Diablement efficace, Farang propose plusieurs scènes d’action mémorables et révèle le charisme physique de Nassim Lyes, au corps sculpté pour la castagne. A découvrir.

Synopsis : Sam est un détenu exemplaire. A quelques mois de sa sortie de prison, il prépare assidument sa réinsertion. Lors d’une permission, son passé le rattrape et un accident ne lui laisse qu’un seul choix : la fuite. Cinq ans plus tard, il a refait sa vie en Thaïlande, où il a fondé la famille dont il a toujours rêvé. Mais Narong, le parrain local, l’oblige à plonger à nouveau dans la délinquance. Quand Sam veut tout arrêter, Narong s’attaque à sa famille… Sam va traverser la Thaïlande pour se venger de son bourreau.

Farang fait de Nassim Lyes une nouvelle vedette crédible du film d’action

Critique : Alors qu’il évolue depuis plusieurs années dans le giron des séries télévisées européennes, dont Gangs of London et Lupin, le cinéaste français Xavier Gens rêvait d’un retour au grand écran avec un film d’action à la fois efficace, populaire et capable de rivaliser avec les œuvres venues de l’étranger. Il a donc coécrit avec plusieurs collaborateurs le scénario de Farang, financé assez rapidement grâce à l’implication totale de la firme Canal + qui y a cru dès le départ. Le budget de 4,9 millions d’euros est plutôt raisonnable, sachant que la majorité du tournage est situé en Thaïlande.

Afin d’incarner le héros de cette classique histoire de vengeance, Xavier Gens a fait confiance à Nassim Lyes qui fut champion junior de kickboxing au début de la décennie 2010 avant de devenir acteur. Ce dernier a donc effectué un entrainement drastique afin de se remettre totalement en forme pour affronter des adversaires asiatiques qui sont tous des cadors dans leurs disciplines respectives. Et de fait, le comédien se révèle physiquement impressionnant dans l’ensemble de ses scènes de combat. Sorte de croisement entre Jean-Claude Van Damme (pour le physique) et Jason Statham (pour la qualité de jeu), Nassim Lyes pourrait bien être une nouvelle star du film d’action s’il fait les bons choix dans les années à venir. En tout cas, on le lui souhaite.

Des combats violents proches de ceux de la saga The Raid

Face à lui, Olivier Gourmet ajoute un méchant de plus à une liste déjà passablement longue. Plus habitué aux films d’auteur, le comédien incarne avec gourmandise un parrain local particulièrement implacable et monstrueux, à la tête de maisons de prostitution où l’on n’hésite pas à proposer des mineures aux clients (aucun doute, la localisation de l’action en Thaïlande n’est pas un hasard). Le Belge fait donc un antagoniste valable et que l’on aime détester, d’autant que les protagonistes principaux sont plutôt attachants.

© 2023 StudioCanal / Photographie : Thanaporn Arkamanon. Tous droits réservés.

Mais le spectateur de ce type de séries B n’est pas là pour juger la finesse d’écriture du long-métrage, mais pour en prendre plein la figure avec des scènes de castagne impressionnantes et violentes. Et Farang est assurément une bonne pioche dans ce domaine, à tel point qu’on se demande encore comment le film a pu échapper à une interdiction aux moins de 16 ans. Durant la projection, les fans du genre retrouveront ici le punch et la violence des œuvres de Gareth Evans comme The Raid (2011) et son ahurissante suite The Raid 2 (2014). Rien d’étonnant lorsque l’on sait que les deux hommes ont collaboré sur la série Gangs of London et surtout que le chorégraphe des combats Jude Poyer est le même que dans la série précitée et dans Kingsman : Services secrets (Matthew Vaughn, 2015).

Un efficace film de castagne made in France

Outre plusieurs scènes de combat efficaces, Farang propose surtout une séquence hallucinante dans un ascenseur où la caméra accompagne chaque geste des athlètes dans un déferlement de violence électrisant. C’est à la fois tendu, hystérique, rageur et donc profondément galvanisant. On notera d’ailleurs une tendance à insister sur l’aspect gore des combats, avec des têtes explosées, des membres malmenés ou sectionnés.

Certes, le long-métrage n’apporte strictement rien de neuf au genre du film de vengeance à cause de son script prémâché déjà vu mille fois auparavant, mais Xavier Gens s’acquitte très sérieusement de sa fonction et affiche de belles ambitions dans sa réalisation, faisant de Farang le meilleur film d’action français depuis fort longtemps.

Une déception au box-office français

Malgré ses qualités réelles, le long-métrage a eu du mal à s’imposer en salles, sans doute faute d’un nom vraiment connu en tête d’affiche. A Paris, le métrage ne disposait que de huit salles intra-muros et n’a attiré que 238 spectateurs sur la séance de 14h du mercredi 28 juin 2023. Dans la France entière, Farang était proposé sur 197 écrans et devait affronter le retour sur les écrans d’Indiana Jones et le cadran de la destinée pour son dernier opus avec Harrison Ford. Toutefois, le distributeur Studiocanal comptait sur la Fête du cinéma pour attirer le jeune public en salles.

Sa première semaine s’est soldée par un résultat assez décevant de 79 426 mâles en manque de sensations fortes. En deuxième semaine, le métrage trouve encore 54 052 retardataires, mais sa chute est trop rapide par la suite. Ainsi, en troisième septaine, Farang creuse sa fosse avec une chute de plus de 50 % de ses entrées et 22 996 clients. En fait, Farang, qui aurait aimé être un sleeper de l’été 2023 ne passe que très difficilement la barre du mois d’août et arrête les frais avec 170 479 entrées à son compteur. C’est malheureusement trop peu, et ceci malgré un budget moyen.

Farang se nomme Mayhem! aux States

Sorti en janvier 2024 aux Etats-Unis dans une combinaison limitée à 24 écrans sous le titre Mayhem !, Farang a engrangé la somme de 8 510 $. Il lui manquait sans aucun doute la force de frappe d’un Luc Besson pour s’imposer vraiment aux States où sa distribution a été assurée par IFC Films, spécialisé dans l’importation de films européens chocs ou de films d’horreur étranges comme l’Argentin When Evil Lurks (Demián Rugna, 2023).

Désormais disponible en France en DVD et blu-ray, Farang ne doit aucunement être boudé par les amateurs de castagne qui y trouveront assurément leur dose d’adrénaline.

Critique de Virgile Dumez

Les sorties de la semaine du 28 juin 2023

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© 2023 StudioCanal / Affiche : Laurent Pons pour Troïka. Photographies : Thanaporn Arkamanon. Tous droits réservés.

Biographies +

Xavier Gens, Olivier Gourmet, Nassim Lyes (Nassim Si Ahmed), Loryn Nounay

Mots clés

Cinéma d’action, Thrillers français, La prostitution au cinéma, La drogue au cinéma