Premier obus d’une série de quatre grosses séries B, Expendables, unité spéciale est qualitativement une déception à la hauteur de son prestigieux casting ! Le public, lui, en a redemandé de bonheur.
Synopsis : Ils n’ont jamais connu d’autre mode de vie que la guerre. Ils n’ont de loyauté qu’envers les membres de leur propre équipe. Ce sont les Expendables : Barney Ross (Sylvester Stallone), le chef et cerveau de l’équipe ; Lee Christmas (Jason Statham), un ancien SAS expert en armes blanches ; Yin Yang (Jet Li), expert en corps à corps ; Hale Caesar (Terry Crews), spécialiste en armes lourdes ; Toll Road (Randy Couture), expert en destruction, et Gunnar Jensen (Dolph Lundgren), tireur d’élite.
Vivant en marge de la loi, ces mercenaires aguerris acceptent ce qui semble être une mission de routine : une opération secrète financée par la CIA pour infiltrer un pays sud-américain, le Vilena, et renverser son impitoyable dictateur, le général Garza (David Zayas). Mais ils vont vite découvrir qu’il s’agit d’une mission suicide …
Expendables, Unité spéciale, l’un des projets les plus excitants du début de la décennie 2010
Critique : Depuis l’annonce du projet Expendables, unité spéciale durant l’été 2009, et de la composition historique de son casting, concentrant une palette inestimable des plus grandes stars des action movies de ces trois dernières décennies, l’amateur de séries B, nourri à la VHS Delta Vidéo, ne pouvait que fantasmer sur le nouveau film de Sylvester Stallone, le pépé de plus de 60 ans qui se relevait pour la troisième fois de sa carrière.
L’acteur, ici initiateur du projet, connaît par cœur le genre pour lui avoir donné ses lettres de noblesse avec Rambo 2 ou Rocky 3 , prototypes de blockbusters des années 80, surprotéinés, qui comptent parmi les plus gros succès de la décennie. Des phénomènes de société qu’on a du mal à imaginer à notre époque.
Sly n’a jamais cessé d’enrichir sa filmographie de séries A (ou B) plus ou moins bien troussées, malgré une cascades de flops à la fin des années 80 (Cliffhanger et Demolition Man lui permettront de redémarrer sa carrière dans les années 90), jusqu’aux sursauts rédempteurs de ses deux dernières réalisations, Rocky Balboa et John Rambo où l’auteur bourrin rendait un hommage gagnant a ses deux plus grandes créations mais aussi à sa carrière de méga star sur le déclin depuis près de 15 années. Après l’opprobre et l’humiliation, voire l’ostracisation hollywoodienne, son retour à la lumière émouvait tout ceux qui avaient grandi à la force de ses exploits. La jubilation ressentie durant son Rambo 4 viscéral et intrinsèquement bis, et donc toujours hilarant, démontrait l’incroyable recul de la star bodybuildée à l’égard des travers de son cinéma et de son image aussi attachante que par moment ridicule. Aussi, est-ce que ces deux belles leçons de cinéma portaient en elles la promesse d’un grand film pour Expendables : unité spéciale ?
© 2010 Alta Vista Productions, Inc. Tous droits réservés / All rights reserved
L’incroyable pléiade de vedettes musclées au générique n’est pourtant pas toujours synonyme de bons films. Pour la plupart, les potes conviés sont des baroudeurs de la série B à gros bras, pour beaucoup des abonnés aux directs-to-vidéo assez lourdingues dont les œuvres de gloire parlent prioritairement à un grand public très orienté années 80. A cette époque épique, ce type de productions offrait un affrontement au box-office entre Stallone et Schwarzenegger (ce dernier ne prit vraiment le dessus que dans les années 90) ; ce cinéma sortait dans les salles par dizaines, notamment grâce à l’énergie de la Cannon Inc, firme israélo-américaine dirigée par Mehalem Golan et Yoram Globus, qui produisait du produit factice à la chaîne (Cobra et Over the top avec Stallone appartiennent à leur catalogue).
