Série B dépourvue d’intérêt, Imaginary ne fera cauchemarder personne avec ses clichés à la pelle et son absence totale d’ambiance anxiogène.
Synopsis : Lorsque Jessica retourne dans sa maison d’enfance avec sa famille, sa plus jeune belle-fille Alice développe un attachement étrange pour un ours en peluche qu’elle a trouvé dans le sous-sol et nommé Chauncey. Tout commence par des jeux innocents, mais le comportement d’Alice devient de plus en plus inquiétant. Jessica comprend alors que Chauncey est bien plus qu’un simple jouet…
Beaucoup d’attente et un seul mort au compteur
Critique : Le producteur Jason Blum continue à délivrer un nombre conséquent de séries B horrifiques, toujours fondées sur un concept fort et un budget minimal (ici on parle de 13 millions de dollars) destiné à stimuler l’imagination des réalisateurs. Cela fonctionne tant que les projets sont confiés à des artistes qui ont une vraie vision de leur art. Mais avec Jeff Wadlow, on peut s’attendre à tout, sauf à une œuvre visionnaire. Effectivement, le réalisateur nous a souvent déçus avec des œuvres au mieux sympathiques (Action ou vérité, déjà pour le compte de Jason Blum), mais très souvent médiocres (Cry Wolf, Kick-Ass 2), voire carrément imbuvables (le détestable Nightmare Island).
Avec Imaginary, Jeff Wadlow s’empare donc du film horrifique à la mode James Wan, avec également une bonne dose de Poltergeist (Tobe Hooper, 1982) dedans. Dès le début, le long-métrage se tire une balle dans le pied en proposant une séquence horrifique qui se révèle être un rêve, avant de nous proposer une présentation interminable des personnages principaux, dont aucun ne sera jamais vraiment en danger. D’ailleurs, le film affiche un petit mort à son compteur – et encore, sans aucune goutte de sang.
Imaginary n’est jamais angoissant
Pourtant, l’idée de départ de confronter un enfant à un ami imaginaire qui se révèle être une entité démoniaque est plutôt bonne puisqu’elle nous amène à réfléchir sur nos peurs enfantines les plus primales. De même, la matérialisation de cet esprit sous la forme d’un petit ourson trognon est là encore assez efficace, tant elle joue du contraste entre la douceur apparente du poupon rassurant et la frayeur qu’il instaure au sein du foyer.
Seulement, les scénaristes à l’œuvre n’ont rien trouvé de mieux que d’enfiler tous les clichés comme des perles. Ainsi, on a le droit au classique emménagement dans une nouvelle maison, mais aussi au conflit entre une belle-mère (plutôt juste DeWanda Wise) et les deux filles de son nouveau compagnon, dont l’une est forcément une adolescente rebelle (Taegen Burns, correcte). Enfin, il faut compter sur une vieille dame qui semble en savoir long sur le passé de cette maison (Betty Buckley, un peu dans le cabotinage).
Une réalisation à la peine, plus proche du téléfilm
Mais le pire vient de l’incapacité notoire de Jeff Wadlow à créer la moindre atmosphère d’angoisse. Même ses nombreux jump scares ne fonctionnent pas tant sa réalisation demeure au niveau du simple film de plateforme. S’il abuse parfois du sound design pour masquer l’absence de ressort horrifique, il ne peut plus rien faire lorsqu’il est censé représenter le monde imaginaire du croquemitaine. Censé être le réceptacle de toute l’imagination enfantine, le lieu est représenté par un couloir avec des perspectives forcées et une multitude de portes. En lieu et place d’un espace infini, le spectateur a surtout l’impression d’arpenter les mêmes couloirs du studio de production, tandis que les monstres sont laissés systématiquement dans l’ombre pour ne pas révéler la pauvreté des moyens engagés.
Finalement, cette ode aux valeurs familiales fait preuve de bien peu d’imagination, ce qui est un comble pour un film qui nous invite au royaume des songes. Imaginary rejoint donc la longue liste de ces œuvres horrifiques sans aspérités qui peuplent les plateformes de streaming. La question de sa légitimité en salles se pose donc sérieusement.
Critique de Virgile Dumez
Les sorties de la semaine du 6 mars 2024
Biographies +
Jeff Wadlow, DeWanda Wise, Taegen Burns, Pyper Braun, Betty Buckley
Mots clés
Blumhouse Productions, Les films d’horreur des années 2020, Films de possession démoniaques