Il n’y a plus de saints au Texas est un western spaghetti décontracté qui ne verse pas pour autant dans la vulgarité. Il s’agit d’un pur divertissement sans prétention aucune, mais très efficace.
Synopsis : Jonathan Carver, un vieux brigand qui a caché des sacs d’or dérobés est sur le point de sortir de prison. Une horde de tueurs attend sa sortie avec impatience, dont Trash Benson, un pistolero hors-pair. Benson, Carver et son compagnon de cellule Paco vont se mettre en quête du butin.
Critique : En 1972, alors que le genre est en pleine décadence, Juan Bosch réalise son sixième western, Il n’y a plus de saints au Texas. Si le film est loin d’adopter un ton sérieux, il a le bon goût de s’en tenir à une certaine réserve dans son traitement de l’humour. Ainsi, le film privilégie le cynisme des chef-d’œuvre de Leone et Corbucci aux excès vulgaires des Trinita et consorts. Même si certains passages sont discutables, le ton général se veut plutôt adéquat, et est à même de décrocher quelques sourires aux spectateurs les plus exigeants.
Il n’y a plus de saints au Texas brille donc par ses choix scénaristiques. Rien d’étonnant, puisque le talentueux Sergio Donati (Colorado, Il était une fois dans l’Ouest) a contribué au script. On navigue ainsi de péripéties en péripéties au sein d’un métrage pas ennuyeux pour un sou, qui met en scène des personnages plutôt bien écrits.
Il n’y a plus de saints au Texas repose sur un duo d’acteurs qui fonctionne bien.
A ce sympathique script s’ajoute une interprétation de qualité. Les acteurs semblent avoir pris un grand plaisir à interpréter leurs personnages, ce qui confère une ambiance très décontractée au film. De fait, le duo formé par Anthony Steffen et Daniel Martin constitue assurément un de ses atouts majeurs. Certes, il n’y a aucune originalité dans ce jeu de dupes entre un Américain taciturne et un Mexicain roublard, déjà vu dans de nombreux films du genre. Reste que la formule fait une fois de plus mouche. L’amateur du genre sera ravi de retrouver le truculent Fernando Sancho, une fois de plus impeccable dans son éternel rôle de chef des bandits mexicains. Le film compte aussi sur la présence de seconds couteaux de qualité, Luis Induni et Raf Baldassare.
Il n’y a plus de sous au Texas
Tourné entre la Catalogne et l’Aragon, le film bénéficie de décors corrects mais bien moins convaincants que s’il avait été tourné à Almeria. De façon globale, même s’il est cofinancé par la PEA, il s’agit d’un métrage au budget modeste qui n’hésite pas, à titre d’exemple, à nous faire passer des cigognes pour des vautours! La photographie et la musique, tout au plus correctes, peinent à contrebalancer ces carences.
Enfin, si la mise en scène de Bosch manque de personnalité, une certaine inventivité dans le sadisme vient pimenter le film. Ainsi, dans le monde impitoyable d’Il n’y a plus de saints au Texas, les bandits n’hésitent pas à pendre les peones aux cloches ou à torturer leurs prisonniers avec des lanières de cuir qui rétrécissent au soleil. Ils mettront notre duo de protagonistes à rude épreuve puisqu’attachés à la même corde, nos héros devront tenter d’éteindre le bâton de dynamite qu’on leur a flanqué entre les dents.
En définitive, même s’il n’est pas exempt de défauts, Il n’y a plus de saints au Texas est une vraie bouffée d’air frais au sein de la multitude de westerns comiques de son époque. Il s’agit du vrai dernier western un tant soi peu sérieux dans lequel a joué Anthony Steffen. Ce dernier se fourvoiera avec les mêmes Bosch et Sancho dans un dernier western Trinitesque deux ans plus tard. A ce titre, Il n’y a plus de saints au Texas mérite le détour pour les fans de l’acteur et autres nostalgiques de l’âge d’or du western spaghetti.
Critique : Kevin Martinez