Aux côtés des gloires des années 80, Dolph Lundgren vu dans Rocky 4 et le Scorpion Rouge, Mickey Rourke dans 9 semaines et demie et Rusty James, mais aussi des caméos inespérés de Bruce Willis et du gouverneur de Californie, Schwarzy en personne, on retrouve des gringos des années 90 ou 2000 dont Jason Statham, alors en 2010, héritier classe (car Britannique) de l’action flick mondial, avec ses succès du Transporteur 1,2 & 3 et Hyper tension 1 & 2. De plus, Stallone ouvre le casting au cinéma asiatique en la personne de Jet Li (The One, En sursis, Le baiser mortel du dragon, Rogue l’ultime affrontement). Là où on aurait pu attendre Jean-Claude Van-Damme, Stallone a troqué la Belgique pour la Chine. Commercialement, en 2010, cela avait du sens. Jet Li sortait de La Momie la tombe de l’empereur et désormais le grand public l’identifiait bien mieux qu’un JCVD meurtri par son absence au casting (qu’on se rassure, il sera de l’épisode 2, comme Chuck Norris).
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Avec les moyens contemporains, un casting en or comme celui-ci ne pouvait qu’accoucher de l’action movie ultime, un film de baston tellement énorme, dans l’esprit parodique des années 80 mais avec une caméra contemporaine qui déménage, que Stallone aurait pu définitivement arrêter sa carrière avec satisfaction. Un bouquet final explosif en quelque sorte, comme Marvel l’intégrera au cinéma avec ses partouzes super-héroïques, Avengers.
Toute la médiocrité du cinéma Nu Image et Millenium réunit dans un casting géant
Malheureusement, depuis le début de ce papier, il est beaucoup question de fantasme, de nostalgie pour le genre, mais Expendables est aux antipodes du résultat escompté. Car s’il y a bien une chose que l’on n’apprécie pas dans le cinéma d’action des années 2000, c’est bien le produit vidéo mis en boîte par les inénarrables firmes Nu Image et Millenium Films. Reine des purges mal troussées avec des décors de faignasses en carton pâte, et des monstres numériques même pas rigolos (les Shark Attack et autre Giant octopuss), les vilaines sociétés jumelles sont également aux commandes d’Expendables, unité spéciale (elles avaient également produit John Rambo, il est vrai).
Aussi, tout ici confine à la médiocrité maison. Le scénario (sorte d’hommage fumeux aux films de mercenaires et de salopards) tient sur un bout de papier et ne colle vraiment pas aux exigences du blockbuster hypé mis en place. Le dopé Hyper tension concentre plus d’idées en 5mn qu’ Expendables, unité spéciale sur sa durée canonique d’1h40 !
La réalisation inepte de Stallone s’adapte au format carré des nanars des Nu Image et l’on cadre principalement en plan rapproché pour dissimuler le manque de moyens et masquer la laideur inégalée des décors. Ces derniers détiennent la palme de l’arnaque, marquant une régression sans précédent dans l’offre de l’action movie. Dans le genre, on préfère revoir les vrais navets italiens qui bravaient les interdits du plagiat (Strike Commando de Bruno Mattei & cie) ou les productions philippines naviguant dans les eaux du nawak foudroyant. Au moins, l’arnaque y était érigée au rang d’objet d’art absurde et la jubilation y était constante, y compris lors des moments d’ennui abyssaux.
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Alors qu’au début des années 2010, les blockbusters à la Agence tous risques ou même les productions Bruckheimer, sans oublier les pétards à 150M$ de Michael Bay nous avaient habitués à des exploits démesurés dans des décors explosés, ici l’on nous jette en pâture des sets recyclés des produits maison de Millenium, et même quand, dans un final hallucinant de violence -le film est interdit aux moins de 12 ans, et fier de l’être-, et pour le coup authentiquement drôle, Stallone envoie tout voler dans une orgie de flammes et d’explosions, la grande fauche sonne encore. Bref, un nanar de la fin des années 90 avec Casper Van Dien nous procure le même sentiment de gêne et d’embarras. Désolé, en 2010, personne n’utilisait le terme de “génance”, c’est au moins cela à mettre au crédit d’ Expendables, unité spéciale.
Quid de la testostérone dans cette avalanche de rencontres improbables? Effectivement, que dire de ces confrontations de virilités aux visages ravagés? Rarement impliqués, parfois risibles, démontrant de vraies difficultés de jeu (Jet Li signe là l’une de ses pires prestations), ils cachetonnent tous, avec la sincérité d’un bon moment de tournage à passer entre potos, sans trop se soucier de qui tirera la couverture à lui. Avec l’âge, ils n’en sont plus là. Mais y croient-ils vraiment?
