Godzilla vs Kong tutoie le seuil du vide artistique avec son script incohérent et absurde et ses personnages sacrifiés sur l’autel du gigantisme. L’ennui arrive très vite.
Synopsis : À une époque où les monstres parcourent la Terre, et alors que l’humanité lutte pour son avenir, Godzilla et King Kong, les deux forces les plus puissantes de la nature, entrent en collision dans une bataille spectaculaire inédite. Alors que Monarch se lance dans une mission périlleuse en terrain inconnu, et qu’il découvre des indices sur les origines des Titans, un complot humain menace d’éradiquer ces créatures – qu’elles soient bonnes ou mauvaises – de la surface de la planète.
Le MonsterVerse de Warner touche le fond
Critique : Appâté par les gains faramineux engrangés par Marvel grâce à son univers partagé qui fidélise les spectateurs de film en film, Warner Bros. et Legendary Pictures ont misé sur un MonsterVerse qui comprendrait non seulement King Kong, mais également le monstre nippon Godzilla grâce à un accord avec la firme Tōhō. Ils ont ainsi dégoupillé plusieurs longs-métrages à partir du Godzilla de Gareth Edwards en 2014, dont Kong : Skull Island (Vogt-Roberts, 2017) et Godzilla 2 : roi des monstres (Dougherty, 2019). A part le long-métrage très bis consacré à King Kong, l’ensemble pâtit d’une qualité globalement médiocre, malgré des moyens gigantesques alloués à cette série finalement très décevante.
Copyright 2021 LEGENDARY AND WARNER BROS. ENTERTAINMENT INC. ALL RIGHTS RESERVED. GODZILLA TM & © TOHO CO., LTD.
Ce n’est malheureusement pas Godzilla vs Kong (2021) qui va relever le niveau puisque le métrage qui devait finir cet arc narratif en beauté est une déception de taille. Malgré la présence derrière la caméra du cinéaste malin Adam Wingard (on se souvient de son très bon slasher You’re Next en 2011), Godzilla vs Kong n’est rien de plus qu’un énième film de studio sans âme. Il faut dire que l’idée de mêler dans le même film deux figures de légende a rarement donné des œuvres d’exception. Qu’on se souvienne des combinaisons absurdes des monstres Universal dans les années 40 ou encore des plus récentes tentatives comme Freddy vs Jason (Yu, 2003) ou encore les deux segments d’Alien vs Predator en 2004 et 2007 et le navet n’est jamais très loin.
Et l’Oscar du pire scénario est décerné à…
Effectivement, la rencontre entre deux géants appréciés du public a tendance à paralyser les scénaristes qui cherchent par tous les moyens à justifier la confrontation, sans jamais vraiment y parvenir. Avec Godzilla vs Kong, l’impasse est évidente dès les premières minutes puisque le script totalement absurde et incohérent multiplie les invraisemblances comme s’il avait été rédigé par un gamin de six ans. C’est bien simple, on ne croit jamais à cette histoire de complot d’une grande entreprise pour créer son propre titan (ce qui permet de mettre en avant un Mechagodzilla pas franchement charismatique) et qui, pour cela, pousse les deux monstres Godzilla et King Kong à s’affronter.
Dans cet océan de facilités d’écriture, les personnages humains sont réduits à leur plus simple expression, à savoir des caricatures et autres clichés. On a ainsi le droit à la scientifique au grand cœur, à la petite fille sourde qui communique avec Kong en langue des signes (oui, oui, vous avez bien lu !), au geek afro-américain adepte des théories complotistes – mais qui a finalement raison, aïe – et ainsi de suite. Joués par des acteurs en recherche désespérée de charisme, ces protagonistes en mousse servent une intrigue complètement accessoire qui n’a d’autre but que de mettre en valeur les monstres.
Un film numérique où les personnages sont noyés sous les effets spéciaux
On se demande finalement ce qui relève véritablement du travail d’Adam Wingard tant le long-métrage se résume à des séquences entières tournées en imagerie numérique. D’ailleurs, le réalisateur a beau insister sur le gigantisme de ses créatures et des environnements, rien ne nous impressionne vraiment puisque l’intégralité des effets appartient au domaine de l’infographie. Ce sont eux les véritables artistes d’une œuvre où les effets spéciaux sont valeureux. Mais comme tout est désormais possible dans ce domaine, le spectateur reste désespérément froid devant cette débauche d’effets qui ne sont pas soutenus par un enjeu narratif solide. On regarde rapidement le film comme une bande de démonstration et non comme une œuvre cinématographique. Et dès lors, l’ennui s’installe malgré la profusion de séquences d’action et de destructions.
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Parfaitement vain, le spectacle s’avère insipide, démontrant une fois de plus l’influence néfaste des décideurs financiers sur l’industrie cinématographique actuelle. Et pourtant, l’idée de voir une confrontation entre les deux géants (après celle des années 60 intitulée King Kong contre Godzilla par Ishirô Honda) nous faisait vraiment envie. Force est d’admettre que l’ensemble est d’une telle médiocrité que l’on préfère déjà l’oublier.
Sortie française repoussée, puis tout bonnement annulée
Tourné entre les mois de novembre 2018 et février 2019, Godzilla vs Kong a vu sa sortie maintes fois repoussée à cause de la pandémie de la Covid 19. Annoncé initialement pour l’année 2020, le long-métrage a finalement débarqué dans les salles américaines en mars 2021. Toutefois, le film a souffert de la politique menée par Warner qui a décidé de le sortir conjointement dans les salles et sur sa plateforme HBO Max. Du coup, le blockbuster n’a généré que 100,5 M$ sur le territoire nord-américain pour un budget énorme de plus de 200 millions de billets verts.
En France, la décision a même été prise d’annuler sa sortie cinéma et de proposer le film en VOD dès le 21 avril 2021, puis à la vente en DVD, blu-ray et UHD 4K vers le 17 juin de la même année. Une sacrée déconvenue pour les fans de la franchise. Effectivement, même si le résultat n’est guère convaincant, Godzilla vs Kong était clairement taillé pour le grand écran.
Critique de Virgile Dumez
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