Authentique blockbuster destiné au public japonais et aux amateurs de combats de monstres, Kong: Skull Island est un remake lointain, superbement réalisé, qui corrige la bévue de Godzilla, sans pour autant s’armer de réelles figures humaines. Pour un hommage au film de guerre psychologique Apocalypse Now, c’est le vrai point faible.
Synopsis : Un groupe d’explorateurs plus différents les uns que les autres s’aventurent au cœur d’une île inconnue du Pacifique, aussi belle que dangereuse. Ils ne savent pas encore qu’ils viennent de pénétrer sur le territoire de Kong…
Critique : Après l’infamant Godzilla et son scénario piteux, Warner et Legendary Pictures font amende honorable en parant leur dernière superproduction (185M$ tout de même), de qualités artistiques et d’enjeux émotionnels qui manquaient au remake du film japonais. Kong: Skull Island, énième version d’une histoire rabâchée (la dernière version, celle de Peter Jackson, remontait à peine à 2005), s’éloigne de ses origines d’une Amérique mythique en construction, comme Jackson avait aimé la dépeindre, pour montrer le versant seventies d’une nation en crise, avec des mouvements de protestation devant la Maison-Blanche, en guise de clin d’œil à l’actuel chef de l’exécutif (Nixon/Trump, même combat ?) et une guerre perdue au Vietnam qui sonne le point de départ habile à cette relecture d’Apocalypse Now. Le film de Coppola, avec ce petit quelque chose du roman dément de Conrad (l’un des personnages de Kong: Skull Island n’est-il pas nommé Marlow ?) hante curieusement la réalisation, l’esthétique et l’empreinte musicale pour le moins ingénieuse de ce blockbuster qui ne manque pas de bravoure.
Affiche Imax 3D – Design by Little Giant Studios – © 2017 Warner Bros Ent. Tous droits réservés.
Sur la route du home sweet home, les GI sont appelés à une ultime mission sur une île inconnue, découverte fraîchement par les nouvelles technologies satellites de l’époque, pour venir servir leur patrie. Celle-ci est dans la course hégémonique perpétuelle avec la Russie, et les scientifiques sont en quête de secrets géologiques pour le moins monstrueux. On arrête là le récit.
Finalement secondaire. King Kong 2017 est donc un film d’action belliqueux, qui jette des bombes sur un éden nouvellement découvert, pour se parer d’une parabole écologique sur les espèces en voie d’extinction, qui donne du cachet à l’intrigue simpliste. Au moins brûle-t-elle des flammes antimilitaristes qu’on a envie de projeter au derrière de son badass de vilain, joué par Samuel L. Jackson. Ce dernier, en homme de guerre détestable jusqu’au bout, prend pour cible le grand singe, forcément pas si méchant que cela, dans une parabole où l’homme est un monstre incontrôlable pour la nature.
L’action de Kong: Skull Island balance des armes de destruction lourdes ; la guerre déploie des combats de titans inattendus. Les échanges musclés entre humains miniatures et créatures démesurées épatent dans leur mise en scène ; les bestioles gargantuesques se battent aussi entre elles, de façon très contemporaine, peut-être à la sauce d’un Marvel. Elles sont magnifiquement conçues et animées : on les croirait échappées d’un bestiaire nippon, avec la maestria visuelle de l’armada hollywoodienne, qui sauve vraiment l’épopée en terre inconnue.
© 2017 Warner Bros Ent. Tous droits réservés.
C’est beau, fort, iconique. Chaque plan avec le géant singe est soigneusement bâti pour faire de la montagne vivante l’égérie d’un public nouveau en soif de plans vertigineux qui marquent l’esprit.
Visuellement probante, cette aventure exotique détonne, mais in fine n’épate pas. La faute à des humains peu héroïques, en particulier Tom Hiddlestone, aventurier perdu dans une production où il pose beaucoup pour convaincre de sa prestance, mais qui, jamais, n’apporte la moindre pierre à l’édifice du roi Kong, celui-ci n’ayant guère besoin de la race humaine pour exister. Le héros, une fois de plus, c’est bien lui, et comme toujours il est sublime.
On retrouvera évidemment King Kong contre Godzilla en 2021, pour la France directement en VOD, puisque Warner Bros n’a pas daigné sortir son mastodonte dans les salles hexagonales qui rouvraient à peine de leur deuxième confinement sous Covid-19. De ce fait, l’expérience visuelle ressortira peu de cette expérience bridée.
Sorties de la semaine du 8 mars 2017
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Jordan Vogt-Roberts, Brie Larson, Tom Hiddleston, Samuel L. Jackson, John C. Reilly, Jason Mitchell, John Goodman, Toby Kebbell, Tian Jing, John Ortiz, Corey Hawkins
