). La muse d’Albert Brooks, avec Jeff Bridges et Andie McDowell, essuie l’affront de l’indifférence (22 838). Elle persiste dans cette voie avec Simpatico de Matthew Warchus, où elle partage l’échec avec Nick Nolte, Albert Finney, Jeff Bridges et Catherine Keener. Avec 10 286 spectateurs, la flamme Sharon Stone est éteinte. En 2000, elle tient un petit rôle dans Morceaux choisis, nouveau navet, avec Woody Allen acteur, mais également David Schwimmer de la série Friends et Kiefer Sutherland. Peu de monde choisira d’aller voir cette micro sortie estivale (41 946). En 2000, elle s’égare aussi dans Une blonde en cavale. Si les entrées s’élèvent en France à 137 000 fuyards, c’est uniquement dû à un effort promotionnel de la part du distributeur.

Ce film marque la fin d’une décennie ou Sharon Stone a été envisagée comme star de box-office, parfois à raison, souvent tristement à tort. En 2001, on passe en phase 3, l’existence de l’actrice bascule.

Michael Douglas et Sharon Stone dans Basic Instinct (1992)

© 1992 Studicanal. Tous droits réservés / All rights reserved

Phase III : la mort et au-delà

En septembre 2001, deux semaines après les attentats du 11 Septembre, Sharon Stone est victime d’un anévrisme au cerveau. Sa vie ne tient plus qu’à un fil après cette attaque.

A l’issue de cette épreuve qui voit l’actrice échapper de peu à la mort, Sharon Stone doit réapprendre à vivre, à marcher, à parler, et souffre de problèmes de mémoire…

Son mariage s’arrête et l’actrice entre dans une longue bataille judiciaire pour la garde de son fils qu’on lui saisit. Sa carrière est alors en danger. Mais l’actrice vivra cette mort comme un défi, et une renaissance. Elle donne la priorité à sa famille et adopte deux autres fils pour combler cette envie qu’elle nourrit depuis le plus jeune âge, à savoir d’avoir une maison pleine de vie, d’enfants et de bonheur.

Pour des raisons alimentaires, elle tournera un certain nombre de films ratés : La gorge du diable de Mike Figgis, thriller mou qui marquera son retour, sort au cinéma un peu partout dans le monde, mais pas en France où c’est en DVD que l’on découvre la chose ; Catwoman de Pitof, avec Halle Berry, est un affront au succès (2003) et un allié des Razzies auxquels Sharon est abonnée. Basic Instinct 2 est une œuvre alimentaire, tournée par Michael Caton-Jones avec un casting amorphe (David Morrissey dans le rôle masculin principal). Le navet est un échec mondial, mais l’actrice en tire un confortable cachet (13M$). Totalement oublié, ce sequel ne fera jamais d’ombre au chef d’œuvre initial de Paul Verhoeven.

Sharon Stone intègre en 2004 le casting de Broken Flowers de Jim Jarmusch ; Alpha Dog de Nick Cassavetes, en 2007, lui offre un autre beau rôle. La diversité, l’héroïne de Basic Instinct, en a fait montre tout au long de son parcours riche, mais invisible aux yeux du public.

Hollywood ne lui offre plus vraiment de rôle dans des productions d’envergure autre que des films de divertissements qu’elle refuse. Elle préfère l’indépendance de Bobby d’Emilio Estevez (2006) ou Lovelace (2013), deux biopics où elle incarne la mère du personnage éponyme qui avait conquis la gloire dans Gorge Profonde.

Son dernier rôle d’envergure, Sharon Stone l’obtient dans Largo Winch 2… une production française, dans laquelle elle s’amuse à retrouve son rôle badass de femme puissante et malveillante, le même qu’elle incarnait dans Catwoman. En France, la star américaine a toujours plus d’impact que dans la plupart des pays européens. Sa présence est loin d’être incongrue, même si le box-office moyen mettra un terme à la franchise cinéma.

Phase VI : la soixantaine heureuse, mais le désert médiatique

Les années 2010 ne permettront pas à Sharon de redevenir une star de premier plan.

En 2014, elle tient un petit rôle dans le raté American Gigolo, film de John Turturro avec Woody Allen et Vanessa Paradis. Un vrai raté malgré son incroyable casting. En 2019, elle apparaît dans  The Laundromat : L’Affaire des Panama Papers, dont Meryl Streep et Gary Oldman tiennent les premiers rôles. Le film est produit par Netflix. En 2019, Sharon Stone interprète son propre rôle dans un excellent épisode de The New Pope de Paolo Sorrentino et en 2020, on retrouve Sharon Stone dans la série Ratched, dont le second rôle savoureux lui vaut d’excellentes critiques. Le producteur Ryan Murphy l’érige en icône camp. Le meilleur rôle de cette première saison. Certains doivent peut-être se souvenir de la 11e saison de New York Unité Spéciale, dans laquelle elle a tenu un rôle récurrent. C’était en 2011.

Sharon Stone femme épanouie, mère comblée, qui vit dans l’ancienne demeure de Montgomery Clift, publie The Beauty of Living Twice, ses mémoires, en 2021. Elle y relate ses nombreux combats, notamment caritatifs, son combat d’une vie contre le sida, qu’elle démarre autour des années 2000, à Cannes, pour remplacer Elisabeth Taylor, lors d’un dîner de charité. Elle s’est promis de poursuivre cette lutte aux côtés des scientifiques jusqu’à la découverte d’un vaccin. Les années Bush et le conservatisme ambiant lui ont pourtant mis beaucoup de bâtons dans les roues.

Désormais bouddhiste, depuis 2008, sous l’impulsion de son ami Richard Gere, Sharon Stone est une star spirituelle, intelligente, dont la beauté demeure éclatante. Elle savoure son bonheur enfin retrouvé, peignant non sans talent ses propres visions, en attendant peut-être un ultime come-back ? Promis, cela ne sera pas pour un Basic Instinct 3.

Frédéric Mignard

 

 

Sharon Stone est Lenore Osgood dans Ratched

Photo : Saeed Adyani / Netflix © 2020

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Sharon Stone dans Basic Instinct (1992)

Bande-annonce de Ratched

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