Indigne d’une production EuropaCorp
Expendables, unité spéciale dans ses formes navrantes n’est décidément pas un ersatz de film de major ; ce premier épisode se situe même à des années lumière des acrobaties pyrotechniques des productions EuropaCorp européennes, pourtant davantage orientées adolescents. On pense à la classe du Transporteur 2, par exemple qui en avait sous son costume de chauffeur. Si Expendables : unité spéciale se consomme comme un mets ingrat de vidéo-club, malheureusement, il n’en a pas l’odeur musquée des indépendants des années 80, dont on aimait la formidable fauche, mais il renâcle le télévisuel laid des Direct-to-DVD pitoyables d’opportunisme de la fin des années 90.
Dans ce spectacle de lose intégrale, on peut éventuellement trouver trois maigres consolations : la connerie bovine du personnage de Dolph Lundgren (mais doit-on vraiment en rire ?), des scènes de massacres armés tardives mais jubilatoires et surtout l’idée que Julia Roberts puisse un jour jeter un coup d’œil à cette grande débandade pour y découvrir les exploits pathétiques de son frérot, Eric Roberts que l’on préférait, lui aussi, dans les années 80 et notamment chez Konchalovksi et son Runaway Train ! Une autre époque on vous dit !
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Box-office d’Expendables – Unité spéciale
On peut ne pas apprécier un film et reconnaître pourtant que celui-ci a plu au public. Ce fut le cas pour Expendables – Unité spéciale qui a été un joli succès mondial, à contre-courant de ce dont se repaissait la jeunesse en 2010 (Harry Potter, Shrek, Inception, Camping, Twilight, Shutter Island, Narnia, Moi Moche et Méchant, Iron Man 2, Dragons, Sherlock Holmes…).
Aux USA, le film budgété à 82M$ dépasse les 100M$. Cela sera le seul des quatre longs de la saga qui parviendra à franchir ce socle, puisque le second glissera à 85M$, le troisième à 39M$, et le 4e à… 16M$ pour un budget de 100M$, faisant office d’accident industriel.
Dans le monde, les recettes d’Expendables – Unité spéciale sont harmonieuses, avec 268M$, en incluant les chiffres nord-américains.
Les plus gros marchés d‘Expendables Unité spéciale ont été:
- La Chine (31.7M$)
- Le Royaume-Uni (16M$)
- La France (13.5M$)
- Le Japon (10.8M$)
- L’Australie (8.3M$)
- L’Allemagne (8.2M$)
- L’Espagne (6M$)
Les chiffres italiens ont été décevants (4M$) , il en est de même au Mexique avec seulement 5.3M$ dans le tiroir-caisse. La Corée du Sud fera l’impasse, avec seulement 2.5M$.
Sur le territoire français, le spectacle de vétérans s’affirme en 29e place annuelle. Son premier jour estival à 168 327 entrées engendre des espoirs et sa première semaine à 773 121 sera à la hauteur des attentes de Metropolitan FilmExport. Avec 1 651 000 entrées au total, la franchise est lancée pour un 2e épisode en août 2012, qui frôlera les 2 millions d’entrées (1 963 000). Le troisième épisode se contentera du million en août 2014.
Pour Stallone, alors âgé de 64 ans à la sortie d’Expendables – Unité spéciale, le résultat au box-office français ne relève pas de l’exploit des films à 3, 4 ou 5 millions d’entrées qu’il sortait à la chaîne, entre 1983 et 1986. Mais ce premier épisode réalise tout simplement ses meilleureschiffres en 16 ans, puisque Demolition Man avait séduit 1 729 000 spectateurs en 1994. Pour l’acteur de Mafia Love (5 624 entrées en 2004), Les maîtres du jeu (55 190 entrées en 2004), Compte à rebours mortel (54 675), et Get Carter (57 197 entrées en 2001), ce score relevait du miracle.
Biographies+
Sylvester Stallone, Dolph Lundgren, Jason Statham, Jet Li, Mickey Rourke, Bruce Willis, Eric Roberts, Randy Couture, Terry Crews, Steve Austin
Les sorties de la semaine du 18 août 2010
Expendables, unité spéciale / Affiche française adaptée par Troïka / © 2010 Alta Vista Productions, Inc. Tous droits réservés / All rights reserved