Tentative foireuse d’adaptation de la série télé L’île fantastique, Nightmare Island est l’un des plus gros désastres issus de l’écurie Jason Blum.
Synopsis : L’énigmatique M. Roarke donne vie aux rêves de ses chanceux invités dans un complexe hôtelier luxurieux et isolé. Mais quand leurs fantasmes les plus fous se transforment en véritables cauchemars, les invités n’ont d’autre choix que de résoudre les mystères de cette île pour en sortir vivants.
Nightmare Island : faux film d’épouvante, vrai film transgenre
Critique : Annoncée en juillet 2018, l’adaptation de la curieuse et kitschissime série télévisée L’île fantastique (1977-1984), produite par Aaron Spelling, est la nouvelle collaboration entre Jason Blum et le réalisateur Jeff Wadlow, également producteur exécutif dans cette galère, après le succès d’Action ou vérité.
L’étrange île à fantasmes du docteur Roarke et de son serviteur nain Tatoo, se veut ici être le point de départ pour une franchise, avec la mise en place d’une possibilité de sequel sur la toute fin. On imagine que d’autres visiteurs viendront amerrir sur les côtes de cette fausse île du cauchemar (titre mensonger auquel il faudra préférer le titre original, Fantasy Island), afin de pouvoir voir leur plus grand fantasme se réaliser. Celui de Jason Blum, lui, risque par contre de rester à l’état de souhait, puisque ce budget peu élevé de 7M$ est une entreprise défaillante qui aura bien du mal à séduire les foules au-delà de son premier week-end, tant le bouche-à-oreille sera assassin.
Lost in adaptation
Production sur fond vert et décors en toc, articulée sur un script confus qui vacille sur un twist aberrant, autour d’un personnage sans grand intérêt, Nightmare Island ne dispose pas de la rigueur des productions Blumhouse qui proposent généralement des spectacles simples, bien ficelés. Wadlow, piètre réalisateur à la base (Cry Wolf avec Jon Bon Jovi, vous remettez?), n’a pas l’envergure pour dynamiser ce brouillon entre film d’aventure, survival, teen movie, torture porn (sans une once de gore), surnaturel intrinsèque à La Quatrième dimension et drame passionnel et familial.
De par son cadre insulaire et ses idées qui s’éparpillent dans des fantasmes personnels dans lesquels tous les visiteurs de l’île viennent s’embourber, le spectateur assiste aux noces malheureuses entre Lost et Inception, sans la capacité narrative d’un J.J. Abrams ou d’un Christopher Nolan, pour argumenter sur la forme comme sur le fond.
Michael Peña en docteur Roarke essaie de sauver la barque du naufrage certain, mais le casting cabotin pour les uns ou poseur pour les autres, n’assure pas l’indulgence, même si l’on est heureux de retrouver Maggie Q de la franchise Divergente, désormais aux portes de la quarantaine. Elle n’a jamais été aussi belle.
Au final, on reconnaîtra à Jason Blum la volonté de proposer un spectacle somme toute original dans le paysage cinématographique actuel, et de vouloir casser la mécanique surannée de ses propres histoires de fantômes et de démons qu’il produit en série, mais ce spectacle embryonnaire n’en demeure pas moins désolant…
Critique : Frédéric Mignard